CLINTON ET LES PIEGES DE LA VERITE
EPISODES DU FEUILLETON BILL ET MONICA

Six mois de répit où la chasse aux sorcières se poursuivait lentement avec la déposition de 70 témoins, voici que le “Monicagate” rebondit de façon spectaculaire, repris avec férocité et délectation par les journaux américains à grand tirage et les principales chaînes de télévision.
 

Clinton à son départ de la Maison-Blanche:
“Je vais gagner”. 
Monica entre vérité et fabulation. 
 

Bill et Hillary quittant Westhampton Beach lors 
du week-end dernier qui a permis une collecte 
de deux millions de dollars au profit du Parti démocrate.
La parole de la pulpeuse Monica Lewinsky, 25 ans, contre celle du président (52 ans le 19 août) pourrait-elle changer le cours de l’histoire qui, depuis la semaine dernière, effectue des bonds articulés sur un insipide feuilleton sexuel? Celui-ci aurait fait mourir d’ennui les commères les plus futées, n’était-ce la personnalité autour de laquelle il tisse sa toile et ses conséquences imprévisibles sur la nation.
Parmi la centaine d’aventures que l’on attribue au beau Bill, celle entretenue avec l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche est non seulement la plus croustillante mais, également, la plus lourde de menaces sur la fin de son second mandat présidentiel qui risque de subir le même sort que celui de Richard Nixon acculé à la démission en août 1974 pour éviter l’humiliation de l’“empeachment.”
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L’IMMUNITÉ QUI MÈNERA PEUT-ÊTRE À LA VÉRITÉ
Après avoir en vain négocié son immunité judiciare avec le procureur indépendant Kenneth Starr, pour être en mesure de témoigner en toute impunité, Monica Lewinsky a fini par l’obtenir et à en faire bénéficier sa mère Marcia Lewis. Plusieurs heures d’entretiens à New York avec les enquêteurs de Kenneth Starr  où elle a fini par concéder avoir menti lors de sa déposition le 7 janvier dans l’affaire Paula Jones (“Je n’ai jamais eu de relation sexuelle avec le président, il ne m’a pas fait de proposition pour que nous ayons des relations sexuelles”) ont incité Monica à passer aux aveux et reconnaître avoir entretenu des relations sexuelles avec le président quand elle avait été stagiaire à la Maison-Blanche (été 95-avril 96), mais à préciser que le président ne lui avait pas demandé de mentir lors de sa déposition.
Après avoir remercié son premier avocat William Ginsburg, Monica, désormais assistée de Jacob Stein et Plato Cacheris, a donc opté pour une nouvelle stratégie pour sauver sa peau sans pour autant nuire au président dont elle est toujours “follement amoureuse”. Lors du “deal” conclu avec Kenneth Starr, elle a fini par lui remettre la fameuse robe bleu-marine portant toujours des traces de sperme attribué au président (cette robe avait-elle dit “je ne la laverai jamais”) et qu’elle avait cachée dans l’appartement de sa mère à New York alors qu’éclatait le 21 janvier dernier le scandale. En même temps, Monica confiait au procureur des messages enregistrés par le président sur son répondeur téléphonique mais qui se sont avérés neutres, ne décelant pas une possible liaison.
 


Les avocats de Monica, Jacob Stein  
et Nathanael Speights. 
 

Hillary éclate de rire en écoutant 
une plaisanterie de Kim Basinger .
LA ROBE DU “CRIME”
La robe du “crime” a été remise par l’impopulaire Kenneth Starr (son enquête a déjà coûté 40 millions de dollars au contribuable) au FBI chargé de mener l’enquête scientifique ou tests d’ADM permettant d’y identifier les traces de “fluides” ou sperme attribué au président. A la suite de quoi, sera prélevé un échantillon génétique de Bill Clinton, notamment une goutte de sang, de la salive ou des cheveux pour le comparer aux résultats des tests. L’opération pourrait traîner pendant des semaines et ne mener à aucun résultat probant.
Plus d’échappatoire pour Bill Clinton! Cité à comparaître devant le Grand Jury, chambre de mise en accusation de 23 jurés, il a fini par négocier avec Starr une alternative qui préserve sa dignité et lui évite de se rendre auprès du tribunal, ce qu’aucun président américain n’avait fait auparavant. Il déposera donc en direct le 17 août sur vidéo-cassette, à la Maison-Blanche, à l’intention du Grand Jury, promettant de dire “complètement et sincèrement la vérité.”
Tous les grands éditorialistes américains sont montés au créneau pour inciter le président à dire enfin la vérité “l’entière vérité et rien que la vérité” car “quels que soient les risques pour le président de dire la vérité, les dégâts qu’il ferait à la présidence et à lui-même en mentant ou en cachant des choses, sont bien pires.”
Les démocrates eux-mêmes qui s’apprêtent à reconquérir leur bastion au Congrès lors des législatives de mi-mandat de novembre prochain, ont manifesté des signes d’impatience face aux tergiversations présidentielles et voudraient qu’il soit mis un point final à cette affaire qui leur coûterait les élections.
 

