DANS QUATRE JOURS, LA PASSATION DES POUVOIRS
LAHOUD EDIFIERA L'ETAT DE DROIT SUR LA TRANSPARENCE 
A quelques jours de la passation des pouvoirs, les milieux politiques se perdent en conjectures sur la forme du premier Cabinet du nouveau régime et sur le nombre de ses membres.
En ce qui concerne le second point, les chiffres varient entre 14 et 24 ministres tout au plus, la tendance étant plutôt en faveur d’un gouvernement restreint, composé d’hommes politiques connus pour leur compétence et leur intégrité, panaché de technocrates.

D’après les milieux de l’opposition, les ministres considérés comme des “constantes” seraient exclus de l’équipe gouvernementale. De même, la troïka n’a plus aucune chance de réapparaître, étant donné ses fâcheuses répercussions sur la vie politique.
Qui seront donc les futurs détenteurs des portefeuilles ministériels?
Selon certains recoupements, ces derniers se réclameraient des catégories suivantes:
Primo: des hommes politiques ayant une vaste expérience au plan de la chose publique, doublée d’une compétence à toute épreuve.
Secundo: Des juristes et des personnalités connues pour leur spécialisation tant au plan scientifique qu’académique.
Tertio: Les représentants de partis figurant sur la liste des technocrates.
Il nous revient que le nouveau gouvernement ne comptera aucun militaire, les quelques ministres sortants qui seraient repris, devant disposer d’un poste de ministres d’Etat.

JETER LES BASES DE LA IIIéme RÉPUBLIQUE
Quant à “l’âge du Cabinet”, il n’excèderait pas un an et demi ou deux tout au plus, sa tâche devant consister à jeter les bases de la IIIème république... Seuls feraient partie du gouvernement à constituer dans le second semestre de l’an 2000, ceux qui auraient donné la preuve de leur compétence et de leur productivité.
Dans le même temps, le Premier ministre devrait prouver sa capacité ou sa disposition à “cohabiter” avec le chef de l’Etat. En ce sens, qu’il devrait manifester son souci de respecter les termes de la Constitution, des lois et règlements en vigueur, le président Lahoud étant connu pour son souci de s’en tenir aux règles constitutionnelles, comme il l’a montré en tant que commandant en chef de l’Armée.
Les observateurs pensent que M. Hariri se montrerait coopératif, dans un premier temps, prêt à toutes les concessions au niveau du pouvoir, afin de ne pas en être écarté. Mais il attendrait le moment propice pour changer le fusil d’épaule...
Avant de partir pour Téhéran lundi dernier pour, de là, gagner Ryad une fois de plus en moins d’une semaine, M. Hariri a conféré longuement avec le président Lahoud, passant en revue avec lui les dossiers requérant une étude urgente, de même que les questions ayant été débattues par le Général-Président avec les hauts fonctionnaires au cours de réunions de travail.
Ces dernières auraient indisposé le chef du gouvernement, d’autant que certaines de ces réunions se sont tenues en son absence ou à son insu. Cependant, les milieux parlementaires - le président Berri en tête - soutiennent que le président élu a le droit de prendre connaissance de tous les dossiers et des problèmes en suspens, pour qu’il puisse les étudier et, partant, à les régler, dès son entrée en fonctions.

HARIRI CHANGE D’ATTITUDE
Ceci a amené M. Hariri à changer d’attitude et c’est ce qui l’a poussé à provoquer une nouvelle rencontre avec le président Lahoud, dès son retour de voyage. Il en a pris prétexte pour faire part au Général-Président de la teneur de ses entretiens dans les capitales française, égyptienne, séoudite et syrienne.
Quoi qu’il en soit et ainsi que nous l’avons déjà mentionné, la formation du gouvernement constituera un test, quant à la possibilité pour les deux hommes de coopérer sans accroc ni réticence.
Les milieux renseignés s’attendent que des divergences apparaissent quand ils en arriveront au choix des membres du Cabinet. D’ores et déjà, le général Lahoud n’admet pas que des ministres proclament leur allégeance à des leaders ou chefs de file parlementaires déterminés, de crainte que l’homogénéité gouvernementale en souffre.
Un tel fait favoriserait la resurgence de la “troïka” ou d’un organisme similaire qui entraverait la marche vers l’Etat des institutions.
A ce propos, M. Hariri estime avoir le droit de nommer des ministres de son bord, dont il formerait son “équipe de travail”: si cette dernière commettait des erreurs, elle devrait rendre compte de sa gestion à la Chambre des députés.
Naturellement, le président Lahoud ne partage pas ce point de vue et il s’est abstenu de discuter du problème gouvernemental avant son entrée en fonctions, laissant planer le doute dans l’esprit du président du Conseil sortant.

DEUX FORMES DE CABINET
Pour en revenir au nouveau Cabinet, deux formes paraissent prévaloir sur les autres: d’un côté, une équipe ministérielle de 14 ou 16 membres serait mise sur pied dont feraient partie trois ministres sortants, tout au plus. De l’autre, un gouvernement de vingt-quatre membres, constitué de nouveaux visages dans leur écrasante majorité, seuls dans ce cas en feraient partie quelques ministres du précédent Cabinet ayant donné la preuve de leur compétence, de leur souci de la chose publique et de leur transparence.
Si l’une et l’autre formes n’étaient pas retenues, on opterait pour une formule de moyen terme; autrement dit, pour un gouvernement de vingt membres.
Cela dit, il y a lieu de s’arrêter à la controverse entretenue autour des consultations parlementaires, qualifiées d’impératives, auxquelles doit procéder le chef de l’Etat, avant de désigner le nouveau Premier ministre.
A ce propos, M. Hariri semble recourir à la tactique qu’il avait adoptée au moment où le président Hraoui avait proposé l’institution du mariage civil facultatif; à savoir, ameuter certains milieux qui lui sont acquis, à l’effet de mettre en échec toute tentative de la part de ses détracteurs, le président de la Chambre en tête, qui insinuent que le président de la République n’est pas obligé de s’en tenir au résultat de ses consultations.
Naturellement, le président Lahoud ne se laissera pas prendre à ces manœuvres et veillera à l’application stricte de la Constitution, en restant éloigné des considérations d’ordre confessionnel ou sectaire. Il se préoccupera de transformer le gouvernement et le Conseil des ministres en une véritable “équipe de travail” au sein de laquelle l’homogénéité sera parfaite.
Aussi, n’avancera-t-il le nom d’aucun ministrable, afin de contraindre le chef du gouvernement à suivre son exemple. De ce fait, les futurs ministres seront affranchis de toutes accointances.

VERS DES LÉGISLATIVES ANTICIPÉES?
Il en sera de même quand il s’agira de procéder à la réforme administrative, le Conseil de la fonction publique et les organismes qui en relèvent devant avoir toute latitude d’étudier les dossiers des fonctionnaires et, partant, de dresser la liste de ceux d’entre eux jugés inaptes au service.
Par ailleurs, il serait question de raccourcir (d’une année) le mandat de la présente législature, des élections législatives devant, semble-t-il, être organisées avant le 15 octobre 2004. Ainsi, la Chambre serait amenée à “se dissoudre” en février 1999 et, dans ce cas, le scrutin aurait lieu au printemps. La future législature terminerait son mandat en l’an 2007, celle qui lui succèderait - plus représentative - devant élire le successeur du président Lahoud.

NADIM EL-HACHEM

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