ENJEU STRATEGIQUE JERUSALEM MEMOIRE
COMMUNE DES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

Tous les observateurs neutres: diplomates, politologues ou simples chercheurs s’accordent, aujourd’hui, à dire que du sort réservé à Jérusalem, dépendent les résultats des négociations de paix au Proche-Orient.
C’est sans aucun doute la clé de voûte de la paix. En même temps, des spécialistes sérieux et pragmatiques affirment que toute solution imposée par la force militaire ou politique ne peut être qu’éphémère et débouchera, tôt ou tard, sur une nouvelle guerre qui aura pour résultat de réparer une injustice, probablement par une autre injustice.
Car dans ce cas d’espèce, précisément et l’Histoire est là pour le prouver, les guerres n’ont jamais rien réglé de façon durable.
Dépositaire des Lieux Saints, les plus chers aux adeptes des trois grandes religions monothéistes, Jérusalem ne sera à l’avenir la Ville de la Paix - (car tel est le sens de son nom cananéen: Yérushaleim) - que par une solution équitable, négociée et acceptée librement par les parties directement concernées.
C’est, peut-être, bien l’enjeu actuel le plus important de cette partie diplomatique engagée à Madrid en 1991, poursuivie à Oslo en 1993 et actuellement en crise.
Si, d’une part, l’intérêt porté à l’avenir de Jérusalem est quasi - universel, il n’en existe pas moins, d’autre part, des parties prenantes dont les intérêts immédiats politiques, stratégiques, religieux, démographiques ou simplement humains pèsent d’un poids énorme dans toute solution.
Lesdites parties sont, avant tout, les Palestiniens et les Israéliens; puis, viennent les Arabes et les musulmans, surtout les Jordaniens directement impliqués, la chrétienté, surtout le Vatican; enfin, les Organisations internationales historiquement mêlées à la question depuis la Conférence de la Paix et l’institution du régime des mandats jusqu’à nos jours.
Comment les uns et les autres conçoivent-ils la solution juste et équitable qui éviterait aux générations futures les drames du passé et ceux du présent?
De prime abord, se pose la question de savoir de quelle Jérusalem il s’agit: Est-ce de Jérusalem unifiée et proclamée, unilatéralement, capitale d’Israël? Est-ce celle du plan de partage des Nations Unies? Est-ce la Ville redivisée en deux parties, l’une israélienne et l’autre palestinien-ne?
 
 
Les Palestiniens acculés 
à partir ou à subir l’occupation.
  
La colonisation se multiplie.
L’heure n’est pas aux concessions.
 
JÉRUSALEM, AFFAIRE CLASSÉE?
“Le premier devoir d’un homme d’Etat, disait Confucius, consiste à définir le sens des mots.”
On a l’impression, à entendre et à lire les déclarations des dirigeants des deux parties antagonistes, qu’ils ne donnent pas le même sens aux mots.
On dirait qu’ils s’entendent parler sans vouloir vraiment se comprendre, car d’un côté comme de l’autre, les positions semblent diamétralement opposées, définitive-ment fixées, du moins pour le moment, en attendant la phase finale des négociations à laquelle la question de l’avenir de la Ville Sainte a été relé-guée à la demande expresse des négociateurs israéliens à Oslo.
Pour les Israéliens, il faut bien commencer par eux, l’heure n’est pas aux concessions. Le sera-t-elle jamais?
Jérusalem est une affaire classée. Elle n’est plus une question; c’est une donnée comme l’Etat d’Israël l’est lui-même. Unifiée par une loi fondamentale (rappelons qu’Israël n’a pas de Constitution écrite) adoptée par la Knesset le 30 juillet 1980, la ville est devenue de facto et de jure la capitale éternelle d’Israël et ce, en dépit des condamnations de la Communauté internationale dont la résolution 478 du Conseil de Sécurité (20-8-80) proclamant son annexion comme “nulle et non avenue” et invitant avec insistance vingt Etats à transférer leurs ambassades de Jérusalem à Tel-Aviv; ce qui fut fait à l’exception de deux d’entre elles.
Les “faits accomplis” sont devenus au cours des cinq dernières décennies, une constante de la politique israélienne.
Depuis 1967, ils ont pris des proportions alarmantes pour l’avenir de la paix et on se demande, aujourd’hui, vu la colonisation à marche forcée surtout à Jérusalem et dans sa banlieue et les exactions de toutes sortes dont les Palestiniens de la ville font l’objet si, dans la phase finale des négociations, il restera encore quelque chose à négocier.
Ben Gourion a posé les premiers jalons de cette politique, alors qu’Israël venait à peine d’être admis comme membre de l’ONU le 11 mai 1949. Dans son journal le 14-12-1949, alors que cinq jours auparavant l’Assemblée générale adoptait le projet d’internationalisation de Jérusalem réitérant la volonté internationale de faire de la Ville Sainte un “Corpus Séparatum”, il écrit ce qui suit: “Au cours des dernières années, j’ai dû faire face à des décisions douloureuses et difficiles... mais je ne sais pas si j’ai jamais dû prendre une décision aussi difficile, à l’encontre de l’ONU: faire face au monde catholique, soviétique et arabe.
“Après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé que nous devions prendre tous les risques et nous opposer à l’ONU, pas seulement en paroles mais en actes: le transfert du gouvernement à Jérusalem, avant que le Conseil d’administration international (prévu par l’Assemblée générale) ait le temps de commencer ses activités.”
 
