WASHINGTON RELANCE LE PROCESSUS ISRAELO-PALESTINIEN

Bloqué depuis plus de dix-huit mois, le processus de paix israélo-palestinien vient de connaître un net développement, que l’on peut qualifier de positif, avec le sommet tripartite du lundi 28 septembre à la Maison-Blanche.
Le président Bill Clinton a réussi à réactiver ce dossier en accueillant, dans son bureau ovale, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, replaçant le processus sur les rails.
Cela faisait au moins deux ans que le chef de l’Exécutif US refusait de rencontrer conjointement, les deux responsables tant qu’aucun progrès n’était réalisé dans les négociations.
La tenue de ce sommet indique qu’une nette avancée a été faite entre les deux protagonistes, en ce qui concerne notamment le retrait de Tsahal de 13% de la Cisjordanie. D’ailleurs, reçu une deuxième fois, seul par M. Clinton., M. Arafat a affirmé, publiquement, qu’il acceptait un retrait de 10+3% de Cisjordanie et une zone de sécurité de 3% à transformer en réserve naturelle.
Pour l’heure, le secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright, met les bouchées doubles pour aboutir à un accord. Elle est attendue dans la région, avec le coordonnateur, Dennis Ross, le 5 octobre et un prochain sommet est prévu pour la mi-octobre.
Doit-on s’attendre à un nouveau “Camp David”?
 
 
Clinton a reçu Arafat et Netanyahu
à la Maison Blanche dans le but 
de mettre fin à l’impasse qui entrave
le processus de paix. 
 
Albright: médiateur de la paix?
CLINTON: IL Y A EU DU PROGRÈS
A l’issue du sommet qui a duré 90 minutes, le président Clinton a déclaré que “des progrès avaient été accomplis” dans les discussions sur le processus de paix au Proche-Orient. “Il reste beaucoup à faire”, a-t-il ajouté, annonçant, aussitôt, que le secrétaire d’Etat Madeleine Albright et l’émissaire Dennis Ross se rendront dans la région, début octobre, afin d’étudier les problèmes en suspens et de préparer le prochain sommet tripartite prévu pour la mi-octobre.
En réponse aux questions des journalistes, M. Clinton devait affirmer: “Je pense que nous sommes tous d’accord que nous avons réalisé un bon progrès sur la voie de la paix et réduit les distances entre les deux parties sur un nombre de questions, dont l’initiative américaine qui est au centre des concertations depuis des mois.”
Le président américain précise que les protagonistes sont appelés à revenir à Washington à la mi-octobre avec leurs conseillers, pour effectuer un travail intensif, voir s’il est possible d’aboutir à un accord et s’entendre sur la procédure à suivre. Prudent, il ne donne pas de faux espoirs: “Arriver à un accord, dit-il, dépend de leur désir d’y parvenir, de la possibilité d’établir la confiance et de la maintenir.”
Il ne se prononce pas sur la création d’un Etat palestinien affirmant: “Dans l’accord d’Oslo, cette question a été laissée aux négociations ultimes.”

Arafat à sa sortie de la Maison-Blanche.
RÔLE D’ALBRIGHT
Le sommet du 28 septembre à la Maison-Blanche a été possible grâce à la détermination de la nouvelle “dame de fer”, Madeleine Albright qui a déployé d’intenses efforts tout au long du week-end ayant précédé le sommet, en vue de réunir MM. Netanyahu et Arafat, lesquels participaient à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Elle avait eu de longs entretiens avec chacun d’eux, séparément et c’est tard dans la soirée du dimanche 27 septembre, qu’elle a réussi à les rassembler. Les deux hommes ne s’étaient plus rencontrés depuis octobre 1997.
Les efforts du secrétaire d’Etat américain, ainsi que ceux de l’émissaire Dennis Ross, dont la récente mission au Proche-Orient a duré près de dix jours, ont donc porté leurs fruits. Le sommet Clinton - Netanyahu - Arafat attendu de longue date, remis plus d’une fois, a finalement eu lieu. Le dernier sommet remonte à deux ans.
Un des effets immédiats de cette rencontre, le fait pour le chef de l’Autorité palestinienne d’accepter de tempérer le ton du discours qu’il a prononcé, le soir même de ce sommet devant l’Assemblée générale de l’ONU.
 Abou-Ammar était décidé, au préalable, d’annoncer sa détermination de proclamer, de façon unilatérale, la création de l’Etat palestinien indépendant le 4 mai 1999, à l’expiration de la période intérimaire d’autonomie de cinq ans prévue par les accords d’Oslo.
 

Clinton et Arafat  s’entretenant 
avant la conférence de presse.
 
 
Aparté entre le chef de l’Autorité
palestinienne et S. Daniel Abraham, 
PDG du centre de coopération économique
et de paix au Proche-Orient 

ARAFAT POUR LA “PAIX DES BRAVES”
Sur l’insistance du président Clinton, il a renoncé à le faire et s’est contenté de demander à la communauté internationale “d’aider les Palestiniens à créer leur propre Etat, en précisant que son peuple “continuera à rechercher et à protéger la paix des braves.”
A noter que le dirigeant palestinien a pris part, pour la première fois, à la session annuelle de l’Assemblée générale réservée aux Etats membres. Il n’a pas eu droit au titre de chef d’Etat, car la Palestine, garde un statut d’observateur privilégié à l’ONU accordé en juillet, à sa mission. Celle-ci peut, désormais, participer à toutes les activités de l’ONU, sans droit de vote.
Ayant donc fait preuve de modération dans son discours, Arafat a été reçu une seconde fois, seul et pendant 45 minutes, par le président Clinton. D’après le porte-parole de la Maison-Blanche, le président américain aurait insisté sur les “garanties de sécurité” que les Palestiniens devraient assurer aux Israéliens, les craintes de ces derniers ayant leur justification.
Interrogé par les médias à l’issue de cet entretien, Abou-Ammar qui paraissait fatigué, a affirmé que “la conversation avait porté sur les garanties et mesures de sécurité”, sans manquer de rappeler que “la proclamation de l’Etat palestinien s’harmonise avec les accords conclus en septembre 1993 avec Rabin à Washington.”

