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LA FÉDÉRATION
DES JOURNALISTES ARABES:
LA LIBERTÉ, PATRIMOINE COMMUN DE L’HUMANITÉ La liberté a évolué de façon à permettre de distinguer entre les actions voulues, délibérées et celles accomplies dans un but déterminé, jusqu’à atteindre le niveau de la moralité et de l’action politique, en portant le sens des libertés au pluriel. Elles s’élèvent, alors, du stade de l’engagement dans l’action ou de l’inaction, pour se hisser au stade effectif du droit. Cette liberté, nous la voyons à la fin de ce siècle, comme si elle avait encore besoin de la reconnaissance des autres au niveau des institu-tions politiques, économiques et sociales. Ici se pose la question fondamentale des libertés publiques: l’Etat existe-t-il pour l’individu ou vice-versa? Cette question est posée d’une manière absolue. Dans le monde entier et, spécialement, le monde arabe. Les Arabes sont perplexes face aux questions ne comportant pas d’ambiguïté, pour qu’émerge face à elles la détermination à prendre une décision excédant le principe de l’entente minima, jusqu’à atteindre l’étape de la décision, prise à l’unanimité, seule garante d’imposer une présence devenue une exigence internationale. Car la position israélienne faite d’attachement au non-droit et à l’illogique, va à l’encontre des résolutions de la communauté internationale, comme des prises de position des Etats prises séparément ou ensemble. Le “monde occidental” a classé le droit en tête de liste, parce que le droit régit la société, la loi étant garante de la coexistence des libertés. Si le philosophe et le sociologue ne parviennent pas à définir le droit, ils ont défini la loi. Car autour de la loi apparaissent des vérités importantes contribuant à organiser la société: les caractères, les coutumes, les traditions, la jurisprudence et le contrat. Tout cela pour aboutir à la justice, au droit, à la loi. La justice est une trilogie qui n’atteint pas la normale, si la moralité ne constitue pas l’un de ses éléments. Pas de suprématie de la politique sur le droit. Ni du droit sur la politique. Le souci des hommes libres n’est-il pas de voir le droit gérer leur comportement? Le temps n’est-il pas venu d’en finir avec la logique de la charte de 1789, laquelle stipule que tout ce qui n’est pas prohibé est permis? Oui, il en est ainsi, parce que cette conception a perdu les critères et accru les convoitises, entraînant la perte des structures économiques, sociales et politiques. L’abnégation scientifique et morale exige de se placer au-dessus des considérations régionalistes dans le monde. Le droit émerge, alors, en tant qu’une des techniques utilisées pour l’édification de la société, aux côtés de la politique, de l’économie et de la moralité. Où sommes-nous de cette vérité? Où sommes-nous de la présence de la foi dans le droit?... Du grand rôle du droit à assurer l’ordre et la paix? Le rôle du droit consiste à assurer plus de justice dans une société corrompue, aux fins de garantir l’élévation de l’homme et son évolution. Le droit est le facteur direct apte à modifer les intentions et les institutions; il modifie les conceptions elles-mêmes. Nul ne marche contre la paix. Ni n’appuie le terrorisme. Encore moins l’esclavage et la discrimination raciale. Le droit est le créateur de l’avenir. C’est le sujet de la justice; c’est plutôt la justice, comme si tous deux sont inséparables. Les promoteurs des chartes de ce temps lisent-ils ce qui a été écrit dans les chartes du droit et de l’homme? La société arabe est appelée à adopter une position unique, à manifester une volonté unique pour faire face à l’ennemi et à l’ami: celui-là, pour lui arracher le droit et, celui-ci, pour se joindre à l’ayant droit. La culture, la politique et le pouvoir sont, aussi, une trilogie du temps. Parce que c’est la trilogie de la connaissance, toute chose étant connaissance. Pour se raffermir, le droit doit devenir connaissance chez les gens. La culture est la noblesse de cette ère, comme dit André Malraux, car la culture a des racines garantissant son retour aux sources. La spécificité de la culture de l’Occident réside dans son attachement à ses racines grecques. Combien s’élargissent l’horizon et l’espace de l’article du journaliste arabe qui continue à interroger, parce qu’il sait que la philosophie et la Presse sont la