D'APRES LES REUNIONS DE TRAVAIL DU PRESIDENT LAHOUD ET LES SUJETS EVOQUES
LE NOUVEAU REGIME INSTAURERAIT UNE POLITIQUE D'AUSTERITE
L’étape est encore celle de l’étude et des préparatifs du nouveau régime acquis à l’idée du changement qui est une chose importante; aussi, faut-il éviter tout faux pas dans ce domaine.
Il s’agit d’un changement radical et véritable, sans que cela signifie le torpillage des réalisations accomplies par le régime précédent. Afin de traduire tous ces faits d’une manière parfaite, le président Emile Lahoud avance à pas mesurés et prudents.

A cet effet, il multiplie les réunions de travail qu’il tient avec le président du Conseil, auxquelles participent de hauts fonctionnaires. Par la suite, le président élu confèrera avec le président Hraoui qui lui fera un exposé exhaustif des problèmes à résoudre et des dossiers à trancher, afin qu’il en soit informé et puisse s’atteler à leur règlement dès son entrée en fonction.
Les réunions de travail du président Lahoud se poursuivent, quotidiennement, même en l’absence du Premier ministre qui s’est rendu, dernièrement, à Damas; puis, au Caire.
Selon des sources fiables, M. Hariri n’a pas vu d’un bon œil le fait pour le président Lahoud d’avoir convoqué les responsables de certains organismes officiels, estimant qu’il n’a pas le droit de le faire avant de prendre en charge ses fonctions constitutionnelles. Cependant, il a apprécié le souci du président élu d’avoir conféré la plupart du temps avec les hauts fonctionnaires, en sa présence, étant donné que M. Hariri a une autorité de tutelle au double plan politique et financier sur les organismes dont les fonctionnaires assument la gestion.

PRIORITÉ AU VOLET FINANCIER
D’après des milieux renseignés, le président Lahoud se sera fait une idée claire et nette de tous les dossiers au moment de son investiture, au triple plan politique, économico-social et financier. Il va sans dire qu’il attache beaucoup d’importance au volet financier, en raison de son rapport avec le Trésor, le Général-Président se préoccupant de préserver le pouvoir d’achat de la monnaie nationale et la parité de la livre par rapport aux devises sur le marché local des changes.
Cela dit, les observateurs s’attendent que le premier Cabinet du nouveau régime soit à l’image de la situation, en ce sens que ses membres seront versés dans les dossiers requérant des connaissances et une spécialisation leur permettant de rechercher des solutions aux problèmes dont ils auront la charge.
Les milieux politiques s’attendent que le président Lahoud instaure une politique d’austérité qui s’étendrait dans la mesure où la situation l’exigerait et jusqu’à parvenir à assainir la situation financière et monétaire. Cette dernière doit se stabiliser au point que la Banque centrale ne soit plus contrainte de procéder à l’achat du dollar, afin d’empêcher des perturbations de nature à ébranler l’économie nationale.

DIVERGENCES?
Les cercles proches de l’opposition croient savoir que des divergences dans les points de vue se sont, d’ores et déjà, manifestées entre les présidents Lahoud et Hariri portant, notamment, sur des questions autour desquelles les deux hommes n’étaient pas toujours d’accord dans le proche passé.
Ainsi, en ce qui concerne l’Ecole militaire et de combat, le président élu tient à la rouvrir et à relancer le cycle de formation de nouvelles promotions d’officiers destinés aux cadres de l’armée et des FSI, d’autant qu’il n’y a pas eu de concours d’admission d’élèves-officiers au cours des trois dernières années.
La coterie du président Lahoud laisse entendre que le nouveau chef de l’Etat agira toujours sur la base de la transparence, ne laissant dans l’ombre aucun différend ou malentendu qui l’opposerait au Premier ministre, comme c’était le cas du temps de la troïka, de triste mémoire. Dans ce cas, l’opinion publique jouera le rôle d’arbitre entre les première et troisième présidences.
Le nouveau chef de l’Etat se soucie de se renseigner dans le détail sur le déficit budgétaire, le gaspillage et la dette publique, dont il tient à avoir une vue claire, afin de pouvoir élaborer une politique adéquate, conscient du fait que l’accord de Taëf n’a pas réduit les prérogatives de la présidence de la République, contrairement à ce que d’aucuns prétendent.

ATTACHEMENT À LA DÉMOCRATIE ET À LA LIBERTÉ
Sur un autre plan, le président élu donne l’assurance qu’il ne sera pas porté atteinte, sous son mandat à la liberté de presse, ni de près, ni de loin. Il sera traité avec les médias et leurs représentants d’une façon qui réaffirmera l’attachement du nouveau régime à la démocratie.
Le président Hariri se dit prêt à travailler dans le même esprit, tout en émettant le souhait que d’autres - entendre le président Berri - ne dérogent pas à la ligne définie par Baabda.
Il lui a été signifié que le chef du Législatif ne se préoccupe que de voir le nouveau régime réussir là où le précédent a échoué.
Quant à l’activité du gouvernement qui fait de l’excès de zèle, alors qu’il est en instance de départ et après s’être contenté, ces derniers mois, d’expédier les affaires courantes, elle se signale par l’adoption de deux projets d’une importance capitale, qui ont été votés en un tournemain, au risque de nécessiter plus tard leur révision à cause d’éventuelles lacunes...
Il s’agit, d’abord, de la nouvelle échelle des salaires qui suscite des remous parmi certaines catégories de fonctionnaires, parce qu’on les en a exclus.
Ensuite, le projet de loi sur l’enrichissement illicite que le Conseil des ministres devait examiner et adopter mercredi avant de le transmettre, pour ratification, à la Chambre. Ce projet, de l’avis général, aurait dû être promulgué depuis longtemps; en ce faisant, on aurait pu freiner le gaspillage des fonds publics et les abus commis à tous les échelons des institutions étatiques, provoquant l’émergence d’une classe de “nouveaux riches”...
Fait à relever; la commission ad hoc à qui a été confié le soin de mettre au point ce projet de loi, aurait bien pu en achever l’élaboration en moins d’une semaine. Si elle a attendu jusqu’à la fin du régime Hraoui, c’est sans doute pour y inclure une clause spéciale, afin de priver le texte gouvernemental de la rétroactivité...
Autre point à signaler: certains membres du Cabinet ont voulu mêler le secteur public au secteur privé, tel d’inscrire les journaux et leurs rentrées financières sur la liste des personnalités et institutions tombant sous le coup de la loi... Mais le ministre de l’Information s’y est opposé.
Quoi qu’il en soit, le nouveau régime s’il préfère ne pas ouvrir des dossiers brûlants, profitera de la loi sur l’enrichissement illicite pour mettre fin aux affaires louches et aux adjudications de gré à gré, à l’effet de freiner la dilapidation des deniers publics et, partant, combattre la corruption et les abus de toutes sortes.
En effet, cette loi constituera une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de quiconque serait tenté de violer les lois et règlements en vigueur pour s’enrichir.

NADIM EL-HACHEM

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