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Petite fille choyée et joyeuse, Dany aimait beaucoup l’ambiance
des fêtes; les anniversaires et, surtout, Noël, le temps enchanté;
mais l’enchanteresse c’était la petite fille: d’elle-même,
elle tirait son pouvoir d’enchantement qu’elle partageait avec ses deux
frères. Si le talent est de sécréter son propre univers,
la petite fille, que je revois devant mes yeux, comme si c’était
hier, quel talent elle avait déjà!
Tout ce qui relève du romantisme s’est fait, dès l’adolescence,
le complice de Dany, tout ce qui aussi relève du domaine du rêve
et des fantasmes. Jusqu’à son dernier jour, la jeunesse grondait,
encore, dans son cœur.
L’échec de son mariage l’a profondément marquée.
Elle tente de se réaliser à travers son art; fuit son angoisse
et se fuit. Elle danse, chante, fait du théâtre et remporte
un grand succès. Son public l’ovationne. Elle est quand même
insatisfaite, court derrière le bonheur qui lui échappe.
Le décès de son fils unique, à l’âge de
15 ans, anéantit Dany Bustros. Plus que jamais, elle cherche un
refuge dans son art et paraît se divertir pour donner le change.
Mais il n’est rien qui ressemble plus à la désespérance
que cette angoisse sourde affleurant ses jours et ses nuits. Son visage
sourit, mais son cœur pleure.
Les moments de sa vie sont marqués par la fatalité. En
eux, se laisse connaître je ne sais quelle nécessité
préétablie, l’invisible et redoutable présence du
destin à laquelle elle est soumise et qu’elle subit obscurément:
la vie, la mort, le succès, la joie, le désespoir, Dieu et
la foi, etc... Dany vit, intensément, ses sentiments et ses obsessions.
C’est comme si elle se trouvait entre deux temps, le passé et le
présent, le jour et la nuit. Ou comme si elle oscillait entre la
réalité et le rêve, entre ce que fut sa jeunesse et
ce qu’est son présent; entre le souvenir et l’oubli à la
recherche du temps perdu, du bonheur...
Le sentiment de la fatalité et de la mort reste toujours présent
à l’arrière-plan. L’âme de Dany fuit le monde de solitude
et de fer dans lequel elle vit. Le geste fatal marque la fin.
Qu’elle dorme en paix.