 
Arafat dans la souricière. Ses menaces 
verbales ne sont plus payantes.
  
Ben Gourion a posé les jalons de la colonisation.
 
QUID DE L’INTERNATIONALISATION?
Aussitôt dit, aussitôt fait. La Knesset et nombre de ministères sont installés à Jérusalem Ouest.
L’internationalisation est, effectivement, morte avec le partage de facto de la ville entre Israël et la Jordanie en 1948.
Les négociations secrètes entre le roi Abdallah et de hauts responsables israéliens ont mis fin à l’internationalisation qui aurait pu éviter les drames qu’ont vécus, depuis lors, la ville et ses habitants.
 Une page de l’Histoire de la région venait d’être tournée, mais elle n’était pas la dernière. Les Lieux Saints des chrétiens, des musulmans et des juifs se sont trouvés dans la partie orientale annexée par la Jordanie.
L’accès au Mur des Lamentations, vestige du temple détruit par les Romains en 70 de notre ère, lieu sacré par excellence pour les juifs, leur fut interdit jusqu’en juin 1967.
Au deuxième jour de la guerre des six jours, les soldats de Tsahal se sont rués pour prier devant ledit Mur jurant de ne plus le lâcher, ni lui, ni la vieille ville.
Dès lors, la politique des “faits accomplis” allait prendre des proportions considérables et changer les structures géographiques, démographiques et sociales de la cité, faisant fi de toutes les condamnations, des lois et conventions internationales.
Les Palestiniens sont acculés à partir ou à subir toutes sortes d’exactions comme citoyens de seconde zone.
Ce qui complique singulièrement, aujourd’hui, toute solution, c’est le fait qu’Israël semble avoir réglé unilatéralement le problème, comme nous l’avons dit, en s’appropriant purement et simplement la ville, assumant tous les risques qu’une telle décision peut comporter pour l’avenir de la paix.
Les dirigeants israéliens, même ceux réputés modérés, ne ratent pas une occasion pour dire que “Jérusalem est bien une ville unie sous la souveraineté d’Israël et si, explique Rabin, les Palestiniens demandent la ville, ils peuvent mettre une croix sur les chances d’un accord de paix.” (sic) (Le Monde le 30 juin 1993).
A son tour, Shimon Pérès, grand architecte des accords d’Oslo et réputé homme de paix, écrit à son tour dans son livre: “Combat pour la paix”: “Pour Israël, Jérusalem - tout Jérusalem - est territoire israélien souverain et capitale de notre Etat.” (P. 389).
Ce n’est probablement pas à Netanyahu qu’il faudra demander des concessions, quand ceux qu’on qualifie de modérés et d’artisans de la paix s’expriment avec tant de clarté.
Paradoxal!
Pourquoi donc Jérusalem figure-t-elle parmi les sujets relégués aux négociations finales prévues par les accords d’Oslo alors, qu’en fait, répétons-le, tout porte à croire, elle n’est plus sujet à discussion?
 
 
Ne pas négliger l’option jordanienne.
  
Pour Hassan II, la Ville Sainte ne
retrouvera jamais son statut d’antan.
 
