CONTRE-OFFENSIVE SERBE ET RECONQUETE DU KOSOVO

La contre-offensive serbe a-t-elle reçu l’aval implicite de l’Occident pour ramener à la raison les indépendantistes albanais? Et de ce fait, serait-elle le prélude d’une solution politique préconisée par l’ensemble de la communauté internationale?
Javier Solana, secrétaire général de l’Otan, rencontre à Ohrid,
le président macédonien Kiro Gligorov (à gauche).
Avec leurs délégations, ils ont évoqué la crise au Kosovo.
Depuis fin février, date du début de la crise, le mouvement indépendantiste au Kosovo, province-sud de la RFY peuplée à 80% d’Albanais et 20% de Serbes (1,8 million d’habitants) s’est progressivement radicalisé, neutralisant quasiment le leader-écrivain Ibrahim Rugova, interlocuteur privilégié des Occidentaux, qui prône une solution politique du conflit et légitimant l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Celle-ci s’est emparée des 40% de la province, annonçant sa prochaine conquête de son chef-lieu Pristina.
Grisée par ses succès et ayant réussi à couper les principaux axes routiers de la province, mais sans commandement unifié, l’UCK a rejeté le projet d’autonomie soutenu par l’Occident et milité pour une totale indépendance. Elle a même été plus loin et s’est déclarée prête à “réunifier tous les territoires albanais du Kosovo, de Macédoine et du Monténégro”. Rêve considéré comme impossible par l’Occident qui rejette la perspective d’une réédition de la guerre bosniaque et encore plus un effondrement de l’équilibre des Balkans.

VERS UN STATUT SPÉCIAL OU “AUTONOMIE ACCRUE”
Contrairement à un cessez-le-feu immédiat auquel ont appelé le Groupe de contact et l’Union européenne, les combats se sont intensifiés. Les forces serbes ont mené une très large contre-offensive, infligeant à l’UCK des revers successifs. La reconquête serbe s’est traduite par le contrôle d’une mine stratégique au nord de Pristina; ensuite, par la reprise de la ville d’Orahovac ayant entraîné le déplacement de dizaines de milliers de Kosovars et, tout récemment, celle du village de Lapusnik, position-clé à l’ouest de la province entre Pristina et Pec. L’enjeu des derniers combats est le contrôle de l’axe routier à l’ouest et au sud du pays.
Dans le même temps, une vive tension est perceptible aux frontières avec l’Albanie d’où affluent les indépendantistes en même temps que leurs armes. L’Albanie constitue, actuellement, une dangereuse poudrière avec “3,5 millions de tonnes de munitions, 4 millions de grenades, 1 million de mines, 2 millions de kalachnikov” (selon le président de la commission politique de l’Union de l’Europe occidentale, Jacques Baumel). Les tirs d’artillerie échangés le long de ces frontières pourraient généraliser le conflit.
Les Kosovars ayant allumé l’incendie, dénoncent la “purification ethnique” qui les frappe (déjà 460 morts et 100.000 déplacés depuis fin février) et réclament d’urgence l’intervention des forces de l’Otan. En même temps, les capitales occidentales multiplient les scénarios, les missions et concertations. Les Etats-Unis étudient une forme d’“autonomie accrue” ou “un statut spécial” à accorder au Kosovo que Belgrade considère comme “le berceau du peuple serbe” depuis 1389.
Le malentendu est total.


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