VERS UN STATUT SPÉCIAL OU “AUTONOMIE
ACCRUE”
Contrairement à un cessez-le-feu immédiat auquel ont
appelé le Groupe de contact et l’Union européenne, les combats
se sont intensifiés. Les forces serbes ont mené une très
large contre-offensive, infligeant à l’UCK des revers successifs.
La reconquête serbe s’est traduite par le contrôle d’une mine
stratégique au nord de Pristina; ensuite, par la reprise de la ville
d’Orahovac ayant entraîné le déplacement de dizaines
de milliers de Kosovars et, tout récemment, celle du village de
Lapusnik, position-clé à l’ouest de la province entre Pristina
et Pec. L’enjeu des derniers combats est le contrôle de l’axe routier
à l’ouest et au sud du pays.
Dans le même temps, une vive tension est perceptible aux frontières
avec l’Albanie d’où affluent les indépendantistes en même
temps que leurs armes. L’Albanie constitue, actuellement, une dangereuse
poudrière avec “3,5 millions de tonnes de munitions, 4 millions
de grenades, 1 million de mines, 2 millions de kalachnikov” (selon le président
de la commission politique de l’Union de l’Europe occidentale, Jacques
Baumel). Les tirs d’artillerie échangés le long de ces frontières
pourraient généraliser le conflit.
Les Kosovars ayant allumé l’incendie, dénoncent la “purification
ethnique” qui les frappe (déjà 460 morts et 100.000 déplacés
depuis fin février) et réclament d’urgence l’intervention
des forces de l’Otan. En même temps, les capitales occidentales multiplient
les scénarios, les missions et concertations. Les Etats-Unis étudient
une forme d’“autonomie accrue” ou “un statut spécial” à accorder
au Kosovo que Belgrade considère comme “le berceau du peuple serbe”
depuis 1389.
Le malentendu est total.