NETANYAHU: “LES NÉGOCIATIONS ONT PROGRESSÉ”
L’essentiel dans les déclarations d’Arafat est la confirmation qu’il “accepte le retrait israélien de Cisjordanie de 10+3% du territoire, avec une zone neutre de sécurité de 3%. Cette affirmation, porte de penser que les négociations ont des chances de progresser.
De retour à Tel-Aviv, le Premier ministre israélien a affirmé que les négociations de Washington avaient réalisé un progrès, leur réussite dépendant de la disponibilité des Palestiniens à respecter leurs engagements: “Je n’ai aucune garantie concernant le succès, mais je peux dire que les discussions étaient sérieuses; elles ont eu lieu à un niveau élevé de rationalité et de profondeur. Nous ne nous sommes pas entendus sur tout, mais sur certaines questions et c’est un bon départ.”
Pour le moment, les regards sont tournés vers la nouvelle mission de Madeleine Albright et Dennis Ross dans la région. Les progrès qu’ils pourront réaliser sur place détermineront la tournure du sommet de la mi-octobre. D’aucuns parlent d’un nouveau “Camp David”, mais rien n’est encore sûr. Le “parrain” américain et les deux parties antagonistes savent que rien ne sert de spéculer sur l’avenir.

RIEN NE PRÉSAGE UN ACCORD FINAL...
Le climat d’optimisme qui s’est dégagé de ce sommet était, aussitôt, tempéré par des rapports émanant de sources médiatiques et diplomatiques, selon lesquels les concertations de New York et Washington ne signifient pas que les Israéliens et les Palestiniens sont sur le point de signer un accord final.
Selon des analyses politiques, s’il est de l’intérêt de président Clinton d’intensifier son activité au Proche-Orient, afin de faire oublier l’affaire Lewinsky, il n’en est pas de même pour MM. Arafat et Netanyahu. La position du chef de l’autorité palestinienne, affirment certains, n’est pas confortable, étant donné l’accord boîteux auquel il semble devoir souscrire. Quant au Premier ministre israélien, il essaye, tant qu’il peut, de retarder les retraits de Cisjordanie pour satisfaire les fractions extrémistes, celles-ci exerçant des pressions pour la tenue d’élections anticipées et menacent de faire chuter Netanyahu s’il conclut un nouvel accord avec Arafat.
Le mouvement intégriste palestinien “Hamas” est, de son côté, déterminé à contrer tout accord israélo-palestinien. Des milliers de ses partisans se sont retrouvés à Naplouse pour rendre hommage aux frères Awadallah tués il y a un mois par les services spéciaux israéliens. Les manifestants ont brûlé des drapeaux israéliens et appelé à la vengeance, alors qu’à partir de Gaza, le leader de Hamas, cheikh Ahmad Yassine, lançait une mise en garde aux dirigeants de l’autorité palestinienne. “L’accord d’Oslo, leur dit-il, est arrivé à une impasse; il faut renoncer aux négociations pour reprendre le chemin des tranchées et de la résistance”.

UNE SOLUTION PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE
Aucune attitude radicale ne peut faire progresser le processus de paix dans la région. Face au mouvement “Hamas”, qui appelle à la résistance et refuse les accords, Israël continue à exiger de l’autorité palestinienne “de lutter contre les activités du mouvement de la résistance islamique responsable de la plupart des attentats anti-israéliens de ces dernières années.”
D’ailleurs, il n’y a qu’à voir les mesures draconiennes de sécurité prises par l’Etat hébreu, surtout autour des lieux saints juifs, à l’occasion de la fête du pardon le “youm Kipour” pour s’en convaincre.
Parallèlement, le fait d’inviter la police palestinienne à jouer le gendarme vis-à-vis du “Hamas” à Gaza et en Cisjordanie, ne peut que provoquer à la longue une explosion généralisée à l’intérieur de la zone autonome.
D’où la nécessité d’une solution. Pour l’heure, on peut parler d’une reprise des négociations israélo-palestiniennes, bloquées depuis plus de dix-huit mois, exactement depuis le jour où Israël a décidé de mettre en chantier une nouvelle colonie juive à Jérusalem-Est.
Mais la diplomatie américaine n’a baissé les bras à aucun moment. Elle a multiplié les efforts et contacts pour relancer le processus et obtenir l’accord des deux parties autour du plan qu’elle propose sur un retrait de 13% de “Tsahal” de Cisjordanie, doublé d’arrangements de sécurité.
Madeleine Albright et Dennis Ross vont poursuivre la tâche dans la région, en prévision du sommet du 15 octobre. Que réservera-t-il sur la voie des négociations israélo-palestiniennes? Un nouveau “Camp David” ou un petit pas sur le chemin long et pénible du processus de paix?


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