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PROGRAMMES SCOLAIRES: REVOLUTIN PEDAGOGIQUE OU SAUT DANS L'INCONNU?
 
Les nouveaux programmes scolaires ont été rendus publics mardi au cours d’une cérémonie officielle placée sous le patronage du chef de l’Etat (notre photo). Ces programmes, présentés comme une “révolution pédagogique”, donnent lieu à des critiques formulées par des éducateurs qui les considèrent comme un “simple démarrage” et d’autres comme “un saut dans l’inconnu”. Espérons qu’ils répondront aux mutations de notre société et aux impératifs de l’évolution moderne.
Un nouveau débat, en plus de celui concernant les scolarités, est institué au début de la rentrée: il porte sur les nouveaux program-mes élaborés par le Centre natio-nal de recherche et de dévelop-pement pédagogique (CNRDP) qui, dès cette année, seront appliqués dans certaines classes.
Ces programmes introduisent dans l’enseignement de nouvel-les matières dites d’avant-garde, telles l’économie, la sociologie, la technologie et l’informatique.
Quels en sont les objectifs? Former un citoyen éduqué et productif et réduire au maxi-mum l’échec et l’abandon sco-laires, la priorité étant donnée à la compréhension, à la réflexion et à la recherche. Il s’agit, surtout, “d’épanouir la personnalité de l’enfant”.
Le CNRDP qualifie ses pro-grammes de “révolution dans le domaine de l’éducation”, en pré-cisant que ses chercheurs se sont inspirés des systèmes adoptés par les différents pays occiden-taux, la France et le Canada, en tête, notamment en ce qui con-cerne la méthode à suivre pour évaluer l’évolution de l’élève.
Autre “innovation”: notre progéniture sera rarement mise en situation d’échec ou de diffi-culté, un passage automatique de classe étant assuré. Mais est-ce bien dans l’intérêt de l’élève et si ce dernier manifeste des difficul-tés d’assimilation des matières qui lui sont enseignées, ne serait-il pas préférable de lui faire changer de cycle d’études, en le transférant à un établissement spécialisé dans l’enseigement technique et professionnel?
Cela dit, une qustion s’impose d’elle-même: le corps enseignant est-il habilité à appliquer les nouveaux programmes?
De l’aveu même du directeur du CNRDP, “les instituteurs ont suivi durant l’été un stage de formation qui reste insuffisant. Ce n’est qu’un démarrage”.
De son côté, un sociologue ayant participé à l’élaboration des nouveaux programmes, estime que “la formation des enseignants, du moins ceux du secteur public, ne s’achèvera pas avant  une dizaine d’années”.
Naturellement, il est difficile d’associer la théorie à la pratique. Mais ce serait placer la charrue devant les bœufs que d’adopter des programmes dont l’applica-tion s’avère aléatoire, en raison du manque d’initiation de ceux ayant la charge de les appliquer.
Le recteur de Jamhour en doute, dans la mesure où cela suppose “une connaissance et un suivi de chaque élève - on compte souvent plus de trente écoliers dans une classe -, ainsi qu’un travail supplémentaire pour remplir les grilles d’observation”.
Le recteur de Jamhour et le directeur des Makassed évo-quent, aussi, les investissements en équipements et en personnel que ces enseignements nécessi-tent. “Qui assumera ces frais sup-plémentaires?”, demandent-ils.
Ces deux éducateurs émettent d’autres critiques au plan acadé-mique portant sur le fait de char-ger l’élève de douze à quatorze matières et trouvent cela “exces-sif”...
Quoi qu’il en soit et en laissant aux pédagogues le soin de se prononcer sur les nouveaux programmes scolaires, nous voulons espérer que ces derniers répondront aux impératifs de l’évolution moderne et, surtout, aux mutations de notre société qui exigent des structurations adéquates. 

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