AU COURS DE LA REUNIION DE SON SECRETARIAT GENERAL
ET DE SON BUREAU PERMANENT DU 27 AU 31 JUILLET A ALEXANDRIE
LA FJA LANCE UN SOS:
"LA LIBERTE EST MENACEE... IL FAUT FAIRE FACE A CEUX QUI VEULENT LA BAILLONNER"
ADOPTION DE LA REQUETE DES ORDRES LIBANAIS DE LA PRESSE ET DES JOUIRNALISTES RELATIVE AUX "AFFAIRES SABRA ET GORAIEB"

Alexandrie est la seconde capitale d’Egypte, mais la première par rapport à l’ancienne civilisation humaine. Durant des siècles, elle a été un centre de rayonnement culturel, un terrain propice à la science, comme la capitale des civilisations de l’Orient et de l’Occident.
Depuis des millénaires, quatre civilisations s’y sont rencontrées: celles des Pharaons, des Grecs, des Romains et des Arabes. De plus, elle était le centre de ralliement des savants, des philosophes et des penseurs.
Dans cette ville dont le littoral s’ouvre sur la Méditerranée, les ténors de la Presse arabe, les membres du secrétariat général et du bureau permanent de la Fédération des journalistes arabes s’y sont retrouvés du 27 au 31 juillet.
Les membres du bureau permanent et du
secrétariat général au cours d’une séance de travail.
Des délégations s’y sont rendues, venant de treize pays, mues par leur détermination à préserver les libertés contre tout préjudice et à prendre les mesures nécessaires pour mettre en échec les machinations de ceux qui cherchent à les bâillonner. Ces derniers sont aujourd’hui légion dans le monde arabe, ainsi que le confirment les rapports des organisations internationales qui se préoccupent des libertés dans le monde.
 

Photo-souvenir à l’issue de la séance de clôture. 
 

MM. Ibrahim Nafeh, président; Melhem Karam,
vice-président et Salaheddine Hafez, secrétaire général.
APPUI À LA PRESSE LIBANAISE
Au cours des séances de travail du bureau permanent, bien des vérités ont été révélées autour de la situation très peu édifiante des journalistes dans les Etats arabes. Les confrères présents ont évoqué, tout d’abord, le fait pour le président de la République libanaise d’avoir administré une gifle à M. Hassan Sabra, rédacteur en chef de la  revue “Ach-Chirah”, secrétaire de l’Ordre de la Presse; puis, les termes injurieux utilisés par le ministre libanais de l’Intérieur, Michel Murr, contre M. Issa Goraieb, rédacteur en chef de “L’Orient-Le Jour”.
Le bureau permanent de la FJA a décidé de soutenir toute mesure que prendraient les Ordres libanais de la Presse et des journalistes, aux fins de sauvegarder la liberté des journalistes et leur dignité, en condamnant toute atteinte dont ils pourraient faire l’objet d’où qu’elle émane.
Les confrères réunis ont réprouvé l’incarcération d’un certain nombre de journalistes dans plus d’un Etat arabe. Tout en exprimant son respect à la magistrature qui rend ses sentences en vertu des lois en vigueur, le bureau permanent, a réclamé l’amendement de ces lois de façon à épargner tout préjudice aux journalistes. De plus, il demande au corps judiciaire dans la patrie arabe, de prendre en considération la mission de la Presse et le rôle dont elle s’acquitte dans la société moderne.
Le bureau permanent a, également, soulevé le cas de confrères condamnés à la flagellation.
 

Les délégués du Koweit et de la Jordanie. 
 

Les représentants de l’Irak et de la Syrie.
SÉANCE D’OUVERTURE 
Le bureau permanent a tenu quatre séances de travail (les 29 et 30 juillet), la première ayant été ouverte par des interventions de MM. Ibrahim Nafeh, président de la FJA; Melhem Karam (Liban) et Saber Falhout (Syrie), vice-présidents.
Puis, M. Salah Hafez, secrétaire général, a cité les noms des confrères présents et de ceux qui se sont excusés pour des raisons de force majeure.
Les débats ont aussitôt été institués et ont porté sur les différents sujets intéressant la Presse, comme les problèmes de l’heure dans le monde arabe, en tête desquels le blocage du processus de paix, les volets syro-israélien et israélo-libanais notamment, sans omettre l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations israélo-palestiniennes, à cause de l’intransigeance des responsables israéliens.

