SUITE A UNE INTERVENTION DISCRETE DE DAMAS
TREVE OBSERVEE ENTRE KORAYTEM ET AIN EL-TINE JUSQU'AU RETOUR DE HARIRI DE SARDAIGNE

Dieu merci, la polémique entre Koraytem et Aïn el-Tiné s’est apaisée. Cela s’est répercuté, positivement, sur les divers fronts, spécialement sur les marchés financiers qui ont connu au cours de la dernière semaine, des perturbations rappelant celles ayant affecté les marchés de Tokyo et du sud-est asiatique.

Une trêve paraît avoir été imposée par Damas, après que le ministre de l’Intérieur, Michel Murr eut informé les responsables syriens de la nature du litige opposant les présidents Berri et Hariri... M. Murr a fait part au chef du Législatif du désir de M. Khaddam de voir l’échange des accusations prendre fin, surtout à l’approche de l’échéance présidentielle.
Selon les milieux proches du palais du gouvernement, M. Hariri serait enclin à geler l’échelle des salaires dans le secteur public jusqu’après l’élection du futur chef de l’Etat, d’autant que son entrée en vigueur n’interviendra pas avant le 1er janvier 99, l’effet rétroactif devant s’étaler sur cinq ans.
M. Hariri a été réconforté dans cette position, par une réflexion dans ce sens qu’a émise le vice-président syrien, en charge du dossier libanais. Quoi qu’il en soit, le problème posé par l’échelle des salaires émergera de nouveau avec plus d’acuité après l’échéance présidentielle, le prochain Cabinet devant hériter de bien des dossiers épineux que le gouvernement haririen n’a pu trancher.

QUID DE LA RÉVISION DE L’ARTICLE 49?
En ce qui concerne l’échéance présidentielle proprement dite, le chef de l’Etat ne cesse de réitérer sa ferme détermination à quitter le palais de Baabda aussitôt terminé son mandat. Sa coterie assure que le président Hraoui ne prendra pas l’initiative de réclamer la révision de l’article 49 de la Constitution, laissant à l’Assemblée toute latitude d’en décider.
On peut en déduire que la Chambre ne sera pas convoquée en session extraordinaire dans l’immédiat. Si la révision constitutionnelle devait être envisagée, elle se ferait durant la session ordinaire du parlement qui commencera à courir dès le premier mardi après le 15 octobre et jusqu’au 23 du même mois. Au-delà de cette date, l’Assemblée se transformera en collège électoral.
Quoi qu’il en soit, le chef de l’Etat ne cache pas son désappointement de la polémique ayant opposé les présidents de la Chambre et du Conseil, estimant que c’est la conséquence d’un exercice du pouvoir non conforme aux clauses constitutionnelles. Aussi, estime-t-il que l’unique solution à cet état de choses réside dans l’adoption des réformes qu’il n’a cessé de préconiser à la Constitution, les conditions dans lesquelles se déroule la vie politique ayant prouvé la justesse de son point de vue dans ce domaine.
C’est pourquoi, le président Hraoui refuse de laisser proroger, une fois de plus, son mandat, surtout si les réformes constitutionnelles n’étaient pas approuvées, afin d’améliorer la gestion de la chose publique.
Quant aux présidentiables potentiels, ils ne se sont pas encore manifestés, étant donné le manque de transparence qui caractérise la position des différents blocs de la Chambre.

POURQUOI LA POLÉMIQUE BERRI-HARIRI?
Quant au conflit ayant opposé les présidents Berri et Hariri, il a été provoqué, apparemment, par des divergences autour des sources de financement de l’échelle des salaires. Le chef du gouvernement insiste pour faire assumer au Législatif la responsabilité d’une telle affaire, alors que le président de l’Assemblée s’y oppose, jugeant que le Cabinet est seul responsable et doit se tirer d’embarras après s’être embarqué dans la “galère de l’échelle”.
Malgré les médiations tentées par des amis communs, Koraytem et Aïn el-Tiné ont continué à échanger les accusations et à s’attribuer les erreurs de la politique suivie au cours des dernières années.
Cependant, la polémique a cessé pour la raison que le président Hariri a préféré s’accorder une semaine de repos en Sardaigne.
Tout pourrait recommencer dès son retour, aussi s’attend-on à une intervention plus ferme et directe de la part de Damas, d’autant que le palais de Baabda a reconnu son impuissance à réconcilier les deux autres pôles du pouvoir...
Cela dit, le ministre de l’Information, M. Bassem Sabeh, a dit en recevant au début de la semaine M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, que “la polémique politique a dépassé les limites de l’échelle des salaires et de la session extraordinaire de la Chambre, pour atteindre la relation entre les pouvoirs exécutif et législatif.

ÉCHELLE DES SALAIRES ET ÉCHÉANCE PRÉSIDENTIELLE
“Il est moins important, a-t-il ajouté, que la tempête politique se perpétue ou s’arrête, que de la maintenir dans un cadre tel qu’elle n’entraîne pas le pays à des crises politiques et économiques graves.”
Le ministre a dit encore que la question de l’échelle des salaires paraît devoir être éclipsée par d’autres sujets et titres politiques. “La session extraordinaire est maintenant liée, organiquement, au sort qui sera réservé à l’échelle, ainsi qu’à tant de projets de lois dont le parlement est saisi. Et quoi qu’on dise, on ne peut dissocier ces problèmes de l’échéance présidentielle.”
M. Sabeh pense que le Liban a  besoin d’un changement véritable aux plans de la gestion et de la pratique, ce qui exige la révision de bien des lois en vigueur et, peut-être même, leur remplacement par d’autres répondant aux impératifs de l’heure.
“Quant aux spécificités du futur président de la République, poursuit-il, elles seront celles que fera prévaloir la conjoncture régionale. Quant à toutes les autres lectures politiques, elles sont d’ordre spéculatif et, partant, n’aident pas à déterminer l’identité du président et sa personnalité.”
A l’ombre de toutes ces données, qu’en est-il de la trêve observée, à présent, entre les présidents Berri et Hariri?
Elle pourrait se prolonger grâce aux développements de la conjoncture, alors que les cœurs prendront du temps avant de retrouver leur sérénité.

 Par NADIM EL-HACHEM

Home
Home