KARAM: PAS DE FINANCE SANS POLITIQUE
Prenant le premier la parole, M. Karam s’est réjoui de se trouver
en compagnie des dirigeants de l’Union des banques arabes auxquels il souhaite
la bienvenue au Liban.
“Cette occasion, dit-il, a sa profonde signification pour les Libanais
et la Presse libanaise. La présence parmi nous du comité
exécutif de l’UBA témoigne de sa disposition à soutenir
notre pays dans toutes ses démarches et les projets qu’il se propose
de réaliser.”
Puis, réaffirmant l’affection qu’il voue et l’amitié
qui le lie au président de l’UBA, M. Karam ajoute: “Il fait partie
de ces bâtisseurs agissant avec ses frères à raffermir
les fondements de l’économie arabe et à faire en sorte que
les banques arabes ne soient pas affligées du complexe d’infériorité
vis-à-vis des grandes banques internationales.
“Grâce au dynamise de son président et de ses collègues,
cette Union peut se placer sur le même pied d’égalité
que ses homologues dans le monde, à l’instar des Fédérations
des journalistes arabes, des avocats arabes et des banques mondiales. Avec
elles, s’édifie la pyramide de la souveraineté, de la puissance
et de la solvabilité tant morale que matérielle.
“L’UBA sait parfaitement qu’il n’y a pas de finance sans politique.
Le lien rattachant cette union et son président à la Presse,
est un lien indissoluble que Mahmoud Abdel-Aziz a su raffermir. Nous sommes
heureux de l’avoir rencontré avec ses collègues au cours
de cette réunion fraternelle.”
MERCI AU LIBAN
M. Abdel-Aziz remercie le président de l’Ordre des journalistes
de ses sentiments à l’égard de sa personne et de l’UBA. “Ceci
n’est pas étrange de sa part. Nous sommes heureux de nous trouver
dans ce pays hospitalier, dont le capital consiste en services, en général,
ces derniers se ramenant aux banques et à la finance. Le Liban est
passé maître dans la consolidation de l’action bancaire arabe.
Je n’exagère pas en affirmant que cette action et ses traditions
ont commencé dans ce grand pays. Aussi, l’Union se devait-elle de
porter son choix sur le Liban pour y établir son siège qui
s’y maintient comme une citadelle, en dépit des épreuves,
des crises et des problèmes auxquels ce pays a été
confronté.”
Le président de l’UBA exprime sa gratitude aux responsables
libanais pour l’accueil qu’ils ont réservé aux membres du
comité exécutif, citant nommément le président
Rafic Hariri.
LA GLOBALISATION ET LA FINANCE
Puis, M. Mahmoud Abdel-Aziz parle de la globalisation “qui transforme
le monde en un village”. Et d’ajouter: “Ce phénomène requiert
deux faits pour se réaliser: Primo, la finance et les banques. Secundo,
les contacts et l’informatique.
“L’évolution et sa nature à la fin de ce siècle,
ont placé ces faits dans l’impasse. Si nous n’essayons pas de suivre
ceux qui nous ont devancés dans ce domaine, nous nous trouverons
en dehors de ce petit village.
“L’argent ne connaît ni barrières, ni patrie, ni nationalité;
il afflue là où il trouve son intérêt et sa
sécurité. La nation arabe qui compte des banques ayant fait
leur preuve, en tête desquelles les banques libanaises, je le dis
en toute fierté, est appelée à suivre ce qui se passe
dans le monde; d’où notre souci de faire évoluer le monde
bancaire. Je crois que tous les établissements bancaires peuvent
maintenant satisfaire les conditions de la solvabilité; les Banques
centrales ayant restructuré leurs administrations et renforcé
le contrôle indirect; non le contrôle des ordres, mais des
politiques suivies ce qui est un fait délicat et difficile. Les
banques sont, traditionnellement, des intermédiaires financiers
et il est regrettable que la plupart des banques arabes soient de caractère
commercial s’employant à accroître les dépôts
et les ressources.”