LES LIBERTÉS JOURNALISTIQUES EN DANGER
Au terme  des délibérations, il a été reconnu, unanimement, que les libertés journalistiques sont en danger et qu’il faut faire face à ceux qui cherchent à les bâillonner.
Le bureau permanent s’est penché, d’autre part, sur la question de la normalisation avec l’Etat hébreu. Les confrères présents se sont joints aux dirigeants arabes pour critiquer les intellectuels et journalistes arabes ayant établi des relations avec Israël.
“Dans cette étape de l’Histoire arabe, a dit M. Melhem Karam, nous devons tenir tête avec férocité à quiconque s’avise de porter atteinte à la liberté et aux journalistes ou d’attenter à leur sécurité et à leur dignité. Nous disposons d’une capacité illimitée pour agir.”
Et d’ajouter: “Tout en violant les lois internationales et la moralité, Israël joue un rôle actif dans ce domaine.”
De son côté, M. Mohamed Baalbaki, président de l’Ordre de la Presse libanaise, met en garde ceux qui persistent dans leur politique de normalisation. Aussi, demande-t-il aux confrères arabes “de ne pas utiliser des termes propagés par les Israéliens, tels “colonies”, “armée du Liban-Sud”, milice à la solde de Tel-Aviv.”
 


La délégation du Maroc...

...et de l’Egypte.
LE CAS DES DÉTENUS EN IRAK
Quand a été soulevé le cas des personnes (koweitiennes ou de toute autre nationalité) détenues en Irak, une discussion réaliste s’est instituée entre les délégations koweitienne et irakienne.
Les confrères irakiens ont promis d’entreprendre des démarches dès leur retour à Bagdad, pour connaître le sort réservé au journaliste koweitien, Mohamed Matayri et d’informer la FJA des résultats de leur action.
Puis, M. Sami Mnayès, député koweitien, membre du bureau permanent, a repris la proposition qu’il avait présentée au congrès des libertés tenu il y a près de deux semaines à Beyrouth, suggérant la création d’un “fonds pour les libertés”.
“La défense des libertés, soutient-il, requiert de l’argent qui est le nerf de la vie. La commission chargée de les défendre ne peut faire œuvre utile si elle ne dispose pas d’une capacité matérielle.”
Lorsqu’a été soumise à l’examen la constitution de la commission des libertés, les confrères présents ont unanimement rendu hommage aux efforts déployés par M. Melhem Karam, à l’effet d’assurer le succès du congrès de Beyrouth, en sa qualité de président de la commission professionnelle de la FJA qui supervise les questions en rapport avec la liberté.

COMMISSION PERMANENTE DES LIBERTÉS
Décision a été prise de former la commission permanente des libertés sous la présidence de M. Mnayès, celle-ci devant rassembler tous les présidents des syndicats de la Presse, membres de la fédération, ainsi que deux autres membres de chaque corporation. La commission pourra faire appel à des personnalités en vue dans la patrie arabe.
Le bureau permanent a confié à ladite commission le soin de mettre au point un projet déterminant son mécanisme de travail et de le soumettre au secrétariat général au cours de la réunion qu’il doit tenir en janvier 1999.
De même, il a été résolu de créer un fonds de soutien à la commission des libertés, ayant pour tâche de couvrir les frais nécessités par ses travaux, 10 pour cent des donations octroyées à la FJA devant lui être réservés, soit: les 250.000 dollars accordés par le président Rafic Hariri; un million de guinées de l’Association des journalistes koweitiens et 2 millions de guinées du président Hosni Moubarak.
Ensuite, le bureau permanent a approuvé le communiqué diffusé par la commission des libertés, à l’issue de la réunion qu’elle a tenue du 17 au 20 juillet 98 à Beyrouth.

RAPPORTS FINANCIER ET ADMINISTRATIF
Par ailleurs, le bureau permanent a pris connaissance des rapports financier et administratif couvrant les activités de la FJA au cours de l’année écoulée, lecture en ayant été donnée par M. Hatem Zakaria, secrétaire financier.
Le bureau permanent a approuvé les rapports et les prévisions budgétaires de la fédération, avant de souscrire à un certain nombre de décisions et de recommandations dont voici les plus importantes:
• Proclamer l’engagement des journalistes arabes à œuvrer en vue de rétablir la solidarité interarabe, en tant qu’arme à utiliser face au racisme, à l’intransigeance et à l’impudence israéliens et en tant que moyen de défendre les constantes nationales, en tête desquelles l’identité, la culture, la libération, l’indépendance, les objectifs et intérêts communs, la récupération des droits spoliés et la libération des territoires, surtout en Palestine, au Golan et au Liban.
• Affirmer le boycottage de l’ennemi sioniste par tous les moyens et les procédés, en rejetant toutes les formes de normalisation et en condamnant les relations et contacts établis par certains intellectuels et journalistes ayant dévié de la ligne et des masses arabes, sous de fallacieux prétextes. De cette manière, ils permettent à l’ennemi de s’infiltrer dans le monde arabe.

JOURNÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LES JOURNALISTES PALESTINIENS
• Réitérer la solidarité de la FJA avec les journalistes palestiniens et la condamnation des agressions israéliennes permanentes contre eux. Demander aux organisations internationales d’intervenir pour contraindre l’Etat hébreu à mettre un terme à la répression, à la persécution, aux agressions et, aussi, afin de faciliter la tâche de ces confrères et de les prémunir contre tout acte de représailles à cause du rôle dont ils s’acquittent face à l’entité sioniste.
Le 26 septembre de chaque année est considéré comme une “journée de solidarité avec les journalistes palestiniens”.
• Réclamer la levée de l’embargo imposé au peuple irakien et réprouver l’agression dont il est l’objet, sous prétexte d’appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité, en dépit du fait pour l’Irak de s’être conformé à la plupart de ces résolutions. La FJA proclame sa solidarité avec les confrères irakiens dont elle se soucie d’assurer leur exercice normal de la profession.

