Soldats,
Le jour où s’est déclenchée l’opération
de réunification et de réédification de l’armée
en 1990, après de longues années de crise, nul presque n’espérait
vous voir rendre l’impossible possible et le possible réalité;
une réalité sur laquelle les espoirs pouvaient être
à nouveau bâtis et la confiance renouvelée, avec le
retour de l’Etat qui, basculant, eut menacé la disparition de toute
la patrie.
Soldats,
Au cours de cette période de réédification, le
devoir vous a appelés à répondre aux exigences de
la sécurité à l’intérieur et à confronter
l’occupation israélienne du Sud et de la Békaa-Ouest. Vous
avez répondu à l’appel du devoir. Vous avez combattu avec
honneur, sacrifice et fidélité, n’épargnant aucun
effort, aucune sueur ou goutte de sang pour assurer, çà et
là, la sécurité du citoyen et la dignité de
la patrie.
POSITION SANS AMBIGUÏTÉ
Soldats,
Au sein de tous ces remous, vous avez dernièrement fait face
aux manœuvres hypocrites de l’ennemi, relatives à la résolution
425, qui visaient à entraîner à nouveau votre pays
dans des gageures hors de son emplacement naturel. Votre position face
à ces propositions était claire, sans ambiguïté.
Vous avez dit que votre armée refuse d’être la gardienne des
frontières de l’occupation et que les conditions liées au
retrait sont refusées, tout comme sont refusées les garanties
accordant à l’ennemi une stabilité aux dépens de la
stabilité nationale. Aucune garantie ne peut être accordée
que dans le cadre d’une paix globale, regroupant le Liban et la Syrie avec,
pour principe prioritaire, le retrait israélien total du Sud, de
la Békaa-Ouest et du Golan.
Soldats,
Vos réalisations sont nombreuses à l’intérieur
et au Sud du pays; cependant, il vous reste encore beaucoup à faire:
A l’intérieur, hier encore, certains qui n’ont pas tiré
des leçons du passé proche, ont essayé de recourir
de nouveau au langage des armes et de la violence, comme moyen de servir
l’ennemi et d’affirmer leur présence aux dépens de la stabilité
nationale. Vous étiez aux aguets, les empêchant de porter
atteinte au consensus national qui réfute ce langage, car votre
rôle est de protéger, de fortifier et d’orienter ce consensus
vers les moyens démocrates légaux, qui constituent la base
de la paix civile: tel était, aussi, votre rôle, en assurant
un climat sécuritaire adéquat aux dernières élections
municipales.
LE CHEMIN EST LONG
Soldats,
Quant à ce qui vous attend au Sud, l’ennemi s’entête jour
après jour et place toute la région aux portes de l’inconnu,
cet inconnu qui ne doit effrayer que ceux qui y sont compromis. Quant à
vous, avec à vos côtés l’armée syrienne arabe
sœur et la résistance de vos concitoyens au Sud, vous connaissez
la force et la faiblesse de l’ennemi. Seule une politique de résistance
et de confrontation de ses manœuvres constitue les armes les plus tenaces
pour lui faire face et le forcer à réviser ses comptes, conformément
à sa reconnaissance des droits inaliénables de recouvrer
chaque parcelle occupée.
Soldats,
Le chemin est ardu et long, mais il n’est certainement pas plus difficile
qu’il ne l’était. Les épreuves du passé, malgré
leur rudesse vous ont armés de prise de conscience, de savoir et
de foi. Soyez certains que ces acquis sont suffisants pour vous permettre
de fortifier la sécurité nationale et de recouvrer les terres
occupées, quels que soient les dangers et les obstacles qui vous
guettent.