Bloc - Notes

Par ALINE LAHOUD  
 

SCANDALE OU TRAQUENARD?

Pilori... Un vilain mot pour une bien vilaine chose. Pilori, c’était à l’époque obscure et obscurantiste du Moyen Age, un poteau d’infamie sur lequel, ce qui tenait lieu alors de justice, on exposait certains délinquants - ou supposés tels - aux insultes et à la vindicte publiques.
Aujourd’hui, un millénaire après l’Inquisition, un demi-siècle après la déclaration des droits de l’homme consacrés par les Nations Unies, on se retrouve stupéfaits et incrédules de découvrir, à la lumière de l’affaire Lewinsky, que la civilisation issue du puritanisme anglo-saxon, n’a pas renié ses origines. Tout, depuis la confession obligée du prince Charles et de la princesse Diana à la télévision, re-connaissant avoir commis le péché d’adultère, jusqu’à ce que l’on appelle le “Monicagate”, en passant par la chasse aux sorcières du défunt sénateur Mc-Carthy, toute l’hypocrisie, toute la pa-noplie du parfait Torquemada a ressurgi, plus vraies que nature, écœurantes de détails salaces jusqu’à la nausée. La seule différence entre hier et aujourd’hui est que le pilori a été remplacé par l’Internet bien plus nuisible et plus vicieux.
Je n’ai aucune autorité pour accorder l’absolution, ni une disposition d’esprit à encourager l’adultère, mais j’estime qu’un péché sur le plan spirituel et moral n’est pas un crime, ni même un délit vis-à-vis de la loi et ne peut être invoqué que par le conjoint dans un procès de divorce.
On comprend donc mal l’acharnement du procureur Kenneth Starr et son rapport, qui relève davantage du roman cochon que du document juridique et met bien moins en relief la nymphomanie du président que le voyeurisme de son persécuteur. Les relations sexuelles extra-conjugales de Bill Clinton seront-elles plus graves s’il a un grain de beauté sur son anatomie ou s’il utilise un cigare? S’il téléphone pendant que l’habile Monica s’occupe de lui ou s’il récite le premier amendement de la Constitution?
Pourquoi cette surcharge de détails sordides qui ne peut, du point de vue légal, servir de circonstances aggravantes? A moins que le procureur Starr ait dépensé 50 millions de dollars de l’argent du contribuable américain à seule fin de gaver le public de précisions dégoûtantes, ou qu’il s’agisse d’une tendance personnelle incontrôlable pour satisfaire ses instincts pervers d’obsédé sexuel!
A part le goût malsain du public pour les affaires de mœurs où sont impliquées des célébrités, on comprend moins encore la réaction démesurée, non seulement de la classe politique américaine, mais l’indignation des bondieusards du Congrès. Aucun d’entre eux n’a regardé une autre femme que la sienne? Aucun ne s’est livré au genre de jeux décrits si complaisamment par l’inquisiteur de service? “Celui d’entre vous qui est sans péché qu’il lui jette la première pierre.”
Enfin, on ne comprend plus du tout qu’à l’heure où la banqueroute soviétique provoque l’effondrement du marché boursier tant à Wall Street que dans le reste de la planète, à l’heure où des génocides se commettent en Angola, au Ruanda, au Congo, au Kosovo, à l’heure où l’embargo américain provoque la mort de centaines de milliers d’enfants et de malades irakiens, faute d’aliments et de médicaments, à l’heure où les foudres de guerre israéliens menacent le monde d’une guerre qui risque de faire tache d’huile jusqu’aux confins de la terre, la vertueuse Amérique, ses députés et ses sénateurs, qui donnent volontiers des leçons au reste du monde et se font la conscience de l’univers, ne songent qu’à avoir encore plus de détails graveleux sur les galipettes auxquelles s’est livré leur président entre deux portes à la Maison-Blanche, ou ne fouinent dans les paniers de linge sale à la recherche de ces taches suspectes dont ils font actuellement leur plat de résistance.
Ce scandale est tellement grossi, tellement disproportionné qu’on serait en droit de se demander s’il n’est pas sciemment orchestré, si ce n’est pas un piège dans lequel s’est laissé entraîner un président trop porté sur la chose. Car, en somme, c’est un peu bizarre que cette Monica Lewinsky - déjà à 20 ans maîtresse attitrée d’un homme marié (avant Clinton) - parachutée à la Maison-Blanche on ne sait par qui et comment, se soit, dès son arrivée, précipitée sur le président pour lui fournir ses services spécialisés! Quant à garder une robe tachée au cours de leurs ébats, même les élèves les plus douées du marquis de Sade n’y avaient pas pensé.
C’est encore plus étrange qu’il se soit trouvé à côté d’elle une amie si dévouée que, non seulement elle la pousse aux confidences, mais prend un soin extrême à les enregistrer. Quelqu’un au monde connaît-il un (ou une) ami de ce type-là? Et la Monica en question - qui pourrait en remontrer aux professionnelles les plus chevronnées - était-elle obligée de livrer des détails aussi croustillants qu’inutiles au point de vue de l’instruction? Et quel genre de justice est celle qui accorde l’impunité à une personne qui vient de se parjurer et ce, dans le seul but de la pousser à la délation?!
Cette farce nauséabonde qui pue le chiqué, n’a-t-elle pas été montée de toutes pièces pour provoquer la destitution de Clinton, afin que le vice-président prenne sa place, un Al Gore qui déclarait récemment: “Je suis catholique, mais je suis avant tout un sioniste convaincu.”
Serait-ce sauter tout de suite aux conclusions que de se poser des questions, surtout lorsque l’on sait que tant Monica Lewinsky que sa drôle d’amie Linda Tripp, que Luciana Goldberg (l’éditrice new-yorkaise qui avait conseillé à Linda Tripp d’enregistrer Monica) que les avocats, conseillers et principaux acteurs du scandale, sont juifs?... 

Home
Home