LES MÈRES CÉLIBATAIRES AU LIBAN:
LE POINT AUJOURD’HUI

Violentée ou consentante, séduite ou trompée, ignorante ou consciente, il n’empêche qu’elle est mère, enceinte et célibataire.
Cette femme “qui a fait un bébé toute seule”, est toujours très mal vue dans notre société orientale. A l’heure où les Libanais se targuent de leur avant-gardisme, rien n’est prévu pour ces jeunes victimes de leur “inconduite”.
Mères d’enfants illégitimes, que leur réserve l’avenir?
Notre enquête menée dévoile l’ampleur de ce problème. L’absence de lois civiles adéquates, d’aides sociales et d’encadrement approprié à l’échelle nationale, favorise le développement de pratiques illicites.
 
LES CIRCONSTANCES FAVORISANTES
 
Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau!”; qui peut bien le prétendre? Si on est en mesure de l’affirmer à soi-même, peut-on en être sûr pour ses enfants et ses petits-enfants?
Nul n’est à l’abri. Le phénomène des mères célibataires touche, actuellement, des femmes de tout âge et toutes classes sociales. Adolescentes ou adultes, elles succombent à une maternité illégitime pour des raisons tellement complexes, intimes et diversifiées, qu’il serait inconcevable de prétendre les connaître toutes. Néanmoins, l’observation de certaines d’entre elles, liées à des circonstances communes, permet de mieux comprendre ce phénomène latent, en expansion dans notre société libanaise.
L’INCESTE
Le milieu dans lequel vivent ces futures mères y est pour beaucoup.
Les relations incestueuses sont, malheureusement, assez fréquentes, notamment les cas d’inceste père-fille.
L’absence de l’épouse pour cause de décès ou de séparation et la promiscuité dans certaines familles nombreuses favorisent le développement de telles liaisons dangereuses.
Le comportement et les fréquentations de la mère de famille jouent, également, un rôle très important. De mœurs légères, elle transmet à sa fille des habitudes et une conduite morale peu louables.

LA PROSTITUTION
La crise économique dans le pays représente un facteur déterminant lié, indirectement, au phénomène de mères célibataires. Les conditions de certains foyers touchant le seuil de pauvreté, les conduisent à pratiquer une forme de prostitution clandestine. Incitées par le père ou la mère, les jeunes filles sont encouragées à monnayer leurs charmes.
C’est le cas d’une mère de famille qui pousse ses trois filles à se plier aux exigences lubriques du propriétaire pour être exempte des frais de location.

LE VIOL
Pratiqué par un parent ou un employeur, le viol est généralement dissimulé par l’intéressée elle-même ou par sa famille.
Il revêt, néanmoins, plusieurs aspects: relations physiques imposées à une femme à son corps défendant; non-consentement d’une jeune fille naïve face à un homme adulte exerçant sur elle une violence morale et verbale; enfin, viol collectif à différencier des “coucheries” à l’intérieur de bandes de jeunes.
Nombre de viols sont même allégués a posteriori pour échapper à la culpabilité de relations sexuelles pourtant consenties.

IGNORANCE ET IMPROVISATION
L’ignorance et l’imprévoyance de certaines jeunes filles et employées de maison leur causent, également, d’énormes problèmes. Issues de milieux analphabètes ou tout simplement inconscientes, elles succombent aux avances de leurs employeurs.
A noter, toutefois, que même dans les milieux informés et universitaires, une mauvaise utilisation de contraceptifs ou l’improvisation d’une relation sexuelle survenue dans un élan incontrôlé, provoquerait l’inévitable.

AMOUR ET INTÉRÊTS
Trompées dans leur amour, bernées par les promesses de mariage de leur partenaire, elles se donnent à lui avant de détecter ses véritables desseins.
D’autres, plus calculatrices, s’arrangent pour tomber enceintes de leur partenaire. Il s’agit là de grossesses “planifiées”, où l’enfant attendu servira d’argument pour anticiper un mariage désiré.

