|
ANATHÈME AMÉRICAIN SUR LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE |
||
Les
incartades américaines ne se comptent plus à tous les niveaux
et dans presque tous les domaines. En voilà une et non des moins
révoltantes. Il s’agit, cette fois, de l’anathème voué
à l’instauration d’une Cour pénale internationale approuvée
à Rome le 18 du mois en cours par 160 pays. Seule l’Amérique
et six autres de ses satellites se sont abstenus. Mais qu’à cela
ne tienne. La Justice a eu gain de cause et c’est elle en fin de compte,
qui a prévalu contre les Etats et les forces opposés à
l’instauration d’une Cour pénale permanente pour juger les crimes
contre l’humanité. La Cour criminelle internationale est désormais
une réalité. Il était grand temps.
Les Etats-Unis et comme toujours, partent en guerre contre la création de cette nouvelle juridiction, longtemps attendue. Plusieurs sénateurs américains et non des moins influents, dont le président de la Commission des Affaires étrangères, Jess Helms, ont crié haro sur l’instauration d’une justice pénale permanente, brandissant le retrait des forces américaines stationnées à l’étranger. “Le rejet de ce traité s’avère insuffisant, nous devons le combattre”, aurait affirmé le sénateur Helms, rappelant que ce tribunal serait appelé à juger même les citoyens des pays non signataires. Et d’ajouter: “Le cas échéant, le gouvernement américain doit renégocier les accords sur le statut de nos forces stationnées en Allemagne et dans d’autres pays. Ceux qui refusent, nous les forcerons à reconsidérer le maintien de nos troupes sur leur territoire et leur participation au maintien de la paix, ainsi que nos engagements vis-à-vis de l’OTAN”. Sommation qui ne prête à aucune équivoque. Mais il y a plus répugnant: le porte-parole du département d’Etat, James Rubin, dans un ton non moins grave, conteste ledit traité: “Les Etats-Unis, dit-il, se réservent le droit de s’opposer à la nouvelle Cour de Justice, au cas où ses promoteurs ne procèdent pas aux corrections nécessaires, afin que les Etats-Unis puissent avaler ce traité, arguant, que Washington en conteste plusieurs aspects. Ce traité entrera en vigueur 60 jours après que le 160ème Etat aura déposé sa ratification auprès du Secrétaire général des Nations-Unies. Parmi ceux-ci, l’universalité de la juridiction du nouveau tribunal et son indépendance vis-à-vis du Conseil de sécurité de l’ONU où les Etats-Unis disposent d’un droit de veto. “La ratification de ce traité par quelque pays que ce soit, aura de graves répercussions sur nos relations bilatérales”, aurait averti le sénateur Helms”. Et de rechigner: “Quelle aurait été l’attitude d’un tel tribunal face aux interventions américaines au Panama, à la Grenade, à Tripoli ou à Bagdad? Aurait-il mis en cause les forces américaines?” Et de rappeler que la Cour internationale de La Haye avait ordonné aux Etats-Unis, en 1984, de cesser son minage des ports du Nicaragua et en 1986 pour violation du droit international, Washington avait ignoré la décision de cette Cour. Le siècle qui s’achève aurait été celui
de tous les provocations, les injustices et les abus. L’impunité
des crimes contre l’humanité en est la preuve évidente, érigée
en règle commune, défiant la justice, outrageant, impunément,
les victimes, à l’échelle planétaire, que ce soit
en Afrique, en Asie, en Europe centrale, en Russie, au Moyen-Orient ou
ailleurs.
|
![]() “La nouvelle donne planétaire pose la question de son assise, de son aptitude à trouver un nouveau mode de régulation voué inéluctablement à un ordre parfait, fondé sur la justice et le triomphe des Droits de l’homme”. Charles Malek
|