LA POLITIQUE US INFÉODÉE À CELLE D’ISRAËL
Si concession il y avait, elle pourrait dans le meilleur des cas, se faire par l’établissement d’une distinction entre les sites religieux, l’avenir politique et géographique de la ville.
La Jérusalem arabe est, depuis 1994 et pour la première fois de son histoire, habitée par une majorité de juifs (170.000 contre 165.000 Arabes), sans compter les colonies périphériques qui ceinturent la ville et le réseau routier qui la coupe déjà de l’arrière pays palestinien.
Jérusalem, celle que beaucoup de pèlerins et de voyageurs ont connue autrefois, ressemble fort à un musée entouré de murailles et noyé dans une forêt de béton.
L’hémorragie humaine continue encouragée, souvent forcée par les Israéliens et par certains Etats, les Etats-Unis ou d’autres pays prêts à accueillir les Palestiniens pour laisser la place aux nouveaux colons juifs.
D’après une étude récente faite par l’Université catholique de Bethléem, 40% des Palestiniens chrétiens ont émigré depuis 1967.
Face à ce complot planifié, l’Autorité autonome et les Palestiniens sont impuissants. Ils ont été pris au piège des promesses israéliennes, “garanties” par les deux superpuissances, réduites, effectivement, aux seuls Etats-Unis dont la politique est entièrement inféodée à celle d’Israël.
L’universitaire palestinien, Edward Said, a reproché aux négociateurs palestiniens d’Oslo leur manque de compétence en matière juridique. “Ils ont bradé la Palestine”, dit-il.
En effet, l’Autorité palestinienne et ses représentants à Oslo auraient dû au moins se souvenir du différend qui a noyé la résolution 242, dans le verre d’eau de l’article partitif (de) ou (des) territoires occupés et qui, depuis plus de trente ans, a gelé l’application de ladite résolution.
Le négociateur et signataire du document d’Oslo, Abou-Mazen (Mahmoud Abbas) écrit dans son livre: “Le chemin d’Oslo” ce qui suit: “Le seul fait de signaler Jérusalem comme sujet de négociation dans la phase finale signifie que la ville est un cas litigieux et que l’annexion de 1981 par Israël est caduque.”
La conclusion d’Abou-Mazen est étonnante et un peu rapide, parce que la négociation sur Jérusalem peut aller d’un extrême à l’autre, de la rétrocession - ce qui est quasiment impossible - à la simple liberté de visite ou de dévotion aux Lieux Saints ou à toute autre solution intermédiaire.
Pourquoi ne pas avoir fait garantir plus clairement dans le texte ce sujet si délicat et si important? C’est ce que reprochent Edward Said et d’autres personna-lités palestiniennes à leurs responsables politiques et à leurs négociateurs attitrés.

Le Vatican est impliqué et appuie l’internationalisation.
L’AUTORITÉ PALESTINIENNE SUR LA BRÈCHE
Certains diri-geants de l’Autorité palestinienne et non des moindres, sont revenus à leurs vieux démons et à la démagogie, en guise de politique.
“Qu’ils le veuillent ou non, répète Arafat, Jérusalem est la capitale de la Palestine et ceux à qui cela déplaît peuvent tou-jours boire l’eau de mer de Gaza”. (Le Monde du 3 novembre 1994).
Il arrive au leader palestinien d’oublier que les temps ont changé; que les menaces verbales et incontrôlées ne sont plus payantes.
L’Autorité palestinienne est sur la brèche, surtout depuis l’avènement du Likoud au pouvoir en 1996.
Arafat semble pris comme dans une souricière devant l’intransigeance du gouvernement israélien sur la question palestinienne dans son ensemble, c’est-à-dire Jérusalem et les territoires.
La colonisation se multiplie et on ne fait cas dans les médias que de plus “graves” spoliations, tels l’ouverture du tunnel sous la vieille ville (1996), la mise en chantier de la colonie Abou-Ghoneim (Har Homa) (1997) et, aujourd’hui, l’élargissement des limites de la ville (la portant de 123 à 200km2) pour englober presque le cinquième de la superficie de la Cisjordanie et renverser, définitivement, les données démographiques à l’avantage des juifs.
Les Etats arabes qu’Arafat appelle au secours, sont très inégalement intéressés par un problème qui, bien sûr, leur tient à cœur, mais non au point de leur faire oublier les problèmes et les menaces auxquels ils sont exposés dans un Proche-Orient en ébullition.
La Ligue des Etats arabes tout comme l’O.C.I. (Organisation de la conférence islamique) soutiennent les revendications des Palestiniens, sans pour autant aller au-delà des bonnes paroles.
A ce propos, le roi Hassan II du Maroc, président du Comité “Al-Qods” dit avec le réalisme qu’on lui connaît: “... Les Arabes ne réclament pas Jérusalem dans son intégralité, comme c’était le cas avant la guerre de 1967, mais seulement les Lieux Saints musulmans: Ils ne veulent pas du Mur des Lamentations, des temples juifs, ni même du Saint-Sépulcre. Ils revendiquent leurs Lieux Saints, comme la mosquée où le Prophète a posé les pieds. Le reste non. C’est l’affaire des chrétiens et des juifs.” (La mémoire d’un roi, p. 281).
Dans une autre déclaration rapportée par le journal Le Monde du 3 novembre 1994, le roi ajoute: “Ce serait un rêve de croire que la Ville (Sainte) retrou-verait jamais son statut d’antan... Nous ne devons pas continuer à vivre dans le souvenir... Nous devons tous faire l’effort nécessaire pour trouver des solutions, non pas une seule, mais plusieurs.”
Pour en revenir au Comité “Al-Qods” que le roi préside et au “fonds spécial” créé pour aider les habitants arabes de la ville, le moins qu’on puisse en dire, est qu’ils ressemblent fort à tous ces organismes régionaux, ou internationaux; ils sont inefficaces.

