Fort
en affaires, M. Rafic Hariri s’est avéré un piètre
homme politique, à en juger par les erreurs monumentales qu’il a
commises depuis qu’il a accédé au Sérail. La toute
dernière a consisté pour l’ancien Premier ministre, d’avoir
refusé de former la première équipe gouvernementale
du nouveau régime. Le président Nabih Berri (notre photo)
qu’il a blâmé de n’être pas intervenu à l’effet
“d’arranger les choses”, affirme avoir tenté, vainement, à
deux reprises de le faire changer d’avis...
Des amis lecteurs
ont jugé trop dur notre dernier commentaire à propos du refus
de M. Rafic Hariri de former le premier Cabinet du nouveau régime,
sous prétexte que l’article 53 de la Constitution aurait été
transgressé au cours des consultations en vue de la désignation
du Premier ministre.
Cet argument (haririen) aurait été justifié, si
le chef de l’Etat avait tenu compte de la position adoptée par les
députés qui lui avaient laissé toute latitude de nommer
le chef du gouvernement de son choix; ce qui ne s’est pas produit.
De plus, M. Hariri a blâmé le président Salim Hoss:
“A sa place, dit-il, je n’aurais pas accepté de constituer la nouvelle
équipe gouvernementale.”
M. Hoss a exprimé son éton-nement en prenant connais-sance
des propos de son prédé-cesseur dont il a dénoncé
l’er-reur... “Celle-ci a consisté à consi-dérer comme
anti-constitutionnel l’acte de délégation des voix.”
Qu’est-ce qui a donc pu inciter M. Hariri à agir comme il l’a
fait? Les milieux politiques et parlementaires se perdent en conjectures
sur les raisons de sa conduite, pour le moins étrange!
Nous croyons, quant à nous, que l’ancien Premier ministre s’est
comporté d’une façon impulsive, poussé par quelque
“constitutionnaliste” de son bord, très peu versé en la matière.
En réalité, il a agi en... novice. Ses dernières
déclarations et prises de position prouvent qu’il n’a pas encore
terminé son apprentissage politique. Même après avoir
passé six années au pouvoir à Sanayeh; puis, au Grand
Sérail qu’il a fait restaurer - en y aménageant ses appartements
privés - sans doute parce qu’il se considérait inamovible
et impossible à déboulonner!
Puis, M. Hariri a pêché, par excès de présomption:
il était entouré d’une coterie, de ministres serviles et
d’hommes liges qui lui faisaient ses quatre volontés et passaient
le temps à l’encenser, sans jamais émettre la moindre remarque
désagréable. Ceux qui ont osé le contrarier ont été
limogés. M. Georges Frem en sait quelque chose...
Se faire une opinion trop avantageuse de soi-même, est un vilain
défaut pouvant jouer de sales tours au politicien qui en est affligé,
M. Hariri en a fait l’amère expérience.
“Tout marche: le travail et le pays vont bien; ne vous en faites pas
M. le Président”. Cette réflextion émise par l’ancien
président du Conseil lors de la réouverture de la Cité
sportive Camille Chamoun, cachait mal la situation. De fait, on savait
que tout n’allait pas comme sur des roulettes, alors que les secteurs productifs
souffraient d’un marasme n’ayant pas eu son pareil durant la guerre.
M. Hariri aura maintenant le temps de méditer et de réfléchir
sur les erreurs monumentales qu’il a commises au pouvoir, afin de les éviter
s’il lui était donné un jour d’y accéder de nouveau! |