LE SÉJOUR DU MINISTRE KOWEITIEN DE L’INFORMATION AU LIBAN
SMAÏT: “NOUS COMPTONS SUR LES MÉDIAS LIBANAIS POUR METTRE EN RELIEF LE CAS DES PRISONNIERS EN IRAK”
KARAM: “LES LIBERTÉS MÉDIATIQUES SONT NOTRE FORCE. CEUX QUI FONT LES ÉVÉNEMENTS DE LEUR TEMPS ÉCRIVENT L’HISTOIRE”

M. Youssef Smaït, ministre koweitien de l’Information, a terminé samedi sa visite au Liban, au terme de trois jours au cours desquels il a été reçu par les responsables et conféré avec MM. Mohamed Baalbaki et Melhem Karam, présidents des Ordres de la Presse et des journalistes au siège de ces corporations.
Le président Rafic Hariri recevant le ministre koweitien de l’Information,
en présence de son homologue libanais M. Bassem Sabeh et de l’ambassadeur du Koweit.
La veille de son départ, le responsable koweitien a effectué une tournée dans le centre-ville, accompagné de MM. Abdel-Razzak Al-Kandari, ambassadeur du Koweit, et Rafic Chlala, directeur de l’ANI. Au préalable, il avait eu un entretien au siège de “Solidere”, avec M. Nasser Chammah, président du conseil d’administration, qui lui a exposé les travaux accomplis ou en cours d’exécution dans la capitale.
M. Smaït a exprimé son admiration pour l’étape à laquelle a abouti la reconstruction de Beyrouth dont il a pu avoir une idée en se faisant expliquer le plan de la reconstruction sur une maquette.
Puis, le ministre koweitien s’est rendu à l’ancien sérail en cours de restauration pour servir de siège à la présidence du Conseil, comme c’était le cas avant les douloureux événements. A partir du balcon de l’imposant édifice, il a pu avoir une vue d’ensemble de l’immense chantier du centre-ville “qui redeviendra la fenêtre du Liban sur le monde”, a-t-il déclaré.

AU SIÈGE DE L’ORDRE DE LA PRESSE...
Ensuite, il a gagné le siège de l’Ordre de la Presse à Chouran où il a tenu une réunion de travail avec M. Mohamed Baalbaki, président de l’Ordre et les membres du conseil exécutif, au cours de laquelle il a été question d’une coopération intensive entre les deux pays au plan médiatique.
MM. Baalbaki et Smaït ont échangé des allocutions de circonstance, le premier ayant évoqué l’expérience acquise par son hôte durant les longues années passées dans le milieu journalistique. “Cette expérience, a-t-il observé, vous l’utilisez en vue de servir les causes arabes.”
Puis, il a mis l’accent sur le climat de liberté dans lequel s’active la Presse libanaise et koweitienne, avant d’évoquer les services que la principauté ne cesse de rendre au Liban.
Dans sa réponse, M. Smaït s’est réjoui de se trouver parmi ses confrères libanais, disant que “la Presse libanaise représente par rapport au Koweit et à tous les Arabes, un centre de rayonnement permanent; il en a été ainsi de tout temps, même durant la dure épreuve dont a pâti ce pays frère.”
Reprenant l’observation émise par M. Baalbaki, il reconnaît la similitude du climat dans lequel travaillent les journalistes des deux pays, mobilisés au service des causes arabes, autant que les leurs propres. “La Presse libre, ajoute-t-il, est celle qui, en dépit de la diversité de ses opinions, sert l’intérêt du pays et de l’Etat. C’est le lien qui unit la Presse koweitienne et libanaise.”