L’ADOLESCENTE ENCEINTE
L’observation du phénomène des mères célibataires au Liban dévoile une réalité à ne pas négliger: la croissance du nombre d’adolescentes enceintes.
L’adolescence est une période critique au sens propre du terme. C’est un stade de développement extrêmement influençable et perméable aux causes de perturbations extérieures.
Les jeunes baignent, actuellement, dans une culture médiatique où la sexualité ramenée à sa dimension génitale occupe une large place. Abreuvés de tels messages initiatiques et spontanés dans leur conduite, ils se laissent aller à leurs émotions et pulsions sexuelles.
La grossesse de l’adolescente est, également, un produit de la pathologie sociale: négligence parentale, carence affective, insécurité, pauvreté, ignorance, violence.

MULTIPLES CONFIGURATIONS
A la lumière de ces différents facteurs, il est possible de regrouper ces mères-adolescentes dans trois catégories distinctes:
La première comprend des jeunes filles équilibrées, de maturité satisfaisante, ayant noué une relation stable et sérieuse pouvant déboucher sur un mariage. Cette liaison aboutit assez vite à des relations sexuelles facilitées par l’attirance mutuelle de deux êtres.
La deuxième catégorie concerne les adolescentes plutôt naïves subissant passivement et, parfois, contre leur gré, une relation sexuelle décidée et obtenue par un partenaire plus âgé.
La relation est plus ou moins occasionnelle, affectivement superficielle et destinée à satisfaire plutôt le plaisir sexuel de l’homme.
La troisième catégorie rassemble les adolescentes qui présentent des difficultés psychologiques complexes. Elles proviennent souvent de familles perturbées, désunies, incomplètes par l’absence d’un des deux parents. L’activité sexuelle de ces jeunes vivant des situations conflictuelles avec leur famille, est pratiquée dans le seul but de satisfaire des besoins émotionnels non assouvis.
En définitive, juger les adolescentes dans leur comportement sexuel ou leur poser une étiquette de déviance et de délinquance, c’est oublier que, dans la plupart des cas, le procréateur est un homme adulte pleinement responsable et informé des risques qu’il leur fait courir.

LE PÈRE
Sans la semence, il n’y aurait pas de vie. L’homme devrait être tenu responsable sur le même pied d’égalité que la femme, sinon plus.
Dans les cas d’inceste, il s’agit du propre père de la jeune fille, d’un frère aîné ou d’un oncle,...
Dans d’autres cas, le procréateur est son beau-père (ou l’amant de sa mère) qui se sent plutôt attiré par le charme de la jeune fille que par celui de sa compagne.
Un étranger, une connaissance ou un ami peut être mis en cause, s’agissant d’un homme jeune ou âgé, d’un viol ou d’un consentement réciproque, c’est toujours la jeune fille qui fera les frais de cette liaison.
En effet, quelles que soient les motivations du partenaire, le contact est souvent rompu à la découverte de la grossesse. Cet abandon est très mal vécu par l’adolescente qui croyait avoir trouvé le grand amour et une liaison durable.
Que dire, alors, si le partenaire est un homme marié et père de famille? Cette liaison l’arrange à plus d’un niveau. Le divorce étant une entreprise onéreuse et difficile à réaliser au Liban, il entretient avec des jeunes filles des relations extra-conjugales, sans pour autant mettre en péril son mariage auquel le lie souvent d’autres intérêts.
Il arrive, parfois, qu’une liaison véritablement amoureuse naisse entre deux êtres. Le jeune homme accepte pleinement ses responsabilités de père. Mais le problème se pose pour l’avenir du couple. Le jeune qui n’a pas encore assuré son avenir, est-il en mesure d’entretenir une famille? Très souvent, les parents s’opposent à ce mariage. Quel serait donc le destin de l’enfant?
 

