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![]() Tout dépend des intentions, a affirmé M. Hassan Rifaï, ancien parlementaire versé en droit constitutionnel. Et dans ce cas, on peut passer outre au texte si l’intérêt du pays l’exige” Il reste à savoir si M. Hariri se soucie de préserver et de servir l’intérêt national ou ses propres intérêts, ceux de sa coterie et de son clan. La ré-ponse à ce point d’interro-gation est négative, sinon il aurait agi différemment et accepté de former le premier gouvernement du nouveau régime. Il semble que le chef du gouvernement sortant ait appréhendé les obstacles auxquels il se serait trouvé en butte au moment de mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle, car il a senti qu’il n’aurait pas les mains libres, comme au temps où il a formé ses précédents Cabinets depuis 1992. “La fuite constitue les deux tiers de la bravade”, dit le dicton. Au lieu de s’embourser dans une mission qu’il aurait eu du mal à assumer à ses propres conditions, comme il s’était “seul maître à bord”, il a préféré y renoncer. Pour en revenir au “conflit d’interprétation” de l’article 53 de la Constitution, les constitutionnalistes invétérés soutiennent que si le vote par procuration est interdit à l’Assemblée, il ne l’est pas lors des consultations présiden-tielles en vue de la désignation d’un Premier ministre. Il y a lieu de préciser que le bloc du président Nabih Berri a confié à l’un de ses membres le soin de se prononcer sur son candidat à la présidence du Conseil. Peut-on accuser ce bloc et le chef du Législatif d’avoir violé la loi fondamentale? Qui donc M. Hariri accuse-t-il d’avoir violé la Constitution: le chef de l’Etat ou les députés qui, après avoir promis de le soutenir, l’ont lâché au dernier moment et poignardé dans le dos? Si le Général-Président est visé, il va sans dire qu’il s’agit d’une accusation grave et celui qui l’a portée devrait répondre de sa bévue devant la juridiction chargée de juger les présidents et les ministres. Car le président Lahoud, ainsi qu’il l’a solennellement proclamé dans son discours d’investiture, s’est engagé à rester sous la loi et à édifier l’Etat de droit et des institutions. On ne peut ni ne doit lui adresser, impunément, une telle accusation qui doit se retourner contre celui qui l’a lancée. Fort heureusement, M. Hariri s’est ressaisi, par la suite et dans une déclaration écrite diffusée par son bureau médiatique, il a précisé que le fait pour lui de s’être récusé, ne signifie nullement le boycottage du nouveau régime. De plus, il a demandé à tous les citoyens de se regrouper autour du chef de l’Etat et de le soutenir. Le président Lahoud qui n’attache pas de l’importance à de tels faits, s’est empressé de procéder à de nouvelles consultations et tout indique que le nouveau chef du gouvernement sera désigné avant la fin de la semaine. L’ère haririenne aura vécu et le pays s’engagera, résolument, sur la voie du changement avec des noms et des visages dignes de confiance. |