question menant jusqu’au problème. Car le problème de la pensée est, au départ, le fruit de cette pensée. Il en a été toujours ainsi; puis, le problème a évolué, pour devenir équivalent à la déclaration du droit dans des domaines où les choses sont considérées comme des constantes. Par la suite, des questions qui ne venaient pas à l’esprit, sont posées. Qui se doutait, par exemple, comme Descartes, du fait que le monde extérieur existe? Qui se doutait, comme Hume, que l’être, le moi, est quelque chose d’illusoire? J’ai évoqué ces faits à l’occasion de la réunion du bureau permanent de la Fédération des journalistes arabes à Alexandrie, sous le patronage du président Hosni Moubarak. C’est pourquoi, je remonte très loin... Jusqu’au logos avec Platon, c’est-à-dire au premier esprit séparant le Créateur de sa créature... Le Créateur, de la création... et de l’ontologie. Parce qu’avec Platon, le logos a pris un sens approprié, comme l’esprit, l’origine et le discours. Avec Aristote, la suppositon est tombée pour céder la place au syllogis-me, l’argument émanant de l’argument. A ce moment apparaît la différence entre le philosophe interrogateur et l’opinion publique ignare, restreignant son souci aux problèmes quotidiens. Dans son idée, plus importante que la théorie et l’analyse en profondeur, est la connaissance pratique... le pragmatisme... le fait de savoir prendre la décision. Comme si la différence devait se perdre entre l’interrogation philosophique et la réponse scien-tifique qui n’a pas besoin de question. Si la supposition n’est pas exacte, cela ne signifie pas que son antagonisme est immanquablement rejeté. Cependant, la chute de la supposition platonienne et la science aristotélicienne n’ont pas interdit la dialectique scolastique. La supposition demeure dans une crise dont Descartes l’a sauvée en lui donnant une base réaliste, même dans une ligne opposée à celle d’Aristote. Mais ce sauvetage cartésien qui aide au développement de la science moderne a vécu pendant deux siècles. Puis, est tombé avec les théories de Freud, de Nietzsche et de Marx. Ensuite, la pacification a porté sur la même idée, essence de la pensée et des valeurs. Des questions embarrassantes ont été posées au journaliste arabe, surtout après la révolution roumaine et la guerre du Golfe. Depuis lors, on nous pose bien des questions. Et la question reste la même. La question et le problème. Quelle est la relation de la Presse avec le terrorisme? Avec la montée de l’extrême-droite et de l’intégrisme fanatique? Quel est le rôle du texte? Comment évaluer la déontologie médiatique? Comment édicter la charte de l’éthique? Comment déterminer la différence entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, la marge étant étroite entre eux et l’espace minime? La bataille est là; c’est la bataille de la raison, non celle des colombes et des faucons. Bien des colombes se métamorphosent en faucons, lorsque le droit s’estompe et des faucons se transforment en colombes quand les puissants prédominent. C’est le jeu du droit, de la liberté, de la souveraineté spirituelle et indépendante qui ne transige pas et de la responsabilité qui ne fait pas montre de tolérance. C’est le jeu de la suprématie du verbe. Nous vivons aujourd’hui à l’ère des miracles et des exploits: l’ère du computer, du scanner et de l’Internet, avec ce que cela comporte de défis quant à la marche avec le progrès. Tout cela se produit avec une célérité surprenante, d’un instant à l’autre, comme s’il s’agissait d’une génération et d’une autre génération. Nous nous couchons sur une situation pour nous réveiller sur une autre totalement différente. C’est pourquoi, il nous est beaucoup demandé. D’abord, de ne jamais prendre peur. Nul ne peut nous contraindre à la complaisance. Toute chose est possible avec la volonté et la détermination. Que nul ne s’imagine que la dignité de la profession et de ceux qui la pratiquent est à découvert, pouvant être frappée par la prescription. Nous devons tous agir de manière à ce qu’aucun de nos confrères, ni l’opinion publique ne puissent nous taxer un jour de négligence ou nous montrer du doigt et nous accuser de défaitisme. Ils pourraient, alors, répéter les vers du poète disant en substance: “Vos dignités sont bafouées; du sang ne coule-t-il pas dans vos veines?” |
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