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![]() “Les résultats des consulta-tions parlementaires que le chef de l’Etat a effectuées, la semaine dernière, n’ont pas eu l’heur de plaire à M. Rafic Hariri, qui s’en est formalisé, arguant que le fait pour trente-et-un députés d’avoir laissé au président Lahoud toute latitude de disposer de leurs voix (pour porter son choix sur le nouveau Premier ministre) aurait constitué une entorse à la Constitution... Il y a lieu de signaler que bien avant la passation de pouvoirs entre le président sortant et son successeur, une controverse avait été instituée autour de l’article 53 de la Constitution, relatif à la désignation du nouveau président du Conseil. A ce propos, le chef du Législatif a soutenu que “le chef de l’Etat n’est pas une simple urne destinée à recueillir l’avis des membres de l’Assemblée.” Fait à relever: à deux reprises, l’ancien président de la République (M. Hraoui) avait procédé à des consultations parlementaires avant de faire appel à M. Hariri. En 1992, quatre-vingt trois députés ont avancé le nom de ce dernier, alors que douze s’en sont remis au chef de l’Etat. En mai 1995, M. Hariri a obtenu soixante quinze voix, alors que neuf députés ont laissé au président Hraoui toute latitude d’opter pour le “présidentiable” de son choix. M. Hariri n’avait pas trouvé à redire les deux fois et, se pliant à la volonté des parlementaires, s’était attelé à la mise sur pied de son équipe ministérielle. Pourquoi cette fois, alors que trente-et-un de députés ont laissé la liberté du choix au Général-Président, M. Hariri a manifesté son désappoin-tement, un ministre connu pour être son porte-parole ayant parlé d’un “nœud politique et constitutionnel”, en insinuant qu’il ne tarderait pas à être tranché? Cette réaction haririenne pose plus d’un point d’interrogation. A vrai dire, nous nous attendions à une brouille entre les présidents Lahoud et Hariri avant un an, étant donné la formation des deux hommes, leur mentalité et la conception qu’ils se font de la manière de gérer la chose publique; surtout, de réformer l’administration et d’assainir les mœurs politiques... On peut donc penser qu’il s’agit de la part du chef du gouvernement sortant d’une mauvaise foi flagrante et, pourquoi ne pas le dire, d’une tentative d’entraver la marche du nouveau régime et, partant, de provoquer son échec. Il va sans dire que le ton utilisé par le président Lahoud dans son discours d’investiture, a inquiété tous ceux qui avaient transformé l’Etat en ferme mobilisée au service de leurs intérêts et en “vache laitière” qu’ils exploitaient à leur profit, sans avoir à rendre compte à personne. Aussi, sont-ils portés à mettre des bâtons dans les roues, afin d’empêcher le président de la République “de couper la main du voleur, de châtier les corrupteurs et tous ceux qui se sont enrichis d’une manière illicite”... |