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![]() Ainsi qu’on le lira ailleurs, M. Mohsen Dalloul, ministre de la Défense a déclaré: “Le président Hariri n’est plus en mesure de supporter la situation; aussi, désire-t-il qu’un autre que lui forme le futur Cabinet.” Il a assuré que le Premier ministre n’acceptera pas de rester une minute de plus après le 24 novembre prochain - date de l’élection présidentielle - au palais du gouvernement. M. Dalloul a dit encore que M. Hariri aurait dû résigner ses charges officielles, dès le moment où la Chambre des députés a refusé de lui accorder les pleins pouvoirs. “Pour ne l’avoir pas fait, soutient-il, il a échoué dans l’exécution du plan de reconstruction du centre-ville”. De plus, il a fait état du “désé-quilibre” ayant marqué les rela-tions entre les pouvoirs exécutif et législatif et mis en garde contre une “révolution sociale”, en raison de la négligence, par les Pouvoirs publics, des revendications de la classe laborieuse. Ce contre quoi nous avons prévenu les gouvernants, en les engageant “à freiner les mouvements revendicatifs pour prévenir un automne brûlant”. Cela dit, doit-on prendre au sérieux l’affirmation de M. Dalloul? Normalement, on aurait dû attacher du crédit à ses paroles, étant donné les liens de parenté qui le rapprochent du président du Conseil. Cependant, on reste sceptique quant à la possibilité pour un homme qui use de tous les moyens pour s’accrocher au poste de Premier ministre, d’y renoncer aussi facilement! S’il rendait le tablier, qui se chargerait de tant de dossiers chauds, requérant des solutions urgentes, notamment ceux rela-tifs à la réforme administrative, à la nouvelle loi électorale, à l’échelle des salaires dans le secteur public et, surtout, à l’énorme dette publique, qui ne cesse de prendre une proportion peu rassurante! Et son conseiller inamovible, le ministre d’Etat pour les affaires financières, rentrerait-il tout bonnement chez lui, sans rendre compte de sa gestion que son maître (d’université), le président Salim Hoss, qualifie de défectueuse? Non, on ne peut imaginer l’éclipse subite de deux hommes ayant occupé le devant de la scène pendant six années pleines, sans jamais prêter l’oreille aux conseils, encore moins aux critiques, du moins ceux émanant de spécialistes aussi bien versés qu’eux, sinon davantage, dans les questions économico-financières. Nous n’avons aucune raison de décrier M. Hariri ou son action publique, hormis sa manie de s’entourer d’un brain-trust entièrement acquis à sa personne et mobilisé pour défendre ses idées et sa politique. Et, surtout, de s’être montré aussi réfractaire à l’entente nationale, preuve en est qu’il a marginalisé des éléments parmi les plus compétents et représentatifs de la classe politique... Tout laisse penser que son “désir de s’éloigner du Sérail” est une manœuvre cousue de fils blancs et s’il venait à reculer, ce serait pour mieux sauter! |