![]() Image familière de nos propres années de guerre. |
![]() Photo prise d’un hélicoptère US |
![]() Le QG du parti Baas à Bagdad. |
![]() Après les obus, le déblayage. |
![]() Le message |
![]() En Egypte, 5.000 fidèles ont lancé un appel à la guerre sainte. |
QUI A PERDU, QUI A GAGNÉ?
Certes, le concept de la victoire est relatif, chacune des deux fractions
antagonistes percevant l’arrêt des raids à sa manière.
Qui a gagné, qui a perdu dans l’opération “Desert Fox” qui
a duré quatre jours? Il est trop tôt pour le dire, d’autant
que les Américano-Britanniques, tout comme Saddam Hussein, affirment,
chacun de son côté, avoir atteint ses objectifs.
Mais pour l’instant, l’heure est au bilan après que les “Tomahawk”,
“Tornado” et “bombardiers B-52” eurent transformé les nuits irakiennes
en véritable cauchemar.
Selon les sources américaines, près de 500 missiles de
croisière ont été lancés sur une centaine d’objectifs
en Irak, plus que durant la guerre du Golfe. Pour les officiers américains
qui ont dirigé les bombardements, “Renard du Désert” a été
un franc succès: “Nous ne voyons pas comment nous aurions pu faire
mieux, affirme le contre-amiral Cutler Dawson. Je suis heureux de voir
que tout le monde est sain et sauf. De même, il n’y a pas une égratignure,
pas une bosse, pas une odeur suspecte sur le moindre de nos appareils et
j’en suis très satisfait.”
De son côté, l’Irak affirme avec fierté avoir abattu
121 missiles, alors que Saddam Hussein rendait hommage à la résistance
de son peuple.
QUID DES CIBLES TOUCHÉES?
Toujours selon un bilan américain, parmi les principales cibles
touchées figurent: le quartier général du parti Baas
(au pouvoir) à Bagdad, dont les bâtiments ont été
très durement endommagés; le système de défense
anti-aérien, des usines de production de missiles, des sièges
de services de renseignements, des pistes d’atterrissage dans les bases
militaires, etc...
Dans les faits, il était difficile après l’arrêt
des attaques et des bombardements, de juger de l’importance des destructions
infligées aux infrastructures militaires et à certaines installations
économiques. C’est ce qu’indiquent les diplomates en poste à
Bagdad, ainsi que les correspondants de presse occidentaux. Ces derniers
affirment dans leurs reportages et commentaires, qu’ils n’ont eu accès
qu’aux sites civils et non militaires. Ils ne sont pas autorisés
à se rendre sur les lieux des bombardements, ni à savoir
ce qu’il y avait dans les sites bombardés. Les correspondances émanant
de l’Irak confirment, qu’en plus de Bagdad, Bassora, deuxième ville
du pays, a été intensivement pillonnée, notamment
son grand port pétrolier.
Mais si les journalistes étaient limités dans leurs déplacements
pour pouvoir se faire une idée exacte de l’étendue des dégâts
causés par les frappes américano-britanniques, William Cohen,
secrétaire américain à la Défense, exprimait
sa satisfaction, affirmant que les attaques avaient été un
succès: “Nous avons frappé neuf des installations de recherches
et de développement pour missiles. Il sera difficile à Saddam
Hussein de procéder à de telles recherches pendant au moins
une année.”
Le général Henry Shelton, chef d’état-major interarmes
US, parle, aussi, de 20 des 21 installations de commandement et de contrôle
touchées, ainsi que “18 des 19 installations de protection
en matière d’armement de destruction massive.”
LA VIE REPREND SON COURS
Sur le bilan des victimes, pas de chiffres officiels et définitifs
non plus. On parle de 75 tués parmi les civils, alors que le vice-Premier
ministre irakien, Tarek Aziz, a annoncé qu’il y a eu, du côté
militaire, 62 soldats tués et 180 blessés. Il a insisté
sur le fait que les cibles touchées par les missiles et les raids
étaient, surtout, des objectifs civils: quartiers résidentiels,
hôpitaux, établissements industriels... Quant à l’ambassadeur
d’Irak aux Nations Unies, Nizar Hamdoun, il devait indiquer que “des milliers
de personnes ont été tuées et blessées.”
Mais au-delà des pertes humaines et des cibles civiles, militaires
et stratégiques visées et atteintes, les Irakiens ont voulu
offrir au monde, via les télés occidentales et les satellites,
l’image d’un peuple victorieux s’activant à surmonter cette nouvelle
épreuve. La vue des élèves reprenant le chemin de
l’école, des fonctionnaires celui des administrations, de particuliers
reconstruisant un commerce détruit, un pan de mur, etc... sont significatifs.
Le peuple se manifeste aussi par le cérémonial quotidien
du Ramadan, même si des restrictions sont imposées sur les
produits alimentaires à cause de l’embargo. D’ailleurs, les Américains
et les Britanniques vont maintenir les sanctions économiques et
l’embargo sur le pétrole qui ont valu en pertes 180 milliards de
dollars à l’Irak depuis 1990.
QUEL AVENIR POUR L’UNSCOM?
Dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 décembre, le président
Bill Clinton et le Premier ministre britannique, Tony Blair, annonçaient
la fin de l’opération “Renard du Désert” qui avait commencé
quatre jours plus tôt. Les raids se sont arrêtés pour
céder le pas à l’action diplomatique.
Premier objectif: l’avenir de l’UNSCOM. A Bagdad, on exclut tout retour
des inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement, alors que
les alliés souhaitent la reprise de leur mission.
Sur quelle base va s’établir le nouveau rapport de l’Irak avec
la communauté internationale? On parle d’un nouveau système
de contrôle qui reste à définir.
Autre question primordiale: la stabilité du régime de
Saddam Hussein. L’un des objectifs de “Desert Fox” n’était-il pas
d’ébranler son pouvoir?
Selon les diplomates occidentaux en poste à Bagdad, les frappes
n’ont, semble-t-il, pas remis en cause la stabilité du régime,
alors que les opposants irakiens estiment même que l’opération
a renforcé la position de Saddam dans le monde arabe.
APPUI POPULAIRE ARABE
Les manifestations d’appui à l’Irak dans les capitales arabes
en témoignent. La plus grande de ces manifestations a eu lieu à
Damas où l’ambassade américaine a été attaquée
par des milliers de manifestants, lesquels ont lancé des pierres
sur le bâtiment et brûlé le drapeau américain.
Les gardes ont riposté en lançant des bombes lacrymogènes.
Les forces syriennes de sécurité ont dû, même,
intervenir pour contrer la foule.
En Egypte, à la mosquée d’Al-Azhar, cinq mille fidèles
ont lancé des appels à la guerre sainte (Al-Jihad) contre
les Etats-Unis. En Cisjordanie et à Gaza, à Amman, au Liban,
à Khartoum, partout le peuple a réagi souvent au nom de l’islam
plus que de l’arabité pour dénoncer l’opération “Renard
du Désert”. On est en 1998 bien loin de l’appui accordé par
les Arabes aux Occidentaux lors de la deuxième guerre du Golfe,
huit ans auparavant.
Mais les Américano-Britanniques n’en démordent pas pour
autant. Ils se disent prêts à frapper, à tout moment,
si la nécessité s’en fait sentir. Aussi, maintiennent-ils
leurs forces en état d’alerte.