![]() “La Méridienne” (crayon noir et pastel sur papier) de Millet. |
![]() “La Sieste”, peint par Van Gogh. |
![]() Inspirée par Millet, cette œuvre de Van Gogh peinte en 1889: “Le batteur de blé”. |
![]() “Paysanne gerbant le blé” par Van Gogh d’après Millet. |
“LES RELIGIONS PASSENT, DIEU DEMEURE...”
La peinture devrait donc “utiliser l’ordinaire pour exprimer le sublime.
C’est là qu’est la réelle puissance”, pensait Millet. Et
Van Gogh d’écrire: “Je pense souvent que les paysans constituent
un monde à part, meilleur à bien des égards que le
monde civilisé.”
L’artiste réinscrit Millet dans la modernité. En 1884,
il confie: “Pour moi, Millet est le peintre essentiellement moderne grâce
à qui l’horizon s’est ouvert devant beaucoup...”
Ainsi, Van Gogh reproduira à cinq reprises “Le Semeur” et de
ses premières tentatives découleront toute une suite de variations
sur le même thème, le créateur essayant d’améliorer
son dessin, tout en approfondissant l’approche psychologique de ces modèles:
Des hommes et des femmes aux traits grossiers, éclairés par
la lumière du midi, parcourue par une touche ondoyante.
Aux coloris nuancés, sobres, de Millet, il oppose ses soleils
jaunes, ces champs de blé dorés, tout en se préoccupant
de peindre aussi la nuit. “La nuit étoilée” qui est également
exposée à cette manifestation, tout à côté
de l’œuvre de Millet, reste une composition à part.
“Il me semble, dira Van Gogh, que la nuit est encore plus richement
colorée que le jour, colorée de violet, de bleu et des verts
les plus intenses”. D’où des “effets de nuit” dont le noir était
proscrit...
![]() “Le Semeur” de Millet. |
![]() “Le Semeur au soleil couchant” de Van Gogh dans un face à face éblouissant. |
VAN GOGH, UN MUSICIEN QUI INTERPRÉTAIT
UNE ŒUVRE COMPOSÉE PAR UN AUTRE ARTISTE
“Plus j’y réfléchis et plus je trouve que cela ait raison
d’être, de rechercher à reproduire des choses de Millet, que
celui-ci n’a pas eu le temps de peindre à l’huile...”
Ce n’est pas copier... C’est plutôt traduire dans une autre langue
- celle des couleurs - les impressions de clair-obscur.
Chez Van Gogh, la copie devenait création personnelle, transfigurée
par la lumière solaire dont il rêvait dans sa chambre de malade,
se comparant à un musicien qui interprèterait une œuvre composée
par un autre artiste.
Tel un paysan courbé sur son labeur, Van Gogh à travers
Millet s’identifiait à ces personnages de paysans, voyant dans leur
condition de vie, l’image biblique de l’homme gagnant son pain, à
la sueur de son front. Au musée d’Orsay, les “emprunts” que Van
Gogh fait à Millet sont indissociablement un hommage rendu à
l’homme et une adhésion contenue de sa peinture.
Hommage et adhésion qui passent par la reprise de motifs ou
sujets particuliers.
Comme Delacroix était fasciné par Rubens, Degas et Manet
par Velasquez, Van Gogh, alors qu’il n’était âgé que
de 22 ans, après avoir assisté à la vente de 95 pastels
de Millet à Drouot, écrivait à Théo: “Quand
je suis arrivé dans la salle où étaient exposées
les œuvres de Millet, j’ai éprouvé quelque chose dans le
genre de “Déchausse-toi, le lieu que tu foules est sacré...”
Une exposition-événement qui est en fait l’hommage passionné
de Van Gogh à son maître, le peintre Jean-François
Millet.