SUPPRIMER LA TROÏKA
“Il est demandé au futur Premier Libanais, ajoute-t-il, de supprimer
la troïka et, aussi, d’engager le Conseil des ministres qui incarne
le Pouvoir exécutif, à élaborer des stratégies
dans tous les domaines, susceptibles d’aider au règlement des problèmes
auxquels le pays est confronté. De plus, il est clair que,
selon la Constitution, il peut présider les réunions du Conseil
des ministres.
“En tête des problèmes qu’il sera appelé à
trancher rapi-dement, figurent la crise sociale, la vie chère en
tête; le déficit budgétaire, la réforme administrative
et la dette publique.
“Or, la réforme adminis-trative ne peut être réalisée
que par un gouvernant apte à l’entreprendre et par un véritable
réformateur. C’est pourquoi, le futur chef de l’Etat devra jouir
de la droiture, de la probité et de l’abnégation, en plus
de la sagesse, pour pouvoir faire œuvre utile.”
- La Rencontre parlementaire nationale dont vous faites partie avec
M. Boutros Harb, soutient-elle la candidature du député de
Batroun à la présidence?
“Notre groupe parlemen-taire n’a pas débattu jusqu’ici de l’échéance
présidentielle et notre collègue Boutros Harb a posé
sa candidature de sa propre initiative. Cependant, il a pris contact avec
les membres de la R.P.N. et leur a exposé son programme. Nous lui
avons souhaité le succès, mais notre groupe n’a pas encore
fixé une attitude déterminée à ce sujet, se
réservant le droit de se prononcer sur les candidats en présence
le jour de l’élection présidentielle.
Il faut cependant relever que cheikh Boutros (Harb) est connu pour
sa compétence, sa haute moralité et son patriotisme.”
LE GÉNÉRAL LAHOUD, PRÉSIDENTIABLE
LE PLUS EN VUE
- Le général Emile Lahoud est-il maintenant assuré
d’être élu à la magistrature suprême?
“Naturellement, une décision n’a pas encore été
prise et, en définitive, la Chambre des députés aura
le dernier mot. N’empêche que la candidature du général
La-houd est accueillie, favorable-ment, par les citoyens, en raison des
qualités dont il jouit, l’habilitant à être un président
à la hauteur des responsabilités nationales.
“Si le commandant en chef de l’Armée n’a pas proclamé
sa candidature, il est considéré, pratiquement, comme l’un
des présidentiables le plus en vue.”
- Vous admettez que l’accord de Taëf a réduit les prérogatives
du président de la République et considérez, en même
temps, que c’est un poste important...
“Il va sans dire que l’accord de Taëf a transféré
certaines prérogatives du chef de l’Etat au Conseil des ministres
à qui il a conféré les attributions du Pouvoir exécutif.
“Notre grief avant Taëf portait, surtout, sur le fait que le système
alors en vigueur conférait au Président de larges prérogatives,
alors qu’il le déchargeait de toute respon-sabilité dans
l’exercice de ses fonctions, sauf en cas de violation de la Constitution
et de haute trahison.
“Il est naturel que les prérogatives soient en con-formité
avec les responsabilités à assumer. J’avais écrit
un article avant la réunion de Taëf dans lequel j’avais nommé
le chef de l’Etat un “roi à la tête de la République”.
“Mais cela ne signifie pas que le président de la République
est privé de ses attributions. Il reste le chef de l’Etat, le symbole
de son unité et le commandant suprême des forces armées,
bien que celles-ci soient sous l’autorité du Conseil des ministres.
“Il lui est demandé de veiller à l’application de la
Constitution et a toute latitude de rejeter les décisions du Conseil
des ministres ou les lois ratifiées par l’Assemblée, s’il
juge qu’elles violent la loi fondamentale, le principe de justice ou portent
atteinte à la législation. De plus, il peut présider
les réunions du Conseil des ministres et, partant, influer sur les
décisions que ce dernier est appelé à prendre.”
IL FAUT APPLIQUER LA RÉSOLUTION 425
- Y a-t-il du nouveau, à votre connaissance, à propos
de Jezzine et du Liban-Sud?
”Jezzine est une terre occupée et le restera tant que les agents
d’Israël s’y main-tiendront. Cette localité est donc régie
sous le régime de l’occupation et le Liban officiel exige de l’Etat
hébreu et de ses agents d’évacuer, incondition-nellement,
toutes les portions de notre territoire qu’ils occupent, en application
de la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
“Le peuple libanais a donc le droit de poursuivre sa résistance
et son combat par tous les moyens disponibles, jusqu’à la récupération
de son territoire.”
- D’aucuns considèrent l’alliance militaire turcoisra-élienne
comme étant dirigée contre le monde arabe. Qu’en pensez-vous?
“Il est naturel que tous les Arabes réprouvent une telle alliance
entre Israël et la Turquie, qui aura pour conséquence d’attiser
la tension dans la région et d’aggraver les périls qui la
menacent. C’est le résultat normal de l’agression israé-lienne
permanente.”
- A votre avis, cette alliance soutient donc l’agression israélienne
contre les Arabes?
“Elle signifie, sans nul doute, l’appui de cette agres-sion contre
la nation arabe et, partant, l’encouragement de l’Etat hébreu à
perpétuer l’occupation des territoires arabes que ce soit en Palestine,
en Syrie et au Liban.”