RÔLE SPÉCIAL DE LA JORDANIE
De tous les Etats arabes, seule la Jordanie est directement impliquée dans l’avenir de Jérusalem. On ne peut oublier, de prime abord, que de 1948 à 1967, la Cisjordanie - Jérusalem comprise - a de facto fait partie intégrante du royaume hachémite et qu’en dépit de l’occupation israélienne, les liens les plus étroits ont été maintenus entre les deux rives du Jourdain, surtout en ce qui a rapport aux lieux saints isla-miques.
Le traité de paix israélo-jordanien signé le 26 octobre 1994, qualifiait le rôle de la Jordanie, en ce qui concerne lesdits lieux saints, de “Spécial et d’histo-rique” auquel l’Etat juif affirmait accorder une “haute priorité.”
Il faut dire que l’attachement des Hachémites à Jéru-salem ne vient pas du néant. Il a, peut-être, ses origines dans la perte de la Mecque et de Médine conquises par les Wahabites d’Abdel-Aziz Al-Saoud en 1925-1926. S’est-il agi pour eux d’une compensation?
Certains faits appuient l’hypothèse. Sur sa demande, le Chérif Hussein de la Mecque a demandé à être enterré dans l’enceinte d’Al-Aqsa (1931) et son fils Abdallah a refusé l’internationalisation pour s’approprier une partie de la Ville Sainte au prix fort payé par son armée (1948).
Michel Chiha écrivait prophétiquement à l’époque: “Si la Jordanie s’oppose à l’internationalisation de Jérusalem, il faut qu’elle renonce à faire obstacle aux ambitions d’Israël, car pour en posséder un lambeau, elle l’expose tout entière et tout le voisinage.”
Abdallah a été assassiné à l’entrée de la même Mosquée après l’annexion de la Ville et de ce qui restait de la Pales-tine.
Son petit-fils, l’ac-tuel roi Hussein de Jordanie, a hérité de la Ville qu’il consi-dérait comme la perle de son royau-me!
Les circonstances géopolitiques l’ont acculé à s’engager dans la guerre de 1967 et à subir la défaite; mais il n’avait cessé de lutter pour récupérer la partie perdue de son Etat jusqu’au jour où, en 1988, menacé politiquement par l’Intifada, il ne juge plus prudent de rompre les liens juridiques et administratifs avec son ancien territoire palestinien, tout en gardant sa tutelle et son appui sur les Lieux Saints musulmans.
Face à l’intransigeance des Israéliens et aux faits accomplis pratiquement irréversibles, faut-ils absolument écarter tout retour à une option qui ramènerait l’acteur jordanien sur la scène? Une question qui mérite d’être posée, parce qu’à tout prendre, Israël préfère avoir pour interlocuteur un Hussein plutôt qu’un Arafat... La méfiance entre les deux hommes subsiste, en dépit des apparences et Jérusalem et ses Lieux Saints constituent l’essentiel de leurs rêves contradictoires.
Quant au Saint-Siège, l’intérêt qu’il porte à Jérusalem est aussi ancien que le conflit israélo-palestinien lui-même. Mais cet intérêt est d’une nature très spéciale, parce que le Saint-Siège est un Etat différent des autres.
Si l’internationalisation prônée par l’ONU (Rés. 181 du 29/11/47) et fortement appuyée par le Saint-Siège avait été appliquée en son temps, nul doute qu’aujourd’hui la situation serait autre. Jusqu’en 1967, on continuait à espérer un règlement du genre; mais la prise de la Vieille Ville, son annexion et toutes les transformations matérielles et démographiques qui y ont été apportées depuis lors, ont rendu les solutions du passé inapplicables par la force des choses.

