HAJJ: “LE PARTI N’A PAS RÉGRESSÉ...
Me Mounir Hajj, vice-président, assume la présidence
à titre intérimaire, en vertu du règlement intérieur.
Sa principale tâche consiste, tout en expédiant les affaires
courantes, à préparer l’élection d’un nouveau leader
dans un délai de six mois.
Le collège
électoral est, actuellement composé dans une proportion de
25%, des membres du bureau politique et du Conseil central, les 75% étant
constitués de représentants des divers secteurs affiliés
au parti: médecins, avocats, ingénieurs, étudiants,
etc...
“Il reste à trancher le cas des membres qui ont été
radiés ou ont démissionné pour maintes raisons, ajoute
M. Hajj. Il faut revenir aux décisions prises à leur sujet
par la direction des Kataëb. Si celles-ci ont été abrogées,
ils pourront réintégrer le parti et être élus
par la base en tant que délégués au sein du collège
électoral, mais ne peuvent en aucun cas faire partie du bureau politique.”
En réponse à une question, Me Hajj réfute l’allégation
de ceux qui soutiennent que le parti a régressé. “Les funérailles
du Dr Saadé et le défilé de personnalités lors
des condoléances prouvent le contraire, dit-il. Cette occasion a
constitué une sorte de plébiscite, non moins de trente mille
personnes ayant inscrit leurs noms sur le registre tenu pour la circonstance.
“Cela donne la mesure de l’estime dont jouissait le Dr Saadé
dans tous les milieux, lui qui n’a cessé d’œuvrer pour le parti
et non pour lui-même.”
- Ne doit-on pas craindre de voir s’élargir la brèche
entre les membres du parti, à cause de la bataille pour la présidence?
“Je laisse à d’autres le soin de répondre à cette
question, étant moi-même candidat.”
SALAMÉ: UN LEADER AYANT UNE DIMENSION
NATIONALE
Quant
à Me Rachad Salamé, membre du bureau politique, il précise
que, selon le règlement intérieur, ceux parmi les membres
qui ont démissionné ou ont été exclus du parti,
ne peuvent pas le réintégrer dans cette étape.
A la question: “Etes-vous candidat à la présidence des
Kataëb”, il répond par la négative et s’excuse de ne
pas émettre son avis sur les candidats éventuels.
“Nous voulons un président ayant une dimension nationale, jouissant
de la droiture, de l’intégrité, de la crédibilité
et de l’esprit de discipline au double plan partisan et national, sinon
nous dévierons des principes sur base desquels le parti a été
fondé. D’autant que nous nous engageons dans une nouvelle phase
de notre Histoire durant laquelle règnera l’Etat de droit.”
RIZK: POUR UNE NOUVELLE ASSEMBLÉE CONSTITUTIVE
Me Edmond
Rizk, ancien membre et tribun du parti, ayant démissionné
depuis plusieurs années, aspire à la réunification
des Kataëb.
“Le regretté Georges Saadé, observe-t-il, qui n’a
pu rassembler ses camarades de son vivant, les a réunis après
sa mort. Tous ont exprimé leur appréciation du rôle
qu’il a joué et déploré l’ingratitude dont il a été
payé en retour par ses collègues de Taëf. Je le considère
comme un martyr, après ce qu’il a enduré durant sa maladie.
“Si certains lui ont fait grief de ne pas jouir des qualités
du leader, c’est parce qu’il a accédé à la présidence
après la mort d’un chef charismatique, cheikh Pierre Gemayel.
“Quoi qu’il en soit, on peut inscrire à son actif qu’il a
assuré la continuité d’un parti ayant été la
cible de parties et de milieux dont l’hostilité ne cesse de se manifester
à son égard jusqu’à ce jour.
“Le parti doit être maintenu à tout prix, parce qu’il
constitue une soupape de sécurité pour la patrie et l’une
des pierres angulaires de l’unité nationale.”
- Et comment voyez-vous l’avenir des Kataëb après la
mort de son leader?
“J’appelle à la tenue d’une assemblée constitutive, soixante-et-un
ans après la fondation du parti et les développements survenus
dans notre pays au cours des dernières décennies. Une telle
assemblée devrait être organisée par les partis libanais,
en vue de leur restauration, pour qu’ils puissent répondre aux impératifs
de l’heure.
“Ainsi, les Kataëb pourront retrouver leur dimension et leur rôle,
tout en récupérant les membres qui se sont expatriés,
aucun d’eux n’ayant renoncé aux principes du fondateur et continuant
à lutter en vue de les faire prévaloir sur tant d’idées
et de principes, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont nocifs
et menacent notre identité nationale.
“La réunification du parti doit être l’objectif prioritaire
de sa direction et de tous ses membres, en plus de son ouverture sur les
autres formations politiques et ce, afin de se préparer à
une nouvelle phase de leur combat à l’orée du troisième
millénaire.”
P. GEMAYEL: “IL FAUT RÉUNIFIER LE PARTI
EN REGROUPANT TOUS SES MEMBRES”
“Il
faut réunifier le parti et regrouper toutes ses forces, pour qu’il
puisse jouer de nouveau son rôle politique au niveau de la patrie”,
déclare M. Pierre Amine Gemayel, fils de l’ancien chef de l’Etat
et petit-fils de cheikh Pierre.
