S'ADRESSANT A L'ARMEE A L'OCCASION DE LA FETE DU 1er AOUT
"LES EPREUVES VOUS ONT ARMES DE PRISE DE CONSCIENCE, DE FOI ET DE SAVOIR", DIT LE GENERAL EMILE LAHOUD DANS SON ORDRE DU JOUR


 Soldats,
La fête de l’armée qui coïncide le premier du mois d’août, nous n’avons jamais voulu la limiter à des festivités et des moments de joie. Au contraire, nous l’avons toujours voulue une étape d’évaluation pour lever le voile sur ce qui a été réalisé, car les occasions ne se mesurent pas au temps qui passe, mais aux réalisations accomplies.

Soldats,
Le jour où s’est déclenchée l’opération de réunification et de réédification de l’armée en 1990, après de longues années de crise, nul presque n’espérait vous voir rendre l’impossible possible et le possible réalité; une réalité sur laquelle les espoirs pouvaient être à nouveau bâtis et la confiance renouvelée, avec le retour de l’Etat qui, basculant, eut menacé la disparition de toute la patrie.

Soldats,
Au cours de cette période de réédification, le devoir vous a appelés à répondre aux exigences de la sécurité à l’intérieur et à confronter l’occupation israélienne du Sud et de la Békaa-Ouest. Vous avez répondu à l’appel du devoir. Vous avez combattu avec honneur, sacrifice et fidélité, n’épargnant aucun effort, aucune sueur ou goutte de sang pour assurer, çà et là, la sécurité du citoyen et la dignité de la patrie.

POSITION SANS AMBIGUÏTÉ
Soldats,
Au sein de tous ces remous, vous avez dernièrement fait face aux manœuvres hypocrites de l’ennemi, relatives à la résolution 425, qui visaient à entraîner à nouveau votre pays dans des gageures hors de son emplacement naturel. Votre position face à ces propositions était claire, sans ambiguïté. Vous avez dit que votre armée refuse d’être la gardienne des frontières de l’occupation et que les conditions liées au retrait sont refusées, tout comme sont refusées les garanties accordant à l’ennemi une stabilité aux dépens de la stabilité nationale. Aucune garantie ne peut être accordée que dans le cadre d’une paix globale, regroupant le Liban et la Syrie avec, pour principe prioritaire, le retrait israélien total du Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan.

Soldats,
Vos réalisations sont nombreuses à l’intérieur et au Sud du pays; cependant, il vous reste encore beaucoup à faire:
A l’intérieur, hier encore, certains qui n’ont pas tiré des leçons du passé proche, ont essayé de recourir de nouveau au langage des armes et de la violence, comme moyen de servir l’ennemi et d’affirmer leur présence aux dépens de la stabilité nationale. Vous étiez aux aguets, les empêchant de porter atteinte au consensus national qui réfute ce langage, car votre rôle est de protéger, de fortifier et d’orienter ce consensus vers les moyens démocrates légaux, qui constituent la base de la paix civile: tel était, aussi, votre rôle, en assurant un climat sécuritaire adéquat aux dernières élections municipales.

LE CHEMIN EST LONG
Soldats,
Quant à ce qui vous attend au Sud, l’ennemi s’entête jour après jour et place toute la région aux portes de l’inconnu, cet inconnu qui ne doit effrayer que ceux qui y sont compromis. Quant à vous, avec à vos côtés l’armée syrienne arabe sœur et la résistance de vos concitoyens au Sud, vous connaissez la force et la faiblesse de l’ennemi. Seule une politique de résistance et de confrontation de ses manœuvres constitue les armes les plus tenaces pour lui faire face et le forcer à réviser ses comptes, conformément à sa reconnaissance des droits inaliénables de recouvrer chaque parcelle occupée.

Soldats,
Le chemin est ardu et long, mais il n’est certainement pas plus difficile qu’il ne l’était. Les épreuves du passé, malgré leur rudesse vous ont armés de prise de conscience, de savoir et de foi. Soyez certains que ces acquis sont suffisants pour vous permettre de fortifier la sécurité nationale et de recouvrer les terres occupées, quels que soient les dangers et les obstacles qui vous guettent.

Yarzé le 1/8 /1998
GÉNÉRAL EMILE LAHOUD
Commandant en chef de l’Armée
libanaise

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