LA POSITION DU SAINT-SIÈGE
Aujourd’hui, le Saint-Siège entretient des relations avec Israël et avec les Palestiniens et il a des “idées”, pour ne pas dire des propositions pour un règlement juste et équitable de la question de Jérusa-lem, rendues publi-ques par les médias du Vatican et par les interventions du Saint-Père en cer-taines occasions.
Dans une note non officielle envoyée comme document de réflexion à certaines ambassades accré-ditées auprès du Saint-Siège en juin 1993, nous relevons certaines réflexions qu’il se fait du règlement du problème posé par l’avenir de la Ville Sainte.
Le Saint-Siège fait, d’abord, la distinction entre les trois parties de Jérusalem:
1 - La partie intra-muros (à l’intérieur des murailles) considérée comme sainte par les trois religions et qui comprend les principaux Lieux Saints et les quartiers autour d’eux avec leurs communautés respectives.
2 - La partie hors les murs située à l’Ouest; c’est la ville israélienne incontestée.
3 - La partie arabe hors les murs située à l’Est, conquise par les armes et annexée, unilatéralement, par les Israéliens.
A l’égard du problème politique dans son ensemble, le Saint-Siège tient la même position que la majeure partie de la communauté internationale à savoir que l’annexion de la Jérusalem arabe, par une loi fondamentale israélienne en 1980, est considérée comme nulle et non avenue (Rés. Cons. de Sécurité nÞ478 du 20/8/1980).
Le Saint-Siège trouve qu’il serait fort dangereux pour l’avenir d’exclure l’une quelconque des parties en présence de n’importe quelle solution juste et durable, comme ce serait une erreur de “méthode” de commencer la négociation par la question de la souveraineté sur la ville.
Jérusalem intra-muros, seule concernée par les “idées” du Saint-Siège, est un tout unique, saint, historique et culturel. Elle appartient, spirituellement, à des milliards de croyants et cette réalité ne peut être effacée, militairement ou politiquement, car les religions qui n’auraient pas la jouissance libre de leur patrimoine sacré continueront à le revendiquer.
Le Saint-Siège dit que “le caractère unique et irremplaçable de la Ville Sainte doit être préservé de manière concrète et il doit être protégé de manière efficace, grâce à un statut spécial, avec une garantie interna-tionale, tel que l’une ou l’autre des parties ne puisse pas le remettre en cause.”
Ces garanties pourraient être don-nées par l’un ou l’autre des orga-nismes des Nations Unies ou même par un organisme créé à cet effet. L’identité et les caractéris-tiques historiques, religieuses et cultu-relles de la ville seraient préservées, ainsi que les parités des droits et des traitements des personnes.
L’extraterritorialité des Lieux Saints comme la proposent les Israéliens, ne serait pas une solution acceptable, parce que le caractère sacré s’attache à la Ville dans son ensemble et non à certains lieux particuliers.
Le Saint-Siège œuvre pour que Jérusalem intra-muros ne se transforme pas en musée sans vie. Les Lieux Saints restent vivants grâce à la population de la Ville Sainte... C’est pour prévenir le désastre que serait le départ forcé des habitants de la Ville, surtout des chrétiens, que les autorités religieuses musulmanes et chrétiennes insistent pour la recherche d’une solution et sauver ce qui peut encore être sauvé avant qu’il ne soit trop tard.
A l’heure où l’élargissement des limites de la Ville Sainte est projeté par les Israéliens pour couvrir six cents kilomètres carrés au lieu de cent vingt-trois actuellement, ne serait-il pas urgent de réactiver le Comité Al-Qods en formant, par exemple, un comité islamo-chrétien avec la présence aux côtés du roi Hassan II, du patriarche palestinien Sabah qualifié es-qualité pour s’adresser au monde occidental et le convaincre de l’importance de la survie de Jérusalem pour l’humanité entière.
Jérusalem doit rester et restera la mémoire commune des trois religions monothéistes. Et, si ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, il faut se souvenir que la victoire peut changer de camp.


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