PREMIERS EFFETS ET OBSTACLES DE WYE PLANTATION 
L’accord signé à Wye River le 23 octobre aurait dû, en principe, entrer en application dix jours après sa signature, c’est-à-dire, à partir du  2 ou du 3 novembre. Du côté palestinien, son application a déjà commencé alors que du côté israélien, le Premier ministre a parlé “d’un retard d’une dizaine de jours”, le temps que cet accord soit ratifié par la Knesset.
La réunion à Charm El-Cheikh des chefs d’Etat syrien et égyptien.
 
Pourquoi ce retard? Netanyahu l’a justifié en disant qu’il voudrait avoir en main les garanties de sécurité promises par le chef de l’Autorité palestinienne à Wye River, avant de discuter de l’accord en Conseil des ministres; puis, de le proposer à la Knesset. Si M. Yasser Arafat s’est montré conciliant, acceptant quelques jours de décalage, ses adjoints et collaborateurs se sont montrés plus réticents et plus durs à l’égard des exigences israéliennes. A titre d’exemple, une réunion a groupé Itzhak Mordehaï, ministre de la Défense et Mohamed Dahlane,  chef de la Sécurité préventive palestinienne à Gaza.  Pour Mordehaï, l’accord de Wye ne sera effectif que lorsque les Palestiniens remettront la liste de trente “terroristes” accusés d’avoir tué des Israéliens, avec des détails sur les modalités de leur arrestation. Ce à quoi Dahlane a répondu que tous les problèmes sécuritaires ont été réglés à Wye River et qu’aucun dossier ne sera rouvert. “Netanyahu, dit-il, cherche par tous les moyens des alibis pour se libérer de l’accord.”
Pour Nabil Chaeth, ministre de la Planification, “Netanyahu a repris son comportement antérieur, alors qu’on croyait qu’il l’avait dépassé avec cet accord” et Saëb Oreikat, chef du gouvernement local, a demandé “une médiation américaine urgente.”
Le NÞ2 de l’OLP, Mahmoud Abbas faisant une tournée
dans une zone industrielle à Gaza avec Itzhak Mordehaï.
DU CÔTÉ PALESTINIEN
L’Amérique veille sur les accords de “Wye Plantation” et, Dennis Ross, coordon-nateur US,  revient avec ses adjoints dans la région et vont y demeurer un bon moment pour assurer l’application des accords.
Du côté palestinien ce qu’on craint le plus, c’est un conflit inter-palestinien. L’attentat d’un kamikaze du  “Hamas”, contre un bus scolaire israélien s’est soldé, par miracle, par un soldat tué et deux autres blessés. L’Autorité palesti-nienne a réagi fermement en assignant à résidence le chef spirituel du “Hamas”, cheikh Ahmed Yassine et en arrêtant des dizaines de militants de ce parti intégriste islamiste qui a dénoncé l’accord.
Mais les fractions palesti-niennes hostiles à Wye River vont-elles se laisser faire? Qu’adviendra-t-il si elles opposent une résistance mili-taire à l’Autorité palesti-nienne?
En Cisjordanie et Gaza, la situation n’est pas de tout repos et il est certain que la CIA qui a mis son poids direct au Maryland, contribuera largement avec les services de renseignements palestiniens et le Mossad à détecter les actions susceptibles de perturber l’accord, à retrouver les personnes recherchées par la justice. Evidemment, cette collaboration entre ces trois services de renseignements est jugée comme un sacrilège par les courants palestiniens opposés à Wye.

LE SOMMET DE CHARM EL-CHEIKH
L’après Wye River et ses implications étaient de même présents au sommet de Charm el-Cheikh entre les présidents Hosni Moubarak et Hafez Assad. A l’issue de six heures d’entretiens, le président Moubarak a affirmé que “la Syrie serait prête à reprendre les négociations avec Israël” au point où elles s’étaient arrêtées en février 1996, insistant sur la “nécessité d’établir un climat de confiance” entre les deux parties,  ceci dépendant de la partie israélienne.
Le président Assad n’a fait aucune déclaration, alors que le porte-parole de la présidence syrienne, Gebrane Kourié, affirmait la “concordance des  points de vue sur les sujets abordés, les contacts et concertations devant se suivre en vue de traiter les questions d’un commun accord.”
L’Egypte a joué un rôle essentiel pour résorber la crise syro-turque qui fut également évoquée à Charm el-Cheikh.
Concernant l’application de l’accord de Wye River, on se demande si le coordonnateur Ross va visiter Damas et Beyrouth, en vue de relancer la négociation à ces deux volets avec Israël.
Si tout va bien dans le processus d’application des accords de Wye Plantation, y aura-t-il quelque chance de voir les dossiers syro-libano-israéliens mis sur les rails? Il est grand temps d’en finir avec la question du Proche-Orient de façon juste et équitable dans l’intérêt de tous les protagonistes.
 
NASRALLAH VEUT LA TÊTE D’ARAFAT
Plusieurs fractions de l’opposition palestinienne, ainsi que des pays arabes ont refusé l’accord de Wye River. Certains ont été jusqu’à qualifier Arafat de “traître”. Mais nul n’a été aussi loin que le leader du “Hezbollah” au Liban, Sayyed Hassan Nasrallah qui s’est littéralement déchaîné lors d’un meeting politique appelant à l’assassinat d’Arafat. Des responsables officiels et les représentants d’un grand nombre de partis politiques ont participé à ce rassemblement qui a eu lieu dans la banlieue-sud de Beyrouth pour dénoncer l’accord.
“Ce qui se passe actuellement, s’est écrié Sayyed Nasrallah, est plus grave que la déclaration Balfour... Aujourd’hui, il y a un traître qui offre la terre de Palestine aux sionistes assassins...” 


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