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![]() Nous n’avons pas cru si bien dire en écrivant, la semaine dernière, que le projet relatif à l’enrichissement illicite, était un sujet de diversion soulevé chaque fois pour amuser la galerie et jeter de la poudre aux yeux des gens. Le texte gouvernemental mis au point par le ministère de la Justice, stipule que la loi sera appliquée à toute la classe officielle et politique: les présidents, les ministres, les députés, les fonctionnaires des trois catégories, lesquels sont tenus de déclarer leur patrimoine. Cependant, les gouvernants se laisseront-ils embarquer dans cette galère, agissant à la manière de quiconque scie une branche sur laquelle il est assis? Ainsi, l’effet rétroactif a fait l’objet d’une vive discussion et il semble qu’on ait trouvé une échappatoire pour épargner et sauver tant de têtes qui, sans cela, seraient condamnées à tomber! En effet, selon le ministre des Affaires étrangères, membre de la commission ad hoc chargée d’amender le projet mentionné, “l’effet rétroactif impliquerait tant de personnes que, pratiquement, toute la classe politique serait concernée”. Constatation ou aveu de culpabilité? Conclusion pratique: il a été jugé préférable de... tourner la page, en faisant bénéficier d’une amnistie tous ceux qui seraient soupçonnés de s’être enrichis illicitement. La formule, comme toujours, a été trouvée au profit de ceux qui risqueraient de prendre le chemin de la prison: le Conseil des ministres tranchera cas par cas. Un autre point a, également, fait l’objet d’un débat animé: la loi sur l’enrichissement illicite transgresse-t-elle le principe du secret bancaire? Le gouverneur de la Banque centrale a précisé que ce dernier doit être levé dans trois cas: la faillite, les poursuites engagées par une banque contre un client et l’enrichissement illicite. Aussi, a-t-il approuvé la loi “parce qu’elle favorise la transparence”. Cela dit, on serait curieux de savoir pourquoi, après avoir été négligé au cours de tant d’années, ce projet a subitement été élaboré en un temps record, soumis au Conseil des ministres pour approbation, avant d’être communiqué à l’Assemblée nationale en vue de sa ratification! Qu’est-ce qui a bien pu piquer au vif tous ces messieurs pour qu’ils se lèvent comme un seul homme et fassent hâter le vote d’une loi dont ils s’étaient souciés si peu jusqu’ici? Tout simplement, parce qu’il leur fallait s’assurer d’une couverture les mettant à l’abri de toute poursuite judiciaire; aussi, ont-ils inventé cette disposition salvatrice. Car la loi est faite pour les autres, n’est-ce pas? A ceux qui viendront après nous... Quant à nous, qu’on nous laisse jouir d’une fortune et de biens pas toujours acquis à la sueur du front! On aimerait savoir ce que pense de tout cela le Général-Président! |