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![]() Bkerké a connu, dimanche dernier, une manifestation d’appui à Jezzine: une délégation représentant cette localité ayant à sa tête des dignitaires religieux et des hommes politiques, a gagné le siège du patriarcat maronite où elle a été reçue par S.Em. le cardinal Sfeir, à qui elle a fait part de la gravité de la situation et demandé son intervention à l’effet de freiner l’exode des habitants - dont le nombre est tombé de 50.000 à 5.000 - et de mettre fin à leur dure épreuve. “D’autant que cette agglomé-ration est le modèle de la convi-vialité et de la concorde entre ses familles spirituelles”, ainsi que l’a souligné l’abbé Youhanna Slim, président du Rassemble-ment des notabilités jezziniotes. Tout en exprimant sa tristesse face à ce qu’endure cette région sudiste, le cardinal Sfeir a promis de déployer de nouveaux efforts aux fins de la pacifier. “Nous œu-vrons, a-t-il ajouté, d’une manière paisible, afin d’inciter les gouver-nants à assumer leurs responsabili-tés. Nous attendons de les voir agir”. Par la suite et au cours de la messe qu’il a célébrée en présen-ce de la même délégation, l’émi-nent prélat a mis en garde contre la persistance de la situation dont nul ne peut prévoir sur quel grand drame elle débouchera. “Nous continuons à nourrir l’espoir que les bonnes volontés se manifes-teront et que les mains se joindront pour sauver Jezzine et le Liban”. Cela dit, il y a lieu de s’arrêter à une proposition du comman-dant de l’Armée du Liban-Sud, par laquelle il offre d’évacuer cette localité à une double condition: que l’Armée libanaise s’y déploie en force et que cessent les opérations militaires de la part de la Résistance à partir de ce secteur. Or, la position du Liban officiel, maintes fois rappelée par les responsables, le chef de l’Etat en tête, est la suivante: que “Tsahal” rapatrie ses troupes et les forces régulières libanaises prendront en charge le maintien de l’ordre et de la sécurité le long de nos frontières internationale-ment reconnues. Dans ce cas, la Résistance ne pourra plus se mouvoir dans la zone placée sous le contrôle de la troupe, dont des effectifs en nombre limité stationnent depuis des années à Jezzine. Prenons donc Lahd au mot et mettons-le au défi de retirer l’ALS, afin de laisser à la Grande Muette le champ libre et, partant, de lui confier la mission de protéger la population civile dans les secteurs que les Israéliens évacueront... L’offre du commandant de l’ALS est d’autant plausible, qu’il nie l’intention prêtée à l’occupant d’assimiler Jezzine à la “zone de sécurité”. D’aucuns pourraient la rejeter, arguant qu’il s’agit (encore) d’un piège, “Jezzine, d’abord”, étant une copie conforme d’une précé-dente formule: “Liban, d’abord”, jugée inacceptable, “parce qu’elle a pour objectif de compromettre la solidarité liant le Liban et la Syrie”. Nous ne perdons rien à mettre le commandant de l’ALS à l’ép-reuve pour nous assurer du sé-rieux de son offre et, surtout, de sa disposition à l’exécuter. Il reste, naturellement, à savoir si le gé-néral Lahd est en mesure de tenir sa parole et s’il n’exige rien d’au-tre en contrepartie de son retrait! |