DÉFIS RÉGIONAUX
M. Abdel-Aziz fait état, ici, des défis régionaux
difficiles, résultant du “défi israélien”. Ceci a
incité les dirigeants arabes pour la première fois, en 1996,
à créer une zone commerciale franche. L’UBA est fière
d’avoir lancé cette idée, devançant ainsi le GATT.
Notre Union envisage depuis près d’un an de créer une nouvelle
entité, sous le nom “Banque du monde arabe”, ayant pour but de financer
uniquement les investissements et le commerce arabes.
“Le projet n’est pas simple à réaliser, ajoute M. Abdel-Aziz,
mais nous déploierons des efforts à l’effet de convaincre
une dizaine de banques arabes d’y adhérer.”
En ce qui concerne le secteur bancaire libanais, M. Abdel-Aziz dit
qu’il constitue le noyau des banques arabes, le secret bancaire étant
le mieux gardé au Liban, d’où la grande responsabilité
qui incombe aux banquiers libanais, ceux-ci ayant la charge de préserver
le secret bancaire et de le défendre. “Il est heureux, dit-il, que
la guerre n’ait nullement affecté ce secteur.”
EN FAVEUR DE LA FUSION
En réponse à une question relative à la fusion
des banques, M. Abdel-Aziz observe que “la tendance dans le monde arabe
est plutôt en faveur de l’individualisme et de l’autonomie. Cependant,
je tiens à dire qu’il n’y a pas de place aux petites banques ou
à de petits groupes financiers. Nous disposons d’avoirs énormes.
Mais la “City Bank”, considérée comme le plus grand établissement
bancaire aux Etats-Unis, fusionne avec un autre groupe et devient le plus
grand géant bancaire mondial.
“Je répète que la fusion interbancaire est nécessaire:
d’abord, au plan national; ensuite, au plan interarabe. Commençons
par fonder la banque du monde arabe devant rassembler des capitaux de tous
les Etats arabes.”
Le président de l’UBA indique que depuis quatre ans, les efforts
sont déployés en vue d’unifier la terminologie bancaire et
les législations régissant ce secteur. “Il ne nous est pas
permis, dit-il, de coopérer, alors que la terminologie et les législations
bancaires sont différentes dans les pays arabes. Nous sommes heureux
de constater que le Liban dispose d’une loi très évoluée.”
OÙ EN EST-ON DU MARCHÉ COMMUN
ARABE?
M. Abdel-Aziz se demande ce qu’est devenu le Marché commun arabe.
“Sans la politique de Netanyahu, les Arabes n’auraient pas envisagé
de créer une zone de libre-échange qui, espérons-le,
sera concrétisée d’ici à cinq ans. Par la suite, nous
réaliserons l’union douanière, le Marché commun arabe
et le dinar arabe. Nous devons pour cela élaborer des programmes
de travail forts.
“Il ne s’agit pas d’un simple pari: être ou ne pas être.
Nous devons lutter ensemble pour avoir une place sous le soleil; aussi,
avons-nous résolu de former des équipes de travail qualitatives
pour pouvoir suivre l’évolution mondiale dans tous les domaines.
L’UBA devrait constituer une salle des opérations entre les banques
arabes, afin d’aider au financement en commun des projets.
“Nous sommes persuadés, ajoute M. Abdel-Aziz, que le Liban restera
le centre de rayonnement de l’action bancaire entre les Arabes, d’autant
qu’il est le pays de la liberté journalistique. Nous sommes appelés
à faire face aux défis et nul n’a intérêt à
semer le doute dans les esprits à propos de l’économie libanaise.
Conjuguons nos efforts pour surmonter nos crises internes et il importe
de soutenir l’économie libanaise qui repose sur les services.”
Enfin, il annonce la tenue à Beyrouth du 5 au 7 novembre prochain,
du prochain congrès bancaire arabe sur le thème: “La coopération
bancaire interarabe: ses domaines et ses horizons.”