INVITANT LE FUTUR CHEF DE L'ETAT A ELIMINER LA TROIKA
SALIM HOSS: "LE GENERAL EMILE LAHOUD EST LE PRESIDENTIABLE LE PLUS EN VUE ET SA CANDIDATURE EST ACCUEILLIE FAVORABLEMENT PAR LES CITOYENS"

Le futur chef de l’Etat doit se signaler par sa droiture, sa probité et son abnégation”, déclare le président Salim Hoss qui rassemble, sans aucun doute, ces qualités, en plus de sa discrétion, laquelle le maintient loin des feux de la rampe, préférant travailler dans le calme et le silence.
Bien qu’il lui répugne de se manifester à tout bout de champ, il a bien voulu émettre son avis à propos des questions d’actualité: de l’échéance présidentielle, de l’alliance militaire israélo-turque, de la situation à Jezzine et au Liban-Sud et de tant de problèmes de l’heure.
Interrogé sur le point de savoir pourquoi un tel tapage est entretenu, cette fois, autour de l’élection présidentielle, le député de Beyrouth répond: “Ce tapage est justifié, en raison de l’importance de la magis-trature suprême au Liban. En effet, en sa qualité de gardien de la Constitution et de garant de son application, le prési-dent de la République peut mener l’Etat de façon à satisfaire les aspirations des citoyens et à les rassurer quant à leur avenir.

SUPPRIMER LA TROÏKA
“Il est demandé au futur Premier Libanais, ajoute-t-il, de supprimer la troïka et, aussi, d’engager le Conseil des ministres qui incarne le Pouvoir exécutif, à élaborer des stratégies dans tous les domaines, susceptibles d’aider au règlement des problèmes auxquels le pays est confronté.  De plus, il est clair que, selon la Constitution, il peut présider les réunions du Conseil des ministres.
“En tête des problèmes qu’il sera appelé à trancher rapi-dement, figurent la crise sociale, la vie chère en tête; le déficit budgétaire, la réforme administrative et la dette publique.
“Or, la réforme adminis-trative ne peut être réalisée que par un gouvernant apte à l’entreprendre et par un véritable réformateur. C’est pourquoi, le futur chef de l’Etat devra jouir de la droiture, de la probité et de l’abnégation, en plus de la sagesse, pour pouvoir faire œuvre utile.”

- La Rencontre parlementaire nationale dont vous faites partie avec M. Boutros Harb, soutient-elle la candidature du député de Batroun à la présidence?
“Notre groupe parlemen-taire n’a pas débattu jusqu’ici de l’échéance présidentielle et notre collègue Boutros Harb a posé sa candidature de sa propre initiative. Cependant, il a pris contact avec les membres de la R.P.N. et leur a exposé son programme. Nous lui avons souhaité le succès, mais notre groupe n’a pas encore fixé une attitude déterminée à ce sujet, se réservant le droit de se prononcer sur les candidats en présence le jour de l’élection présidentielle.
Il faut cependant relever que cheikh Boutros (Harb) est connu pour sa compétence, sa haute moralité et son patriotisme.”

LE GÉNÉRAL LAHOUD, PRÉSIDENTIABLE LE PLUS EN VUE
- Le général Emile Lahoud est-il maintenant assuré d’être élu à la magistrature suprême?
“Naturellement, une décision n’a pas encore été prise et, en définitive, la Chambre des députés aura le dernier mot. N’empêche que la candidature du général La-houd est accueillie, favorable-ment, par les citoyens, en raison des qualités dont il jouit, l’habilitant à être un président à la hauteur des responsabilités nationales.
“Si le commandant en chef de l’Armée n’a pas proclamé sa candidature, il est considéré, pratiquement, comme l’un des présidentiables le plus en vue.”

- Vous admettez que l’accord de Taëf a réduit les prérogatives du président de la République et considérez, en même temps, que c’est un poste important...
“Il va sans dire que l’accord de Taëf a transféré certaines prérogatives du chef de l’Etat au Conseil des ministres à qui il a conféré les attributions du Pouvoir exécutif.
“Notre grief avant Taëf portait, surtout, sur le fait que le système alors en vigueur conférait au Président de larges prérogatives, alors qu’il le déchargeait de toute respon-sabilité dans l’exercice de ses fonctions, sauf en cas de violation de la Constitution et de haute trahison.
“Il est naturel que les prérogatives soient en con-formité avec les responsabilités à assumer. J’avais écrit un article avant la réunion de Taëf dans lequel j’avais nommé le chef de l’Etat un “roi à la tête de la République”.
“Mais cela ne signifie pas que le président de la République est privé de ses attributions. Il reste le chef de l’Etat, le symbole de son unité et le commandant suprême des forces armées, bien que celles-ci soient sous l’autorité du Conseil des ministres.
“Il lui est demandé de veiller à l’application de la Constitution et a toute latitude de rejeter les décisions du Conseil des ministres ou les lois ratifiées par l’Assemblée, s’il juge qu’elles violent la loi fondamentale, le principe de justice ou portent atteinte à la législation. De plus, il peut présider les réunions du Conseil des ministres et, partant, influer sur les décisions que ce dernier est appelé à prendre.”

IL FAUT APPLIQUER LA RÉSOLUTION 425
- Y a-t-il du nouveau, à votre connaissance, à propos de Jezzine et du Liban-Sud?
”Jezzine est une terre occupée et le restera tant que les agents d’Israël s’y main-tiendront. Cette localité est donc régie sous le régime de l’occupation et le Liban officiel exige de l’Etat hébreu et de ses agents d’évacuer, incondition-nellement, toutes les portions de notre territoire qu’ils occupent, en application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
“Le peuple libanais a donc le droit de poursuivre sa résistance et son combat par tous les moyens disponibles, jusqu’à la récupération de son territoire.”

- D’aucuns considèrent l’alliance militaire turcoisra-élienne comme étant dirigée contre le monde arabe. Qu’en pensez-vous?
“Il est naturel que tous les Arabes réprouvent une telle alliance entre Israël et la Turquie, qui aura pour conséquence d’attiser la tension dans la région et d’aggraver les périls qui la menacent. C’est le résultat normal de l’agression israé-lienne permanente.”

- A votre avis, cette alliance soutient donc l’agression israélienne contre les Arabes?
“Elle signifie, sans nul doute, l’appui de cette agres-sion contre la nation arabe et, partant, l’encouragement de l’Etat hébreu à perpétuer l’occupation des territoires arabes que ce soit en Palestine, en Syrie et au Liban.”

Propos recueillis parJOSEPH MELKANE

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