QMM. Smaït et Al-Kandari, entourés du président et du conseil de l’Ordre de la Presse.
... ET DE L’ORDRE DES JOURNALISTES
Toujours accompagné de MM. Al-Kandari et Chlala, M. Smaït s’est rendu au siège de l’Ordre des journalistes où il a été reçu par M. Melhem Karam, président de l’Ordre, entouré des membres du conseil et de nombreux confrères.
En ouvrant la réunion élargie tenue à cette occasion, M. Karam offre au ministre koweitien un stylo en or, avant de lui souhaiter la bienvenue. “Nous accueillons, aujourd’hui, poursuit-il, un ministre qui fit longtemps partie de la famille journalistique, le poste qui lui a été confié étant la récompense de sa moralité, de sa science, de son professionnalisme, de son nationalisme et de sa présence permanente que nous touchons du doigt. Aussi, sommes-nous heureux de lui tendre la main de la coopération et de l’affection.”
Puis, il vante l’action menée par l’ambassadeur Al-Kandari à la tête d’une équipe de confrères: Mohamed el-Zamel, Fayçal Al-Moutlaqem et Zeina Al-Jouhane “engagés au service du Koweit, du Liban et de la nation arabe.”
Evoquant le congrès de la Fédération des journalistes arabes ayant tenu récemment ses assises à Alexandrie, M. Karam précise que son objectif principal était la défense des libertés médiatiques “qui sont notre force et notre combustible. Seuls ceux qui font les événements de leur époque écrivent l’Histoire. Les journalistes arabes ont donné la preuve de leur capacité à assumer la charge du verbe et de la responsabilité.
“Tous ensemble et vous en tête, nous avons besoin d’un éveil et d’un choc, parce que nous évoluons à pas de géants, la situation changeant d’un jour à l’autre: nous nous couchons sur une situation et le lendemain cette dernière change, comme cela se produit entre une génération et l’autre.
“Nous parlons, uniquement, de ceux qui font l’Histoire. Quant à ceux qui brillent par leur passivité et leur absence, ils ne nous intéressent pas; ils ne meurent pas parce qu’ils ne sont pas nés, comme dit Georges Orel.
Le ministre koweitien de l’Information au cours de sa visite au siège de l’Ordre des journalistes.
LE CAS DES PRISONNIERS LIBANAIS ET KOWEITIENS
M. Karam en vient, alors, au cas des Libanais et des Koweitiens détenus, les premiers dans les geôles israéliennes et, les seconds, en Irak. “Nous vous tendons la main pour œuvrer en vue d’obtenir leur libération. Vos frères et les nôtres ont la conviction qu’ils peuvent réussir dans leur action.
“Reste le problème de la paix qui est assassinée par Netanyahu, chaque jour avec des armes nouvelles. Chaque jour, ils (les Israéliens) torpillent ce qu’ils avaient approuvé la veille ou quelques heures plus tôt. Le Liban-Sud reste occupé; de même que la Békaa ouest, alors qu’ils se gargarisent de promesses fallacieuses, laissant croire que l’évacuation est imminente.
“Ils veulent se retirer mais à leurs conditions, ce que nous rejetons formellement, car nous n’accepterons jamais cette façon d’agir, contraire aux principes de la souveraineté et du nationalisme.”
M. Karam réitère la détermination des confrères libanais à coopérer avec leurs collègues koweitiens (et arabes) en faveur de la liberté, question centrale de ce temps, à l’instar de la cause palestinienne. “Ensemble, nous défendrons la liberté, non seulement la nôtre, mais celle des autres aussi qui nous en ont confié la défense, notre destin étant de porter cette lourde mission; tel est le destin des gens bons et courageux dont nous nous réclamons.”
M. Karam confie au ministre koweitien de l’Information de transmettre l’hommage de ses salutations et de ses voeux à l’Emir, cheikh Jaber el-Ahmed As-Sabah; au prince héritier, cheikh Saad el-Abdallah As-Sabah, en s’engageant à poursuivre la lutte en faveur de la principauté et de ses causes.
De même, il le charge de transmettre ses salutations confraternelles aux journalistes koweitiens, citant nommément M. Bahbahani, “l’absent toujours présent”; Adnan Rached, secrétaire de l’Association des journalistes de l’émirat, qui a joué un rôle éminent au congrès de la FJA, le Koweit y ayant apporté une contribution efficace.

