Le chef de l’Etat n’a limité cette révision, au cas où
elle était décidée, à aucun des paragraphes
de l’article 49 de la Constitution.
Pendant ce temps, une controverse opposait les présidents Nabih
Berri et Rafic Hariri autour de la session extraordinaire de l’Assemblée,
avec en arrière-plan l’échéance présidentielle,
partant du fait de savoir qui serait le “parrain” du futur régime.
Le chef du Législatif a insinué qu’il pourrait obtenir
la convocation de la Chambre sur la base d’une pétition que signeraient
soixante-cinq députés, soit la moitié plus un de l’effectif
du parlement.
De plus, M. Berri a profité de la réélection du
président de la CGTL - avec l’appui des syndicats se réclamant
de “Amal” - pour se prévaloir d’un crédit au niveau populaire
qui lui a fait répéter, après avoir gagné le
“Bristol” pour féliciter M. Elias Abou-Rizk et le nouveau conseil
de la centrale ouvrière: “Le pays n’est à la merci de personne.”
Le chef de la CGTL ayant proclamé sa disposition à descendre
dans la rue pour protester contre une éventuelle majoration du prix
de l’essence, le chef du gouvernement a déclaré: “Ils profèrent
des menaces et fuient la responsabilité en ce qui concerne le financement
de “l’échelle” à des fins politiques, leurs renseignements
à ce propos étant erronés”.
LE RELÈVEMENT DU PRIX DE L’ESSENCE
D’après des sources fiables, les chefs de l’Etat et du Législatif
seraient opposés au relèvement du prix de l’essence. En revanche,
le président du Conseil lierait la convocation de l’Assemblée
en session extraordinaire à la majoration du prix de la benzine,
de même que les nouveaux prêts et protocoles financiers d’un
montant global d’un milliard de dollars, pour pouvoir couvrir les dépenses
que nécessitera l’application de la nouvelle échelle des
salaires.
Par ailleurs, le Premier ministre voudrait faire participer la Chambre
à la recherche des sources de financement, pour engager la responsabilité
du gouvernement par rapport à l’échelle, ainsi que le laisse
entendre M. Fouad Sanioura, ministre d’Etat aux Finances.
Mais le président Berri ne partage pas cette tendance et fait
assumer au Cabinet seul la responsabilité du financement.
Cependant, le président Hariri réalise qu’il ne lui est
pas possible d’empêcher la convocation de l’Assemblée en session
extraordinaire, car il perdrait beaucoup de son crédit politique
si cette convocation intervenait suite à une pétition parlementaire
portant la signature de soixante-cinq députés. Sa position
envers l’échéance présidentielle faiblirait considérablement,
ce qui ne serait nullement dans son intérêt.
QU’EN EST-IL DE LA MÉDIATION SYRIENNE?
Cela dit, il y a lieu de faire état de deux points soulevés
par le chef du Législatif lundi dernier, à l’issue d’une
entrevue avec le chef de l’Etat au palais de Baabda: le premier concerne
la convocation de l’Assemblée en vertu d’une pétition parlementaire,
au cas où elle ne serait pas convoquée en vertu d’un décret
présidentiel, pris en accord avec le chef du gouvernement.
Le second point a trait à la révision de l’article 49
de la Constitution, à l’initiative du parlement et non suite à
un projet d’amendement que présenterait le président de la
République.
Les observateurs constatent que M. Berri a soulevé ces deux
points, lorsque s’est amenuisée la possibilité, pour le vice-président
syrien, d’entreprendre une médiation en vue de raccommoder les deux
hommes, proches et alliés de Damas.
Puis, certains milieux se perdent en conjectures sur les intentions
des “décideurs” en ce qui concerne l’élection présidentielle
et s’interrogent sur les véritables raisons dictant leur attitude
attentiste, alors que précédemment ils n’hésitaient
pas à intervenir pour rasséréner l’atmosphère...
RETOUR AU “PLAN DE REDRESSEMENT”
Pour en revenir à l’intention prêtée au gouvernement
de majorer certaines taxes ou de relever le prix de l’essence, à
l’effet d’accroître les recettes de manière à couvrir
les dépenses que nécessitera la nouvelle échelle des
salaires, les milieux proches du palais de Baabda rappellent que le “plan
de redressement” prévoit des arrangements relatifs aux taxes douanières,
à la taxe sur la mécanique, aux tarifs des communications
téléphoniques et à d’autres rentrées du Trésor
qui suffiraient à rassembler un montant pouvant couvrir les dépenses
excédentaires découlant de l’échelle des salaires.
Même sans les recettes provenant du cellulaire.
Quant à la majoration du prix de l’essence, les milieux qui
s’y opposent mettent en garde contre une telle mesure, disant qu’il s’agit
d’une “matière inflammable”, en ce sens que la majoration de son
prix entraînerait une hausse des prix des produits de consommation
courante.
La question que chacun se pose à présent est la suivante:
l’échelle des salaires sera-t-elle ratifiée et, dans l’affirmative,
quelles sont les sources de financement, étant entendu que le gouvernement
ne les a pas encore trouvées et tient à associer la Chambre
des députés à leur recherche!
LE CONSEIL DES MINISTRES OCCULTE LES DOSSIERS
ÉPINEUX
On s’attendait, mercredi, à une séance houleuse du Conseil des ministres qui devait débattre de deux sujets épineux: le projet de l’échelle des salaires et la convocation de la Chambre en session extraordinaire. Mais ces deux sujets n’ont pas été discutés. Le gouvernement s’est limité à examiner un certain nombre de points de son ordre du jour, notamment le déblocage de 118 milliards de livres pour exécuter des projets de développement et d’équipement dans la Békaa et au Akkar. Il a, également, décidé de prolonger de six mois la mission de sécurité confiée à l’armée dans la Békaa, depuis les incidents qui y avaient été provoqués par cheikh Soubhi Toufayli. |