En fait, le président Assad ne voudrait pas de cette rencontre
avec son homologue libanais, avant que se clarifient toutes les options
en rapport avec les présidentielles, qu’il s’agisse du futur chef
de l’Etat ou de la formation du premier Cabinet du prochain régime.
Aussi, faut-il s’attendre à ce que Damas termine ses concertations
avec certaines parties locales, le président Rafic Hariri en tête,
après son retour de New York et Washington via Paris, avant de fixer
la date du sommet bipartite.
Le chef du gouvernement serait revenu de Damas “sans en apporter rien
de nouveau”, d’après sa coterie, qui insinue que le sommet libano-syrien
n’aurait pas lieu “avant une semaine”.
Ceci a relancé les spéculations et la supputation des
chances des présidentiables, au point que les “actions” de certains
d’entre eux ont haussé, alors que celles d’autres ont régressé!
HRAOUI RÉFRACTAIRE À LA RECONDUCTION?
Au palais de Baabda, le chef de l’Etat se dit toujours réfractaire
à la nouvelle reconduction de son mandat, affirmant n’attendre que
le 23 novembre prochain pour regagner sa résidence.
Cependant, ceux qui le connaissent bien pensent qu’il n’a pas tout
à fait perdu l’espoir de faire proroger son mandat. Dans le cas
contraire, il croit avoir la possibilité d’avoir son mot à
dire dans le choix des futurs membres du gouvernement...
A Aïn el-Tiné, le président Nabih Berri tout en
se préoccupant de renouveler le conseil directorial de “Amal”, au
lendemain de son IXème congrès annuel qui l’a réélu
à la tête de ce mouvement chiite, observe les développements
en cours et, surtout, les déplacements et déclarations du
Premier ministre. D’autant que M. Hariri intensifie ses contacts, non seulement
sur le plan local, mais à l’étranger: à New York,
Washington, Paris et Damas où, pense le chef du Législatif,
le chef du gouvernement n’a pas omis d’évoquer les élections
présidentielles avec ses interlocuteurs.
M. Berri soupçonne même le président du Conseil
de disposer de certaines données - en rapport avec l’échéance
présidentielle - qu’il s’abstient d’ébruiter, espérant
ainsi figurer en tête de liste parmi les “grands électeurs”.
De toute manière, M. Berri est persuadé que M. Hariri
n’a pas encore pris position, d’une manière définitive, envers
les présidentiables en lice et qu’il ne lui répugnerait pas
que M. Hraoui reste au palais de Baabda...
Pourtant, M. Hariri n’a cessé d’affirmer au cours de son voyage
à l’étranger, que “le futur président de la République
sera le général Emile Lahoud”. Il n’en reste pas moins que
certains de ses proches lui attribuent des réflexions dont il ressort
qu’il craint que la présence du général Lahoud à
la tête de l’Etat “militarise” le pouvoir...
Quoi qu’il en soit, les observateurs attachent peu de crédit
à toutes ces informations, partant du fait que le mot de la fin
incombera aux “grands électeurs”, tant régionaux qu’internationaux.
C’est à eux que reviendra le dernier mot et ils le feront connaître
durant le dernier quart d’heure...
L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AVANT
LE 23 OCTOBRE
Cela dit, des sources fiables assurent que l’élection présidentielle
aura lieu avant le 23 octobre, le sommet libano-syrien devant se tenir
avant le 10 de ce mois, date à laquelle le compte à rebours
commencera à courir, à partir du moment où l’Assemblée
sera appelée à réviser l’article 49 de la Constitution.
En ce qui concerne Damas, on prête aux responsables syriens l’intention
de rester à égale distance de toutes les parties (libanaises);
aussi, se soucient-ils de recueillir le point de vue des unes et des autres,
avant de se prononcer sur le mécanisme conformément auquel
sera élu le futur chef de l’Etat.
Toujours est-il que le général Lahoud a le plus de chance
de l’emporter, le président Berri; puis, le président Hariri
l’ayant confirmé à plus d’une reprise après leur retour
des bords du Barada.
Par ailleurs, les milieux politiques se sont arrêtés,
à la fin de la semaine écoulée, à la déclaration
faite par S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir avant son départ pour
le Vatican.
L’éminent prélat s’est étonné “de ce que
les Libanais ne connaissent pas encore le nom du futur chef de l’Etat,
alors que le mandat du président Hraoui approche de sa fin”. De
plus, il a émis le souhait de voir accéder à la magistrature
suprême, selon le système démocratique, un homme rompu
à la politique, ayant conscience des responsabilités à
assumer et apte à trouver les solutions aux problèmes auxquels
le pays est confronté.
JOUMBLATT CRITIQUE LA DROITE ET LA GAUCHE
De même, le fait pour le ministre des Déplacés,
M. Walid Joumblatt d’avoir réclamé “l’abrogation de l’accord
de Taëf” “parce qu’il consacre le confessionnalisme”, dans un discours
prononcé dimanche dernier au cours d’un meeting populaire a retenu
l’attention des observateurs.
De plus, il a mis en garde contre “les plans de la droite libanaise...
qui a la capacité de compromettre l’unité de la patrie....”
Sans manquer de s’en prendre à certains dirigeants de la gauche
libanaise, l’accusant “de sacrifier les martyrs” et les invitant à
faire leur autocritique.
Cela dit et en dépit de ses multiples pérégrinations,
les problèmes d’ordre interne continuent à préoccuper
le chef du gouvernement qui a laissé s’amonceler bien des crises,
depuis la formation de sa première équipe ministérielle
en 1992.
L’opposition assure que M. Hariri ne pourra pas continuer à
ignorer ces crises, en tête desquelles celles qui affectent le citoyen
dans sa vie quotidienne, surtout à l’occasion de la rentrée.
Les Libanais lui font assumer la responsabilité de leurs malheurs
et s’il persistait dans la même ligne de conduite, tout indique qu’il
n’aurait pas la tâche facile, s’il était chargé de
mettre sur pied le premier Cabinet du futur régime.
A ce propos, la prochaine équipe gouvernementale est au centre
des tractations, en ce moment, chaque partie cherchant à s’assurer
le plus grand nombre de maroquins. Aussi, des sources bien informées,
prédisent-elles des obstacles que M. Hariri aurait de la peine à
surmonter, au moment où il aura à mettre sur pied un nouveau
gouvernement. D’autant qu’on prête à Damas l’intention de
favoriser la constitution d’une équipe équilibrée
et de profiter, dans ce domaine, des erreurs du passé.