SMAÏT: AU SERVICE DE LA LIBERTÉ
Dans sa réponse, M. Smaït exprime la joie de se trouver dans “notre maison, l’Ordre des journalistes libanais, la maison de tous les confrères arabes”. Et d’enchaîner: “Nous assumons ensemble une mission noble, la Presse étant devenue, en ce temps, un miroir où se reflètent nos soucis, ceux de l’homme où qu’il soit et du citoyen; ainsi que nos préoccupations de préserver la liberté et la “profession des tracas” ayant en charge de sauvegarder la démocratie et le développement.
“Le Liban se réjouit de voir à la tête de cet Ordre l’ami et le confrère Melhem Karam, à qui neuf-cents rédacteurs renouvellent unanimement leur  appui et leur confiance. Nous avons au Koweit une Presse libre et des imprimés sur lesquels le gouvernement et l’Etat n’ont aucun droit de regard. Cinq quotidiens en langue arabe et deux autres en langue anglaise sont mobilisés au service de la principauté et des causes de la nation arabe. De plus, nous nous associons à l’action commune de la Presse arabe, en participant aux congrès régionaux ou internationaux auxquels prend part l’Ordre des journalistes libanais.”
Il termine en remerciant la Presse libanaise et tous ses membres de leur appui à la principauté et réitère le soutien du Koweit au droit libanais, en tête duquel celui d’obtenir la récupération des portions occupées du territoire au Liban-Sud.
Ensuite, M. Abdallah el-Rached a pris la parole pour mettre l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération et la coordination entre les journalistes libanais et koweitiens. A ce propos, il évoque le rôle mené par M. Melhem Karam, en sa qualité de vice-président de la FJA qui a assuré une présence active au sein de la fédération depuis sa fondation en 1964, en prenant part à toutes ses réunions et en contribuant à réactiver le rôle de la FJA.
Enfin, il émet le souhait de voir se perpétuer cette coopération entre les deux pays au plan médiatique.

QUESTIONS-RÉPONSES
M. Smaït a, alors, répondu, aux questions qui lui ont été posées. Voici l’essentiel de ses déclarations:
• Nous apportons un soutien au Liban, en vue de l’application des résolutions internationales relatives au Liban-Sud: un soutien politique et un autre qui se traduira, dans les prochaines semaines, par une exposition itinérante dans la principauté, donnant une image exacte de l’épreuve qu’endurent les Sudistes.
Le Koweit apporte, également, sa contribution au plan humanitaire, en vue d’alléger les souffrances et les privations des populations civiles.
• Les moyens à mettre en œuvre pour renforcer la solidarité interarabe font l’objet d’échange de vues. le problème qui se pose au Koweit résulte de la politique suivie par le régime de Bagdad qui provoque les crises et compromet la solidarité entre les Etats arabes frères et avec la communauté internationale.
• Mes contacts en Egypte, en Syrie et au Liban ont pour but de jeter la lumière sur le cas des prisonniers détenus dans les prisons irakiennes. Nous comptons beaucoup sur le rôle de la Presse libanaise dans ce domaine.
• Avant l’invasion irakienne, le Koweit avait refusé l’agrément d’un ambassadeur des Etats-Unis à Koweit, parce qu’il avait été en poste à Jérusalem à titre de consul pendant trois ans.
“Cependant, l’invasion a causé tous les malheurs de la nation arabe, y compris le stationnement de forces étrangères. Nous avons signé cinq conventions pour la coopération sécuritaire avec de grandes puissances et en tant que petit pays, il nous importe de préserver notre entité et notre sécurité contre l’occupation de nos terres par le régime irakien... La cause principale de la présence américaine dans la région du Golfe découle des convoitises du régime de Bagdad et Saddam Hussein reste pour nous une source d’inquiétude.
• Le Koweit se prononcera en faveur de la tenue d’un sommet arabe lorsque les éléments de son succès seront réunis et ceci ne se produira pas tant que Saddam Hussein restera au pouvoir.

VISITES AUX RESPONSABLES
M. Smaït a rendu visite aux responsables libanais à qui il a transmis les voeux et salutations de leurs homologues koweitiens et échangé les vues avec eux sur la conjoncture régionale et les questions d’intérêt commun.
“La visite au Liban, devait-il déclarer, a été utile et positive, en ce qui concerne le raffermissement des relations entre les deux pays. Nous consignerons dans une déclaration les résultats de nos entretiens et les sujets ayant fait l’objet de nos discussions.
“Il va sans dire que nous avons évoqué la coopération bipartite dans le domaine médiatique et la déclaration mentionnée fera état du mécanisme de l’action à entreprendre et des moyens de la faire évoluer à l’avenir. 


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