Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY  
GROTESQUES COMÉDIES
Un semblant de démocratie?
Un semblant de gouvernement?
Un semblant de parlement?
Un semblant d’Etat?
Voilà ce que représente le Liban qui vogue, actuellement, comme un navire désemparé au gré des vents.
Si le système démocratique parlementaire était toujours en vigueur au Liban, toutes les disputes entre le chef du gouvernement et le chef du Législatif n’auraient eu aucun impact négatif sur la nation, ou sur le peuple, parce que le Pouvoir étant aux mains du parlement et du Conseil des ministres, non centralisé aux mains de deux individus, ignorant les responsabilités de leurs charges et qui sont en train de se donner en spectacles ridicules et grotesques à la Nation, au peuple et au monde entier (ou du moins à ceux qui s’y intéressent).
Si les insultes que se jettent à la face MM. Hariri et Berri s’avèrent exactes et si les accusations portées par les deux protagonistes à l’encontre l’un de l’autre sont vérifiées par un juge impartial, alors ils auraient dû être mis en examen, depuis longtemps. Si les accusations sont fausses, une des parties devrait porter plainte pour calomnies. Or, rien de tout cela, juste un spectacle à faire honte.
En attendant que la Syrie intervienne!
Pour toute consolation, les Libanais peuvent se joindre au “Cortège d’Orphée” en répétant:
“Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s’en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons.”
***

LES LIBANAIS? PAS D’ADRÉNALINE...
Ce qui se passe, actuellement, au Liban aurait provoqué dans n’importe quel pays développé ou civilisé une révolte sinon une révolution.
Et pourtant.
Les Libanais affichent le visage de la résignation! Ne sont même pas vindicatifs (sauf quelques groupuscules) et continuent à applaudir ceux-là mêmes à qui ils doivent tous leurs malheurs.
La question de la promulgation de la nouvelle échelle des salaires, est une des scènes les plus typiques de la situation actuelle.
Où chercher des subsides?
Là où on les prend pour que les responsables mènent une vie de patachon.
On trouve de l’argent pour les palais, pour les voyages somptuaires avec délégations interminables; on trouve de l’argent pour s’auto-octroyer des indemnités de toutes sortes, on trouve de l’argent pour ce que l’on veut!
Les fonctionnaires? L’excuse est qu’il y en a de parasites... Les parasites, on les trouve aussi et en premier dans un gouvernement et une quantité de députés pour le moins que l’on puisse dire inutiles et à charge. Si on les compare à la population du Liban, nous avons le chiffre le plus élevé de tous les pays du monde en quantité quant au nombre de ministres et de parlementaires. Alors si l’on veut parler de parasites, qu’on sache par où commencer... et comment en finir.

***

LES SUDISTES LIBANAIS SONT-ILS LES SEULS EN GUERRE CONTRE ISRAËL?
Pourquoi les Sudistes libanais devraient-ils être les seuls à payer le prix de la guerre contre Israël?
Pourquoi eux seuls devraient-ils assumer les frais de la Résistance?
Pourquoi eux seuls sont-ils privés de leurs biens inaccessibles, ayant perdu leurs récoltes, leurs terrains ne valant plus rien?
Eh! oui, nous parlons d’abord sécurité; puis, dédommagement. Quand Berlin était divisé en zones d’occupation, la République fédérale d’Allemagne avait pris des mesures extraordinaires pour protéger, tout d’abord, la zone occidentale de Berlin; ensuite, pour encourager les Berlinois à ne pas quitter la ville pour s’établir dans d’autres villes de la RFA.
Pas de taxes, éducation étendue et élargie gratuite, renforcement du “Philharmonique de Berlin”, différentes manifestations pour dire aux Berlinois: “l’Etat est avec vous, vous n’êtes pas seuls, vous n’allez pas être asphyxiés...”
Voilà comment cela se passe en pays civilisé...!
Alors que les Sudistes du Liban?
Transplantés à Beyrouth ou ailleurs, ils continuent à payer à l’Etat toutes les taxes indirectes, dont ils auraient dû être exonérés. Ils continuent à être privés de leurs maisons, de leurs biens... L’Etat ne songe pas un instant à répartir les charges en allant récolter auprès de ceux qui ont fait fortune illégalement en expropriant les plages et les rivages marins et en les exploitant pour leur plus grande richesse...
Etat, triste Etat que l’on achète à coups de ... quelques chalets au bord de la mer...

***
LES MOTS, TOUJOURS DES MOTS
L’emphase, la pompe, la fatuité des Libanais, une absence totale d’humour, ne trouvent d’exutoire que dans les mots.
Des heures de discours, d’invectives alternées de ... poèmes, voilà le spectacle audiovisuel auquel sont condamnés les Libanais qui regardent les chaînes nationales. Heureusement, qu’il y a les télécommandes qui donnent un plaisir presque sensuel quand on les manie et qu’on cloue le bec de celui (pour le plus souvent) ou de celle qui agace.
Parmi les diatribes, il y a ceux qui en veulent au dictionnaire Larousse pour l’emploi et la définition du mot libanisation... qui, selon certains, porte préjudice aux Libanais, comme si nous ne nous causions pas assez d’ennuis par nos comportements quasi ridicules.
Au pilori donc le mot “libanisation” qui est défini par Larousse comme “un processus de fragmentations d’un Etat, résultant de l’affrontement entre différentes communautés”...
Tout d’ailleurs, comme les mots balkanisation ou vietnamisation. Oublie-t-on la rengaine serinée au début des événements: “On veut vietnamiser le Liban...” ... Et qui a pris garde à cette phrase qui résumait en fait tout le plan honni?
Alors, balkaniser, chyprianiser, vietnamiser ou libaniser, un même mot pour décrire la co...rie des responsables de cet état de choses!
***

“HOMME, SAGE-FEMME”
Piètre victoire pour les féministes exacerbées, elles ont obtenu des académiciens que le Larousse ne masculinise pas la profession de sage-femme. L’homme qui entreprend ce métier doit mettre au mot profession: “homme sage-femme”. Il ne peut pas écrire “sage-homme”.
Il n’y a pas de quoi faire un feu d’artifice. Dans le monde il y a moins de 1% d’“homme sage-femme.
Par ailleurs, lors d’un très récent congrès de l’“Organisation des femmes américaines” différentes mesures ont été prises pour améliorer le sort de la gent féminine aux USA, qui n’est pas tellement à plaindre.
Parmi les décisions prises juste pour faire plaisir à leur égo: la suppression du mot “spinster” de tous les écrits actuels. Le mot “spinster” (vieille fille) ne peut que se rapporter au passé depuis longtemps révolu, où une personne du sexe féminin ayant dépassé la trentaine était qualifiée de “spinster”. Aujourd’hui, le mot célibataire est utilisé pour toute personne des deux sexes.
En France, une autre décision est prise aussi dans ce sens. Les Catherinettes auront, dorénavant, 30 ans. L’expression “coiffer la Sainte Catherine” sera appliquée aux demoiselles ayant passé le cap de la trentaine, non plus à celles qui avaient 25 ans. En attendant la rectification dans les dictionnaires, car les traditions bien ancrées sont lentes à être effacées, c’est dans le langage commun que l’on fera attention à un “langage sexiste”. Si un homme ou une femme lance à une femme “Espèce de vieille fille”, cette dernière pourra désormais porter plainte.
Mais au fond que sait-on de nos jours de la vie d’une “fille” non mariée.... même si elle a dépassé la trentaine ou la quarantaine?


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