LES DÉTENUS EN IRAK ET LES BLOCUS
• Inviter l’Irak à élucider le cas des Koweitiens et autres disparus lors de la deuxième guerre du Golfe, le syndicat des journalistes irakiens étant chargé de tirer au clair le sort du journaliste koweitien Mohamed Matayri, détenu en territoire irakien.
• Le bureau permanent a réitéré sa requête en vertu de laquelle il réclame la levée des sanctions iniques imposées au peuple libyen. Il a salué la Cour internationale de justice qui a reconnu sa compétence à statuer sur l’affaire de Lockerbie. Le bureau a proclamé sa solidarité avec la Presse libyenne qui lutte pour se débarrasser du blocus imposé à la Jamahyria libyenne.
• Dénoncer le pacte militaire turco-israélien considéré comme un nouveau maillon de la chaîne visant à combattre la nation arabe et à entraver sa lutte en faveur de la libération des territoires et de la récupération de ses droits.
• Réprouver, également, l’intervention turque au nord de l’Irak, ceci étant considéré comme une violation de la souveraineté de ce pays et une agression contre la nation arabe.
• Le Bureau permanent a renouvelé son appui aux journalistes algériens et aux familles des martyrs parmi eux. En même temps, il a condamné les assassinats et le terrorisme dont sont victimes les Algériens démunis de défense.
Au plan professionnel, le Bureau permanent a appelé les Etats arabes à faciliter la tâche des journalistes portant la nationalité des Etats membres de la Ligue, en assurant la liberté de leurs déplacements, afin de pouvoir s’acquitter de leur devoir professionnel à l’intérieur de la patrie arabe.
Le Bureau permanent a réitéré ses appels en vue de la constitution de groupes journalistiques professionnels dans les pays arabes où de tels groupes n’existent pas encore.
D’autre part, il a recommandé l’organisation de cycles de formation et d’entraînement à l’intention des journalistes arabes, aux fins de les initier aux techniques modernes. Dans ce but, il invite les Facultés de journalisme dans le monde arabe à accorder l’attention nécessaire à cet aspect de la profession.

KARAM: APPUI TOTAL AU LIBAN
Résumant les travaux du Bureau permanent arabe et les résultats auxquels ont abouti les confrères ayant pris part aux réunions, M. Melhem Karam a déclaré à son retour à Beyrouth: “Nos délibérations, que ce soit au cours des réunions des commissions ou des assemblées générales, ont abouti à un appui total au Liban. Sans omettre les prises de position politiques soutenant l’Armée libanaise, la Résistance, les Sudistes et les Békaaiotes dans leur lutte pour le droit et la dignité, comme pour leur attachement à la terre.
“Le congrès n’a à aucun moment tenu une session aussi fructueuse, riche en recommandations et résolutions positives, surtout en ce qui concerne les problèmes auxquels la Presse libanaise est confrontée.
“En coulisses, ajoute M. Karam, le congrès a débattu de questions spéciales et secrètes qui n’ont pas été divulguées. Il s’est prononcé en faveur de mesures à appliquer et a élaboré un plan de travail pour faire face à toute atteinte à la liberté. Ce plan et ces mesures seront mis en application chaque fois que des journalistes s’exposeront à quelque vexation dans le monde arabe.
“La Presse libanaise estime que les résolutions adoptées à propos d’affaires concernant nos confrères, dépassent tout ce que nous pouvions imaginer. Cela prouve que la FJA réagit avec réalisme vis-à-vis des problèmes qui se posent aux journalistes libanais; que les confrères arabes constituent une entité active et restent solidaires les uns envers les autres.
“La commission permanente des libertés comprendra des éléments connus au double plan arabe et international par leur action, leurs sacrifices et leur défense du verbe, de la liberté et de la démocratie. Nous exploiterons cet aspect de notre lutte, afin de prémunir la dignité de nos confrères, leur sécurité et, surtout, pour assurer la pratique parfaite de la profession.”
Enfin, M. Karam a annoncé que d’autres rencontres auront lieu, incessamment, pour préparer les réunions de la commission des libertés prévues au Caire, celle-ci étant appelée à prendre des décisions courageuses visant à préserver la liberté contre ceux qui tentent de la violer.
 

Moubarak reçoit Baalbaki et Karam 
Le président Hosni Moubarak qui s’est entretenu avec les journalistes arabes durant deux heures, évoquant en leur présence les problèmes de l’heure intéressant la patrie arabe, a conféré à leur demande avec MM. Mohamed Baalbaki et Melhem Karam. 
Le Raïs a pris note de ce qu’ils lui ont exposé et fait montre d’un sentiment fraternel à leur égard. 
 
WAGIH MAZBOUDI

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