![]() Le président Nabih Berri et M. Melhem Karam (au centre) entourés du conseil exécutif |
ISRAËL FUIT LA PAIX
A l’issue de la rencontre, M. Karam a dit que le conseil de l’Ordre
avait rendu visite au président de l’Assemblée à l’occasion
du début du mois de Ramadan et des fêtes de fin d’année.
“Ce fut, précise-t-il, un tour d’horizon des problèmes de
l’heure, le Liban-Sud ayant été au centre de notre entretien.”
Et d’ajouter: “Le président Berri pense que Benjamin Netanyahu
fuit la paix et ses échéances par des élections anticipées.
Il refuse d’appli-quer, ne serait-ce qu’une partie de l’accord de Wye Plantation,
prouvant ainsi son éloignement de la paix. Cela apparaît clairement
dans tous les comportements israéliens et, surtout, dans la perpétuation
de l’agression contre le Sud.
“En ce qui concerne l’Irak, Il estime que les frappes aériennes
ont été arrêtées en raison de la colère
manifestée par les masses arabes qui affecte, non seulement les
intérêts américains mais, également, des régimes
arabes.
“La question irakienne n’a pas pris fin et pourrait rebondir sous de
nouvelles formes, d’où l’importance pour les leaders arabes d’en
prendre conscience, sinon nous nous acheminerons vers un gouffre
profond.”
QUID DE LA RÉFORME?
M. Karam poursuit: “En ce qui concerne la réforme, M. Berri
dit qu’elle a commencé en Conseil des ministres. Son mécanisme
réside dans le blocage des décrets ou dans la révision
de tous les textes régissant l’audiovisuel. C’est le critère
du succès; la réactivation des organismes de contrôle
garantira le succès de l’opération dans ce dossier qui n’a
pas été traité d’une manière saine.
“Le président Berri soutient que la réforme administrative
est liée à la réforme politique et préconise
l’adoption de “la politique de la récompense et du châtiment.”
En réponse aux questions qui lui ont été posées
sur les questions d’actualité, le président de la Chambre
a donné les précisions suivantes:
L’INTERPRÉTATION DE L’ARTICLE 53 DE
LA CONSTITUTION
“L’interprétation de l’article 53 n’a pas été
la cause de ce qui s’est produit (la récusation du président
Rafic Hariri). Un député peut citer un, deux ou trois candidats
à la présidence du Conseil et a la possibilité de
s’abstenir. Mais en cas de délégation de pouvoir de sa part,
le chef de l’Etat considère cette dernière comme un bulletin
blanc.
“Il n’y avait aucune intention d’évincer M. Hariri. Cela ne
se posait nullement par rapport au président de la République,
ni aucune autre personne, encore moins aux frères syriens qui insistaient
sur le chef du gouvernement sortant.”
M. Berri relate, ensuite, comment le président Hariri lui a
téléphoné pour le remercier d’avoir proposé
son nom et lui notifier sa décision de ne pas former le nouveau
Cabinet, en raison de la délégation de pouvoirs de trente-et-un
parlementaires.
“Je lui ai rappelé qu’il avait accepté l’appui de moins
de 83 députés, précédemment, trente-trois membres
de l’Assemblée ayant, alors, laissé au chef de l’Etat toute
latitude de désigner le président du Conseil de son choix”,
ajoute M. Berri.
M. Hariri a répondu: “Des blocs parlementaires qui avaient promis
de me soutenir, ont laissé le choix au chef de l’Etat.”
UNE QUESTION DE MENTALITÉ
Et le président du parlement d’enchaîner: “Il s’agit moins
d’une fausse interprétation de l’article 53 de la Constitution que
d’une différence flagrante de la mentalité entre les présidents
Lahoud et Hariri. Puis, celui-ci n’aurait pu constituer l’équipe
de son choix et a cru pouvoir, de cette manière, imposer sa volonté;
aussi, les choses ont-elles évolué dans un sens contraire
à celui qu’il prévoyait.
“Mes propos peuvent ne pas être du goût de certains, mais
tel est mon avis personnel.”
M. Berri affirme, ici, qu’il n’y a eu ni complot contre M. Hariri,
ni “coup d’Etat américain” ou blanc... “Est-il possible que le président
Hoss soit devenu pro-américain et le président Hariri anti-américain?
Quelle plaisanterie!”
RAPPORTS NORMAUX AVEC JOUMBLATT
A propos de ses rapports avec M. Walid Joumblatt, M. Berri les qualifie
d’excellents.
“Nous avons eu des réunions ensemble avant et après l’élection
présidentielle, au cours desquelles nous avons échangé
les vues sur les problèmes de l’heure.”
En ce qui a trait à son altercation à la Chambre au terme
du débat de confiance, avec le chef du PSP, le chef du Législatif
a émis ces réflexions: “J’ai tout simplement rappelé
que la Syrie nous avait soutenus. En conséquence, personne ne peut
menacer l’autre par le truchement de Damas.”
Interrogé sur la conception qu’il se fait de la réforme
politique, le président Berri déclare: “Elle doit commencer
par une nouvelle loi électorale et des législatives qui se
déroule-raient dans les meilleures conditions.”
LES FRAPPES AÉRIENNES CONTRE L’IRAK
Au sujet des frappes aériennes contre l’Irak, le chef du Législatif
pense qu’elles ont été déclenchées pour des
considérations d’ordre interne aux Etats-Unis. “Elles ont été
suspendues, également, à l’effet d’arrêter la vague
d’indignation qui a déferlé dans tout le monde arabe et au
sein du Conseil de Sécurité.
“Je crains que l’agression contre ce pays arabe revête d’autres
formes dont pâtirait, surtout, le peuple irakien. Aux Arabes d’entreprendre
une action commune en vue d’y faire face, car la bataille est encore à
ses débuts par rapport à l’Irak.
“Quant au Liban-Sud et aux agressions perpétuelles, dont il
est l’objet, on peut affirmer que Netanyahu se comporte de manière
à n’avoir pas à appliquer les accords conclus avec les Palestiniens,
ce qui l’incite à organiser des élections anticipées.
Ceci lui permettra de geler, une fois de plus, le processus de paix durant
un semestre au moins.”