GEHA, LE ROI, L’ÂNE ET L’ÉCHELLE
DES SALAIRES
Ce que l’on redoutait est arrivé.
La nouvelle échelle des salaires a été votée,
mais ne sera complètement effective que dans sept ou huit ans. On
a voulu corriger l’inégalité de la règle des différentes
retraites, faite sur mesure pour favoriser certains. On avait classé
les retraités en trois catégories: ceux avant 1990, ceux
entre 1990 et 1996 et les autres. On ignore le “génie” qui a fait
de tels calculs pour aboutir à de tels résultats!
Comme si les retraités d’avant 1990 avaient d’autres besoins
que ceux d’après. Enfin, Ubu étant libanais, on a abouti
à la plus grande injustice de mémoire d’homme.
Aujourd’hui, ce n’est pas Ubu, mais Geha qui inspire les dirigeants.
Ce brave Geha au bon sens populaire, le héros de tant d’historiettes
vraies, non seulement au Liban, mais dans le monde arabe.
On raconte que le roi d’un pays convoque Geha et le somme, sous peine
de mort, d’apprendre la lecture à l’âne du roi.
Geha accepte, à l’étonnement de sa famille et de ses
amis. Mais Geha pose une condition:
- “Majesté, donnez-moi dix ans et je ferai de votre âne
un savant.”
Le roi lui accorde cette grâce.
A la sortie du palais, on traite Geha de fou... Comment pourrait-il
tenir une pareille gageure?
Et Geha de répondre:
- “D’ici là, le roi, l’âne ou moi-même (Geha) seront
peut-être morts.”
Tel est le pari lancé par les responsables en échelonnant
l’augmentation des salaires sur des années. D’ici là, beaucoup
d’eau aura coulé sous les ponts... L’inflation fera le reste.
A-T-ON JAMAIS MIS UN PAYS EN PRISON?
La réponse de Hariri nous rappelle l’histoire suivante:
L’ancien dirigeant pendant des décennies du Ghana, N’Krumah
possédait un sens aigu du réalisme et de l’humour... noir.
Un de ses conseillers en finances lui faisait remarquer que le Ghana
était endetté jusqu’au cou et qu’il lui faudrait des lustres
pour équilibrer son budget et rembourser toutes ses dettes extérieures.
Et N’Krumah de rétorquer en ne cachant pas son amusement de
la naïveté de son interlocuteur:
- “Mon cher, vous ignorez le principe de la “realpolitik”.... Nos créditeurs
ont le choix: “Ne plus accorder des prêts au Ghana et ces pays perdent
à jamais tout espoir d’être remboursés du fait de la
faillite de l’Etat... Ou continuer à payer avec l’espoir de remboursement.”
Puis, partant d’un éclat de rire: “Avez-vous jamais vu un pays
mis en prison pour faillite?”
Tel est le cynisme des dirigeants des pays du tiers-monde. Et il semble
que le Liban n’ait rien à leur envier.
LE FEUILLETON DES MINISTRABLES!
A la suite de la parution, il y a deux semaines, dans cette rubrique
de noms de ministrables, j’ai reçu de nombreux coups de téléphone
soit pour approuver, soit pour critiquer.
Il n’était et n’est nullement dans mes intentions d’établir
une liste exhaustive de ministrables... De même, je ne pousse pas
la prétention et la fatuité jusqu’à croire que les
responsables puiseront nécessairement dans cette liste. Néanmoins,
en tant que citoyenne, je suis libre de mon choix et il n’est pas interdit
de rêver!