LE SORT DU BÉBÉ ET L’AVENIR DE LA MÈRE
L’AVORTEMENT CLANDESTIN
Par peur d’être marginalisée, rejetée, montrée du doigt et par crainte du “qu’en dira-t-on”, la mère célibataire recourt souvent à l’avortement.
L’interruption volontaire de la grossesse (IVG), prohibée par la loi libanaise est, toutefois, pratiquée en secret par certains gynécologues avec le consentement implicite de l’intéressée ou de sa famille.
Or, l’avortement clandestin pratiqué dans certains milieux par des avorteurs de fortune, ne possédant pas l’équipement médical ou les compétences nécessaires, s’avère fort dangereux pour la santé de la mère. Souvent incomplet ou mal pratiqué, il s’accompagne de complications immédiates (perforation utérine, hémorragie, lacération, infection,...) nécessitant l’hospitalisation de la jeune femme et de complications tardives (rétention placentaire, crampes utérines, saignements prolongés,...) qui provoquent dans certains cas la stérilité.
Cette expérience traumatisante sur le plan psychologique est très mal vécue par de nombreuses femmes. Souvent, l’intervention se déroule dans des conditions sordides: des lieux insalubres, un climat de peur et d’angoisse où la dignité de la femme est ignorée et carrément bafouée.
Certains avorteurs dénués de tout scrupule exigent, parfois, de leurs clientes des faveurs sexuelles en plus de leurs honoraires.
D’autres mères célibataires recourent à l’auto-avortement. Elles absorbent des drogues abortives ou s’injectent des substances corrosives que les croyances populaires déclarent efficaces. Toutefois, la plupart de ces méthodes provoquent de graves empoisonnements, susceptibles d’entraîner leur mort sans pour autant interrompre le déroulement de leur grossesse. Les femmes soumises à un avortement ont, généralement, tendance à développer un sentiment de culpabilité et même de remord.

LA GROSSESSE À TERME
Plusieurs alternatives s’offrent à la mère qui décide de mener sa grossesse à terme.
Dans le meilleur des cas, son partenaire accepte de l’épouser bon gré, mal gré. De tels mariages sont souvent précaires, parce que décidés en dehors de tout lien affectif entre les deux jeunes gens. L’important est que le jeune père assume ses responsabilités vis-à-vis de la mère et que l’enfant ne porte pas la “tare” de l’illégitimité.
Lorsque la jeune mère n’arrive pas à se caser, elle est, selon le milieu social auquel elle appartient, hébergée dans sa famille, éloignée de son entourage, envoyée à l’étranger sous prétexte de suivre des études, chassée par ses parents ou condamnée à mort pour sauvegarder l’honneur familial.
Les mères déboussolées, ne sachant que faire de leur enfant, décident de l’abandonner. Les plus avisées le déposent à la porte d’une crèche ou d’un orphelinat. Mais combien d’enfants sont retrouvés mort de faim ou de froid, jetés dans les poubelles ou délaissés sur les trottoirs!
D’autres mères tombent dans les filets d’un réseau de vente d’enfants. Les nourrissons sont, alors, acheminés vers l’étranger en échange de sommes faramineuses (voir encadré).
Une autre option s’offre aux mères en détresse: un foyer d’hébergement reconnu par décret et accueillant, depuis 1935, les mères célibataires du Liban.
 

LE CENTRE DES SŒURS DU BON PASTEUR: ACCUEIL ET ORIENTATION
Fondée en 1829 en France par Sainte Marie Euphrasie et installée au Liban depuis 1893, la congrégation des Sœurs du Bon Pasteur perpétue, depuis 170 ans, un charisme visant à s’occuper de la fille, de la femme et de l’enfant.
En 1935, une mère célibataire, poursuivie par son père qui voulait la brûler, vient s’abriter dans la maison des Sœurs à Dekwané. C’est le premier et seul centre reconnu, officiellement, au Liban, pour l’accueil des mères célibataires. Transféré à Aïn Saadé durant la guerre, il est toujours fidèle à sa vocation initiale: orientation et réinsertion de la fille-mère dans la société.
 
 
 

ÉTAPES D’INTÉGRATION SOCIALE
Agées de 14 à 35 ans, les mères célibataires, toutes religions confondues, s’en remettent aux religieuses à leur propre initiative ou suite à la recommandation d’une assistante sociale, d’un médecin, d’un prêtre, d’un parent, d’un voisin ou même de leur compagnon.
Au cours de leur séjour au centre, variant d’une semaine à huit mois, les jeunes mères sont prises en charge par une équipe formée d’assistantes sociales, de psychologues et de religieuses.
Une aide psychologique leur est assurée dans une première étape, afin de les amener à dédramatiser leur problème, reprendre confiance en elles-mêmes et accepter leur état.
Un travail de réconciliation entre elles et leur famille est, ensuite, entamé avec leur consentement, pour apaiser les conflits causés par la grossesse. Mais dans certains cas, il est recommandé d’éviter tout contact avec la famille, de crainte que ces démarches prennent une tournure dramatique. La notion d’honneur dans certains milieux ruraux consiste, en effet, à laver l’opprobre par le sang.
Le séjour des mères célébataires est riche d’activités: travaux manuels, lecture, couture, bricolage, rédaction de mémoires d’études pour les universitaires,...
Les analphabètes sont, quant à elles, initiées à la lecture et à l’écriture.
Des rencontres éducatives réunissent tout ce petit monde deux fois par semaine, autour d’un thème, en présence d’une psychologue ou d’une religieuse, afin d’encourager l’échange et l’ouverture aux autres.

