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![]() Rien ne peut justifier “l’expé-dition punitive” entreprise contre l’Irak, plutôt contre son peuple, par deux superpuis-sances qui se targuent de défendre les principes et les valeurs du monde libre! De toutes les voix qui se sont élevées pour dénoncer l’opération “Desert Fox”, nous nous ferons l’écho de deux principales, parce qu’elles sont objectives et désintéressées, celles de S.S. Jean-Paul II et de S.Em. le cardinal Sfeir. Le Souverain Pontife a expri-mé devant dix mille personnes rassemblées sur la place Saint-Pierre, la douleur qu’il éprou-vait en pensant au peuple irakien. “C’est un véritable drame devant lequel nul ne peut rester indiffèrent... Il faut mettre un terme à la violence et au langage des armes, pour les troquer contre celui de la raison”. De son côté, le cardinal Sfeir a déploré le triste sort réservé aux populations civiles d’Irak. “Abstraction faite des mobiles, des arguments et des prétextes invoqués pour les frapper aussi durement, dit-il, on ne peut justifier des opérations aériennes dont ont été victimes des enfants, des femmes et des vieillards démunis de défense.” Aussi, a-t-il appelé “à la généralisation de la justice et de l’esprit de charité parmi les peuples”. Quant au président Chirac, tout en s’étant réjoui de l’arrêt de l’opération militaire anglo-US, il estime que “les problèmes demeurent et nous entrons dans une nouvelle phase de la crise.” Comment la résoudre? “Pour nous, dit le chef de l’Etat français, la solution du problème suppose de meilleures relations entre Bagdad et l’ONU. Puis, il faut améliorer les conditions de vie des Irakiens qui souffrent depuis plusieurs années. Cela est possible et nécessaire. La France a un certain nombre de propositions à soumettre à ses partenaires.” Cela dit, il y a lieu de constater que l’Amérique et le Grande-Bretagne sortent affaiblies de cette épreuve dans laquelle elles se sont engagées, par la faute du chef de l’UNESCOM, Richard Butler, lequel semble les avoir sciemment induites en erreur, pour punir l’Irak d’avoir refusé de coopérer avec les inspecteurs onusiens chargés de détruire ses arsenaux d’armes de destruction massive. M. Esmat Abdel-Majid, secrétaire général de la Ligue arabe, n’a-t-il pas taxé Butler de partialité, l’accusant “d’avoir manqué d’objectivité et de s’être ingénié à humilier le peuple irakien et ses dirigeants?” Comment sortir de cette situation si peu accommodante pour l’Irak? a-t-on demandé à M. Abdel-Majid. Il a répondu: “Nous ne disposons pas de missiles, ni de forces militaires nous habilitant à tenir tête aux agresseurs. Toujours est-il que nous tentons d’expliciter notre position à travers la rue arabe qui est, aujourd’hui, en colère contre les Anglais et les Américains.” Ainsi, la magie s’est retour-née contre le magicien comme un boomerang. Tous les efforts déployés par Washington et Londres pour consolider leurs rapports avec les capitales arabes s’envolent en fumée... Ils vont payer les conséquences de leur folle aventure proche de la piraterie. |