![]() Creusée dans le roc à Ghiné (Liban), la représentation préhistorique du “combat de Gilgamesh avec un lion”. |
![]() Trois souches annuelles de “Ferula Hermonis” fraîchement extraites, sur place à 2500 mètres d’altitude. |
Pour commencer, les pharmaciens et les membres du corps médical
libanais ont été récemment écœurés par
une campagne médiatique tonitruante qui, depuis presque deux semaines,
gravite autour de bergers, paysans, rebouteux et sorciers de village.
Tous ces profanes, avec l’assurance de l’ignorance se sont déclarés
spécialistes au niveau de l’impuissance et de la frigidité,
tout en prescrivant, onéreusement, des bouillons en bouteille et
des boîtes de fragments de racines de plantes du type Ferula, dont
il existe six espèces baptisées “Cherch al-Zallouh”, souveraines,
paraît-il, contre les troubles du blocage sexuel.
Il aurait mieux fallu, au préalable, demander l’avis du corps
médical libanais, médecins et pharmaciens ou de leurs Ordres
respectifs, ainsi que des facultés de médecine et de pharmacie.
Rappelons que l’un de ces boutiquiers a affirmé, très
sérieusement, qu’il va demander l’exclusivité pour la préparation
de remèdes sur base de cette plante qu’il aurait été
le premier à découvrir!
HISTORIQUE: HIER ET AUJOURD’HUI
Il y a à peu près quatre mille ans, le roi-géant
Gilgamesh, de la ville d’Ourouk (Mésopotamie), était venu
vers les montagnes boisées du Liban, chercher la “racine de vie”
qu’il aurait, paraît-il, trouvée sur les hautes “pentes du
mont Haramoun.”
Pour traiter son extrême vieillesse et sa fatigue, il la consomma
illico. Ceci lui rendit sa jeunesse, sa vigueur et lui permit, d’abord,
de tuer Oumbabo, le gardien des cèdres qui l’avait attaqué.
Ensuite, comme cela est représenté sur un grand rocher à
Ghiné, d’étrangler un énorme lion qui avait bondi
sur lui.
De retour chez lui, il se remaria et eut beaucoup d’enfants (l’épopée
de Gilgamesh).
Après plusieurs centaines d’années d’utilisation de cette
“racine de vie” par les ancêtres des Libanais et des Syriens de chaque
côté de l’Hermon et une période d’accalmie, on recommence
au Liban surtout, à étudier et à parler de cette panacée
stimulante.
Entre 1952 et 1958, je dirigeais à la F.F.M. les travaux pratiques
de biologie animale et végétale, tout en donnant le cours
des groupes animaux. Les laboratoires de ces deux disciplines étant
mitoyens, je gravitais entre les bureaux du professeur Jean Corset S.J.,
mon patron zoologiste et du professeur Pierre Lys, botaniste, directeur
du département de pharmacie.
Durant six ans, j’ai périodiquement suivi toutes les activités
phytothérapiques de M. Lys qui préparait des extraits et
des alcoolatures de plantes médicinales: le “marron d’Inde”, les
fleurs d’Aubépine, les racines de Valériane, les pétales
de coquelicot, les racines de Salsepareille; de “Ferula Hermonis” appelées
“Cherch al-Zallouh”.
![]() Plusieurs souches racines glabres de “Ferula-Cassi” (Zallouh féminin) d’après leur aspect étrange. |
![]() Souches de “Zallouh” âgées de plusieurs années: attaquées par les moisissures, elles ne sont pas efficaces. |
DÉMONSTRATIONS BOTANIQUES
Parallèlement à ces recherches, j’utilisais toutes ces
plantes fraîches pour les démonstrations botaniques auprès
des étudiants en médecine libanais et arabes.
Au cours de six ans d’enseignement au P.C.B., à peu près
355 médecins libanais et arabes ont, en groupes annuels de 50 à
60 éléments, étudié au moins 40 plantes médicinales
fraîches, dont les racines, tiges, fleurs et feuilles du “Ferula
Hermonis” (ou Zallouh) de la famille botanique des Ombellifères
comme le persil ou le fenouil...
Le “Ferula Hermonis”, croît presque à la mi-printemps
au moment de la fonte des neiges sur le mont Hermon, à 2500 ou 2800
mètres d’altitude. Il atteint une taille de 1 mètre à
1 mètre et demi. Ses feuilles supérieures sont réduites
à leur gaine très élargie. La floraison s’étale
de fin mai au mois d’août. On cueille la grosse souche annuelle de
forme tronçonique, pourvue de plusieurs racines, très pubescentes
qu’on sèche, soigneusement, au soleil pour éviter la pourriture.
Pour la préparation de l’alcoolature stabilisé, il vaut mieux
utiliser les souches vertes fraîches.