Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
LA PRESIDENCE DE L'ETAT: COMMANDEMENT, ESPRIT D'INITIATIVE ET MORALITE
Ce qui nous con-cerne du futur président, ce sont sa pureté, sa séré-nité et sa probité. A part cela, tout est se-condaire dans les cri-tères: nous ne le vou-lons pas “mafioso”, ni courtier, encore moins se préoccupant de ses affaires, de ses intérêts, de ses rancunes, com-me de son désir de se venger de ses adver-saires politiques, de les liquider ou de leur faire perdre leur crédit dans leurs villes et villages.
Le futur président, nous ne le voulons pas résigné, acceptant ce qu’on lui soumet, laissant à d’autres le soin de donner des ordres à son insu.
Un président aimant le “papier blanc”, non le “papier vert” dont l’éclat ne doit pas le séduire. Il doit être acquis à la religion, autant qu’il l’est aux choses de la terre, la foi ayant un grand effet sur les grandes âmes.
Nous le voulons arabe d’affiliation, appelant à la libération de la terre de l’occupation israélienne. Nous ne voulons pas d’un président qui dise une parole et se rétracte après une réunion ou la rencontre avec une personne dans une chambre fermée ou encore à la suite d’une lettre qu’il aurait reçue.
Si l’un des candidats a plus de chance que d’autres, ce qui l’avantage, ce sont sa pureté, son refus de tendre la main, d’accepter le “cadeau” et de vanter le pot-de-vin (tous savent de qui je parle).
Nous ne voulons pas d’un président avide d’argent, se prêtant au chantage, appréhendant les comptes futurs, la révélation de transactions qu’il aurait effectuées et l’accusation de négligence. Ces faits, il n’est pas permis qu’ils effleurent l’imagination du futur Premier Libanais.
Nous ne voulons pas d’un président de complaisance ou de compromission. Le “oui” et le “non” doivent avoir leur signification dans toute l’acception des termes. Nous ne voulons pas d’un président prenant notification des décisions et des prises de position, mais les prenant lui-même et les notifiant à qui de droit.
Nous ne voulons pas d’un président qui philosophe les défaites, les revers et le marasme économique, en invoquant des prétextes pour des fonds qu’il percevrait et en justifiant les mobiles l’ayant incité à les toucher et à en disposer.
Pareil président, nous ne le voulons pas et s’il accédait, par erreur, à la haute charge, nous le combattrions jusqu’à ce qu’il s’en aille.
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Quiconque aspire à détenir les rênes du pouvoir, doit jouir de trois éléments: la volonté, la connaissance et la capacité. Le pouvoir ne pourrait se maintenir si l’un des éléments de cette équation politique venait à manquer.
Cela signifie que celui qui aspire à gouverner doit en formuler la demande et en avoir le désir. Car, à ce moment, il est appelé à rendre des comptes ou à dresser un bilan devant ceux à qui il aura demandé à accéder au pouvoir dont le gouvernant doit connaître l’essence. Il doit avoir “l’œil du capitaine”, comme disait le général de Gaulle.
Cela se mesure à sa façon de se comporter et de choisir ses collaborateurs, en plaçant “l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.”

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Si le président Clinton s’était adressé aux gens, entouré de grands avocats et conseillers, tous au courant des chefs d’accusation portés contre lui; s’il s’était tenu face à l’écran de télévision et avait dit aux gens, urbi et orbi, à la civilisation et au monde, à l’instar du pape romain dès son élection: J’ai commis des erreurs dans mes relations avec bien des femmes; je le reconnais, mais il s’agit de faits familiaux et personnels pour lesquels les gens ne me réclament pas de comptes, parce qu’ils ne sont pas comptables de ma conduite privée, mais de ma gestion de la chose publique. Si Bill Clinton avait dit cela, rien ne serait resté des accusations ayant nécessité son apparition, le même jour, à la tribune des Nations-Unies et s’excusant devant le “grand jury”.
En tant que chef du pouvoir, le président doit être capable de diriger le navire dans le bon sens... Sans s’encombrer de considérations l’empêchant d’exercer son autorité en vue de faire avancer la nation, c’est-à-dire dans le langage libanais, aux fins de récupérer la patrie et de parachever l’édification de l’Etat.
Le président libanais, même après Taëf, reste le président. Taëf ne lui a pas pris ses prérogatives. Il a éliminé de leur texte, celles dont disposait le haut commissaire au temps du mandat.
De là, le président reste le président, en ce sens qu’il est “le gardien de la Constitution et le garant de l’application de ses clauses.”

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Ces paroles sont-elles traditionnelles? Pas du tout. A supposer qu’elles le soient, la présidence n’est-elle pas une tradition permanente dans l’orientation des gens sur la voie du bien et du progrès, avec une vision de longue portée, prévoyant ce qui attend la nation et s’employant à prévenir les négativismes pour profiter des positivismes?
La présidence est commandement. Et le commandement est moralité et probité, pour que le gouvernant ne soit pas faible. Sinon il serait atteint en sa personne, dans des domaines où la nation insiste à ce qu’il soit pareil à la femme de César... 

Photo Melhem Karam

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