“Cet objectif peut être atteint, ajoute-t-il, mais tout dépend
des intentions des uns et des autres. Nous nous retrouvons à certaines
occasions et échangeons les idées et points de vue en toute
franchise, comme cela s’est passé dernièrement, au moment
de fleurir la tombe de mon grand-père à Bickfaya.
“Les personnes présentes ont pris le café chez nous,
celles qui poursuivent leur coopération avec le parti et les fractions
dissidentes.
“Je le répète une fois de plus; il s’agit d’une question
d’intentions et de rien d’autre.
“Cependant, je blâme l’actuelle direction des Kataëb, pour
avoir pris des initiatives et adopté des positions envers les questions
engageant l’avenir de la nation, tout en passant sous silence ce qui avait
été accompli dans ce domaine par les prédécesseurs.
“L’ouverture opérée par le président Amine Gemayel
qui se trouve depuis quelque temps à Paris, n’était-elle
pas inspirée par le même esprit, dont la direction en place
prétend être la promotrice?
“Tout ce que nous souhaitons, c’est la rectification des erreurs pour
pouvoir réunifier les rangs et placer à la tête des
Kataëb un chef représentant la base dans son ensemble. Nous
ne posons aucun veto contre personne.”
J. EL-HACHEM: “UN PARTI MORIBOND”
“Le
parti est moribond”, soutient M. Joseph el-Hachem, ancien membre du bureau
politique, qui l’a représenté au sein du pouvoir durant le
sexennat du président Amine Gemayel.
“La direction qui a dirigé les Kataëb au cours des dernières
années, a vidé le parti de ses éléments représentatifs
et maintenu les membres de second ou de troisième rang.
“Nul ne peut nier les nombreuses visites que nous avons effectuées
à Damas durant les douloureux événements. Avec Assem
Kanso (Baas pro-syrien), nous avons préparé le climat à
une rencontre entre le président Hafez Assad et cheikh Pierre Gemayel.
“Après la mort du Dr Georges Saadé, le problème
que pose la présidence du parti devient plus grave et difficile,
car beaucoup parmi ses dirigeants se considèrent habilités
à en assumer le leadership, tels Mounir el-Hajj, Karim Pakradouni,
Rachad Salamé et, de nouveau, Nader Souccar... La bataille entre
eux sera acharnée et féroce. A mon avis, le parti connaîtra
une phase de dislocation et de lutte sourde, ce qui provoquera son effondrement.
“C’est pourquoi, j’appelle à l’élaboration d’une nouvelle
loi sur les partis et les associations ayant un cachet national, définissant
leurs nouvelles bases.
“En ce qui concerne les Kataëb, il n’est possible que d’amener
un chef à l’image du parti, son collège électoral
étant constitué sous le slogan: Nomme-moi pour que je t’élise.”
PAUL GEMAYEL: “POUR L’ÉLECTION DU CHEF
DU PARTI PAR LA BASE”
Le
Dr Paul Gemayel, cousin du président Amine Gemayel, qui avait posé
sa candidature contre le Dr Saadé aux dernières élections,
préconise la désignation du chef du parti d’une manière
plus démocratique, par la base, non par un électorat dont
les éléments sont choisis à l’avance en vue d’assurer
la victoire d’un candidat déterminé.
“De cette manière, observe-t-il, le parti aura sa légitimité
et même si des divergences séparent les membres, l’unité
des Kataëb pourra être sauvegardée. Ainsi, je ne partage
pas toutes les vues de la direction actuelle, mais je ne peux pas renier
ma qualité partisane et j’assume mes responsabilités d’une
façon normale.”
Le Dr Gemayel reconnaît que son idée (d’élire le
nouveau président par la base) est difficile à adopter, étant
donné que le mandat du collège électoral, constitué
avant le dernier scrutin, n’expirera qu’en l’an 2000, en vertu du règlement
intérieur. “A moins que ce dernier soit révisé, afin
d’opter pour la formule que je préconise.”
EL-AILÉ: “NOTRE MAIN EST TENDUE À
TOUS”
Enfin,
M. Majid el-Ailé, secrétaire de l’opposition Kataëb,
que préside le Dr Elie Karamé, ancien chef du parti, énonce
trois constantes: Primo: attachement à l’unité du parti.
Secundo: réalisation de la réconciliation. Tertio: ni veto,
ni exclusive contre aucune partie, afin de permettre la réunification
des rangs.
“La question que chacun se pose maintenant est la suivante: la direction
actuelle est-elle satisfaite de la situation à laquelle le parti
a abouti?
“Notre position s’est dégradée au point que les Kataëb
n’ont aucun représentant à la Chambre des députés,
la plupart des sections ayant été fermées durant les
élections législatives. De plus, le journal “Al-Amal”, porte-parole
du parti, a cessé de paraître, ce qui a contribué à
accentuer la confusion, surtout au moment où s’est produit le mouvement
de dissidence.
“Pour le moment, un objectif doit être fixé: réaliser
la réconciliation, ce à quoi le Dr Georges Saadé s’est
attelé avant sa mort. Le mécanisme à suivre pour atteindre
cet objectif est laissé à la direction qui devrait mettre
sur pied un comité où toutes les parties seraient représentées,
ce dernier devant s’entendre autour d’une solution à soumettre au
bureau politique et au Conseil central.