Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
I - CLINTON ET LA DEMONSTRATION DE FORCE DANS LES BALKANS
II- FONTE DE L'UNITE D'EUROPE OCCIDENTALE DANS L'ATLANTIQUE
La diplomatie est-elle entrée dans un état d’impuissance, de relâchement et de fuite, au point qu’il n’y a pas un moyen de dialogue autre que les armes et les frappes aériennes, que ce soit en Europe ou dans le Golfe? Au Kosovo ou en Irak?
Depuis la guerre du Golfe; puis, dernièrement au Soudan et en Afghanistan, les Etats-Unis se sont habitués à frapper, avec ou sans l’approbation des Nations Unies; avec ou sans couverture de l’OTAN. La nature des systèmes de ces pays ne donne aucun droit au sacrifice diplomatique, pour le compte de l’aventure militaire.
Le rapport historique du secrétaire général autour du Kosovo, a constitué et ne cesse d’être un sévère réquisitoire contre la politique suivie par Slobodan Milocevic dans cette “banlieue” habitée, dans une proportion de 90%, par les Albanais.
Kofi Annan a eu, sans nul doute, la certitude que la majeure partie des horreurs ont été perpétrées par les forces de sécurité serbes et que Belgrade est accusé de vouloir soumettre les habitants à une sanction collective.
La crise du Kosovo que les Serbes considèrent comme le berceau de leur civilisation, est la conséquence de la dislocation de la Yougoslavie où s’est établie une majorité islamique et où ont résidé des Albanais depuis des siècles sous le mandat ottoman.
Au temps de Joseph Broz Tito, la “banlieue” est restée liée à la Serbie, jouissant d’un large pouvoir autonome que Milocevic a supprimé en 1989, après avoir fomenté maintes manifestations nationalistes dures.
Cette hégémonie et l’imposition de la tutelle à la région ayant vécu à l’ombre d’un régime exceptionnel, avait pour conséquence de renforcer les mouvements séparatistes. Ismaïl Kadaré, l’écrivain albanais connu a écrit, un jour, sur “deux peuples dans un Etat imbu de rancune”. Cette rancune qui s’est atténuée au temps du président Tito, s’est attisée sous Milocevic et durant la dernière phase, le climat de perdition et d’anarchie qui a sévi en Albanie, ayant contribué à accroître la tension.
La zone frontalière, celle de l’ex-président Berecha, en conflit avec Tirana, est devenue la base de l’opposition armée Kosovar.
Dans une situation aussi explosive, alors que près de deux cent mille réfugiés albanais campent dans les montagnes au seuil de l’hiver qui s’annonce rigoureux, la communauté internationale doit se mobiliser à l’effet d’arrêter les combats et les confrontations et exercer des pressions pour garantir le retrait des forces dominantes, tout en contribuant à la recherche d’un arrangement politique passant par le renforcement du pouvoir autonome.
Mais, et ceci est le plus dangereux des calculs, il faut mesurer les risques de l’explosion pouvant résulter d’une intervention armée de l’OTAN contre la Serbie.
La Russie, ainsi que l’a proclamé son gouvernement, n’acceptera plus désormais, de jouer le rôle du silencieux au Conseil de Sécurité et parle d’un retour à la guerre froide.
Le monde entier souhaite éviter une confrontation militaire. Car les risques qui pourraient en résulter, portent les Etats Unis d’Amérique à hésiter. Sauf si, sous la pression de l’instigation et des surenchères du parti républicain, le président Clinton recherchait une démonstration de force et une bouée de sauvetage du côté des Balkans.
- II -

L’Union d’Europe occidentale doit-elle fondre dans le Pacte atlantique? Ou bien devenir le regroupement vital de l’Union européenne, comme le souhaitent les Britanniques?
C’est ce qu’agitent avec insistance les parties soucieuses de la coordination économique et de l’avenir de l’Europe. C’est ce qu’a proclamé avec clarté le président français, Jacques Chirac et le chancelier autrichien, Victor Klima qui a souhaité pour l’Europe de demain, un développement dans sa politique extérieure et une sécurité consolidée.
Le nouveau Premier ministre d’Italie. Massimo d’Alema, suit la politique extérieure instaurée par son prédécesseur, preuve en est que Rome examine de nouveau la sécurité européenne, afin de garantir la sécurité de l’Europe.
La Grande-Bretagne qui a été marginalisée à l’échelle européenne, en raison de son refus provisoire de rallier l’unité européenne, tant économique que financière, s’emploie à s’imposer en soulevant la question de la défense européenne.
M. Tony Blair, Premier ministre britannique, s’est dit disposé à assurer à l’Europe un organisme, dont il n’a pas déterminé l’essence, se contentant d’évoquer les éléments dont il doit disposer, à savoir qu’il est demandé “non point une armée aux nombreux effectifs à placer sous le contrôle de Bruxelles; ni une force ramenant l’OTAN à la façade du doute, alors qu’il doit s’agir d’une force distinctive”.
C’est une conception quelque peu étrange, émanant de l’un des dix Etats fondateurs de l’unité de l’Europe occidentale.
Mais derrière cette définition ayant besoin d’être explicitée, on doit discuter de la question fondamentale posée par les Britanniques: la fonte de l’Union des Etats d’Europe occidentale dans le pacte de l’Atlantique. 

Photo Melhem Karam

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