L’impopu-laire juge Kenneth Starr. 
 

Monica avec son père le cancérologue  
Bernard Lewinsky.
PARJURE, SUBORNATION DE TÉMOIN ET OBSTRUCTION À LA JUSTICE
Clinton qui prépare soigneusement sa déposition entend maintenir ses déclarations de janvier: (“Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec Monica Lewinsky. Je n’ai jamais eu de liaison avec elle”). Son ancien conseiller à la présidence George Stéphanopoulos a indiqué dans une interview à “Newsweek” qu’il s’agit de “la décision politique la plus importante de sa vie” et que “s’il a maquillé la vérité, il est temps d’amender ses propos”. Républicains et démocrates abondent dans le même sens, afin que le chef de la Maison-Blanche ne soit pas coupable de parjure, subornation de témoin et obstruction à la justice.
C’est dans le cadre de l’affaire Paula Jones (qui a fait récemment appel après que sa plainte de harcèlement sexuel eut été classée par un juge de Little Rock) que Monica Lewinsky avait été appelée à témoigner sous serment le 7 janvier dernier. Le 17 janvier, le président lui-même témoignait sous serment. L’un comme l’autre niaient toute relation sexuelle existant entre eux.
Monica Lewinsky, fille d’un riche cancérologue de Los Angeles était entrée dans la vie de Bill Clinton en novembre 1995, à l’occasion d’une soirée à la Maison-Blanche. Admise au cours de l’été comme stagiaire bénévole, à l’instar de 250 jeunes de 18 à 23 ans, elle devait rester 18 mois à la Maison-Blanche avant d’être engagée au Pentagone (17 avril 1996 - 26 décembre 1997). Sa dernière rencontre avec Bill Clinton remonte au 28 décembre 1997 où elle était arrivée à la Maison-Blanche, les bras chargés de cadeaux.
Elle avait trouvé une oreille complaisante auprès d’une collègue au Pentagone passée auparavant à la Maison-Blanche, Linda Tripp qui avait enregistré ses 17 heures de confidences et les avait livrées au procureur Kenneth Starr qui avait commencé par enquêter depuis quatre ans sur l’affaire Whitewater. Jamais, elle n’y avait prononcé le nom du président présenté sous le nom “the big he”, “the creep” (le sale type) ou “El Schmuko” (le pauvre type). Et il était notoire que dès son jeune âge elle avait été portée à la fabulation.
Où se trouve donc la vérité? Selon le journal britannique “The Observer”, Bill Clinton serait victime d’un complot ourdi par l’extrême-droite pour qui “cette affaire n’est qu’un rideau de fumée.” Selon certains observateurs, il s’agit d’un complot sioniste fomenté par le tout-puissant lobby juif américain pour détourner l’attention du monde sur l’effondrement du processus de paix au Proche-Orient.
Fidel Castro avait été le premier à voler au secours de son “ennemi” Bill Clinton en dénonçant le complot politique qui le vise. Et naturellement, Tony Blair le soutient à 100%. Mais la nasse se resserre sur Bill et Monica, dont le feuilleton commence à déplaire aux Américains qui sont prêts à pardonner au président toutes ses frasques mais ne lui donnent aucun blanc-seing pour mentir.
 

Linda Tripp, la fausse confidente, 
avec ses enfants Allison et Ryan.

 Monica avec sa mère Marcia
 
BILLET 
L’Amérique croule sous un flot d’obscénités où il est question du sperme du président fixé sur une robe et de ses amours buccales. 
Jamais on n’avait été si loin pour établir de façon irrévérencieuse dans un pays si pudique, les replis les plus intimes d’un chef d’Etat, le plus puissant de la planète. 
L’acharnement sur un ennemi politique s’enferme dans une logique implacable, s’exprime par hypothèses et déductions et permet tous les espoirs à mesure que se dressent les obstacles et s’accumulent les indices pouvant mener à la chute de l’adversaire. 
En est-on arrivé là avec Bill Clinton qui, depuis le 17 janvier, tient le même discours, nie toutes les charges retenues contre lui et qui peuvent se volatiliser comme un château de cartes ou alors le mener vers la démission? 
Quel qu’en soit le résultat, les limites de la décence auront été dépassées et la crédibilité d’une nation qui fait des frasques du président une affaire d’Etat est sérieusement mise en doute. 
Bill le conquérant a plus d’une fois prouvé qu’il se remettait de toutes les bourrasques et tempêtes. Depuis les bancs de l’école où il avait appris à si bien baratiner, les vents lui ont toujours été favorables. 
Sa cote de popularité se maintient dans les hauteurs face à un Kenneth Starr détesté bien qu’une bonne majorité de ses concitoyens soient persuadés qu’il ne dit pas la vérité. Mais qu’importe! Il a apporté la croissance, l’emploi et sa bonne étoile s’identifie à celle de l’Amérique.

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