BEYROUTH ECHAPPE A UNE CATASTROPHE:
DIX HEURES DURANT, LES FLAMMES ET LA FUMEE ONT SATURE LE CIEL DE LA CAPITALE

D’épais flocons noirs, au petit matin, couvraient le ciel de ce dimanche de la capitale, provenant de l’incendie d’un pétrolier maltais, le “Giovanna Valetta” mouillant au large de Dora, précisément au point de décharge des carburants.
 
LE SINISTRE
Selon les premières informations, une fuite d’essence à partir d’un pétrolier maltais, déchargeant du carburant, aurait été à l’origine de l’incendie. L’essence s’échappant du navire a donné lieu à une longue traînée de feu menaçant les embarcations du 5ème bassin. Une partie de la coque du bâtiment a été ravagée par les flammes. Le chalutier d’un pêcheur se trouvant à proximité a pris feu à son tour et ce dernier s’est trouvé tout à coup cerné par les flammes... Mais il a pu finalement être secouru et transporté à l’hôpital.
Dimanche soir, les causes du sinistre n’avaient pas encore été élucidées. Cependant, selon un employé du port, le sinistre aurait été provoqué par une fuite dans la salle des machines, ou par un court-circuit! Toujours est-il que l’équipe de secours n’est parvenue à circonscrire les flammes qu’après une lutte acharnée de plus de dix heures: cent vingt pompiers, relevant de la brigade de Beyrouth, aidés par la Défense civile. Une partie de l’équipage formé de 29 membres, dont le capitaine, un Grec, qui étaient encore à bord après que le feu se fût déclaré, n’a pas  eu le temps d’actionner les circuits de pompage d’eau de mer et d’inondation des soutes - où l’essence est entreposée. Ce sont les éléments des forces navales libanaises qui ont finalement réussi à neutraliser les flammes, en transportant sur leurs barges des auto-pompes actionnées à partir des vedettes de l’armée. Et trois cent-treize gallons de neige carbonique transportés jusqu’au lieu de l’incendie ont permis de maîtriser le feu, heureusement avant que celui-ci n’atteigne les dépôts de fuel sur le littoral et éviter, ainsi, de justesse, une catastrophe véritable: le “Giovanna” se trouvant à 150 m des grands réservoirs de carburants de Dora.
Actuellement, les investigations entreprises par les autorités compétentes sont en cours.
Quoi qu’il en soit, les méthodes mises en œuvre pour lutter contre l’incendie soulignent la déficience des moyens opérationnels des brigades de pompiers. Pourtant, les derniers incendies de centaines d’hectares de forêts, encore récents, n’auraient-ils pas dû servir de leçon?

Attroupement de curieux face au feu...
 

Le ministre Akram Chéhayeb entouré 
de ses collaborateurs.

GREENPEACE: “UNE VÉRITABLE CATASTROPHE”
“Le “Giovanna” transportait 26.000 tonnes de gazoline-essence. Sept mille tonnes avaient déjà été déversées lorsque l’incendie s’est déclaré”, selon M. Chéhayeb. Le tiers seulement a brûlé, une partie est restée dans les dépôts du navire et des milliers de tonnes auraient fini dans la mer... Information que certaines sources démentent.
Selon Fouad Hamdane, représentant de Greenpeace, l’épaisse fumée qui a enveloppé, pendant des heures, Dora, Achrafieh et d’autres quartiers de la capitale, contient des éléments extrêmement toxiques comme le vanadium et le plomb ainsi que des hydrocarbures. “Lorsque les particules refroidissent, elles retombent sur le sol, fait-il observer et, après sept heures d’incendie, Beyrouth a été recouverte par cette poussière toxique. Aussi, a-t-il poursuivi, la baie de Bourj-Hammoud doit être considérée comme la région la plus polluée du Liban et l’accident d’hier a aggravé cette pollution.” M. Hamdane a proposé alors d’interdire la pêche dans le périmètre pendant un ou deux jours, le temps de donner à la nappe de carburant d’être diluée par les courants marins.
Le ministre Chéhayeb a tenu, à peu près, le même langage en affirmant que les retombées de cet incendie seront très négatives sur la faune marine.
Quant au Dr Bernard Jerbaka, membre de la commission de l’Environnement de l’Ordre des médecins, il pense qu’il faudra des années pour effacer les traces.
En revanche, le responsable d’une société d’importation de carburant a qualifié, d’exagérément sombre le tableau brossé par MM. Chéhayeb, Hamdane et Jerbaka.


La brigade des pompiers en action.
SABOTAGE: HYPOTHÈSE OU INDICES?...
L’incendie du pétrolier maltais “Giovanna” est-il accidentel? Ou provoqué? Les enquêteurs, sur instruction de l’avocat-général près la Cour d’Appel de Beyrouth, Abdallah Bitar, en collaboration avec des experts militaires se penchent sur l’affaire.
A cet effet, des hommes-grenouilles ont recueilli les échantillons et effectué des prélèvements du fond marin à l’endroit où la nappe d’essence avait brûlé. De son côté, le directeur général du ministère de l’Industrie, M. Nicolas Nasr, a souligné que le pétrolier a été placé sous garde judiciaire et qu’il a désigné trois compagnies d’expertise, afin d’analyser les quantités de carburant toujours présentes et leur conformité aux normes exigées par le Liban.

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