DONNER EN ADOPTION OU GARDER SON ENFANT
Le but principal du centre d’accueil est d’aider ces jeunes mères à garder leur enfant, en le faisant admettre par leur famille ou en se mariant avec le père naturel.
Si aucune de ces alternatives n’est possible, elles peuvent confier l’enfant au centre, afin d’exercer une activité professionnelle et de subvenir à leurs besoins.
L’enfant demeure au centre jusqu’à l’âge de trois ans. De 3 à 6 ans, il intègre une école en externat pour une meilleure insertion sociale. Au-delà de cet âge, il est pris en charge par la mère et sa famille.
En 1997, sur les quinze filles-mères hébergées au centre, trois d’entre elles ont opté pour l’adoption. Le centre s’occupe de toutes les formalités requises et l’adoption s’effectue sans contrepartie financière.
Cependant, de nombreuses familles demandent à régler les frais dépensés pour les soins des enfants.
Les demandes d’adoption dépassent de loin l’offre disponible. Les enfants de couleur sont, toutefois, recueillis plus volontiers par les familles étrangères.

TRAFIC D’ENFANTS ILLÉGITIMES
Des personnes bien informées et désirant garder l’anonymat, nous ont confié au cours de cette enquête que le Liban fait partie des pays impliqués dans le trafic international d’enfants. Beaucoup le savent, mais adoptent la politique de l’autruche.
Le réseau qui participe à ce trafic regroupe certains orphelinats douteux, en liaison avec une poignée d’avocats spécialisés en la matière et nombre de praticiens du corps médical, tels que gynécologues et sages-femmes.
On se demande si ces orphelinats sont reconnus par décret - loi pour accueillir les enfants abandonnés, leur obtenir un extrait de naissance et signer un désistement en vue d’assurer leur adoption.
Le trafic semble, en tout cas, très florissant puisqu’on avance des chiffres de l’ordre de 30000 à 40000 dollars par enfant.
Mais à qui sont destinés ces enfants?...

QUE PRÉVOIT LA LOI LIBANAISE?

Avocat à la cour, Me Ibrahim Najjar est professeur à la Faculté de Droit et de Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph.
Parmi ses nombreuses spécialités; le droit de la famille, des successions et des libéralités.
Interrogé au sujet des mères colibataires, Me Ibrahim Najjar précise que la loi libanaise ne prévoit pas un régime juridique propre. Les filles-mères ne sont pas unies à leur partenaire par un lien matrimonial. Or, en l’absence de mariage, elles ne peuvent jouir des obligations qui découlent de cette alliance: obligation de secours, d’entretien,... Elles sont donc dépourvues de “statut juridique.”
Pour qu’un tel statut existe, il faudrait, tout d’abord, que la loi libanaise reconnaisse la notion de famille monoparentale, c’est-à-dire d’une mère seule, non mariée, avec son ou ses enfants. Cette notion est encore loin d’être intégrée dans notre horizon juridique.
Il est vrai qu’en France les mère célibataires n’ont pas de statut juridique mais jouissent, toutefois, de prestations sociales et d’allocations financières diverses. Elles pourront, également, bénéficier du PACS (Pacte Civil de Solidarité), au cas où elles vivent en union libre avec un partenaire. Ce pacte “peut être conclu par deux personnes physiques, quel que soit leur sexe, en vue d’organiser leur vie commune”, (Titre XII, Article 515-1).
Il vise donc, à la fois, les hétérosexuels, les homosexuels, les fratries (frères et sœurs) et leur octroie, entre autres, des prestations sociales et un dégrèvement fiscal. De même, en cas de décès, le partenaire conserve son droit au logement en tant que locataire.

RECONNAISSANCE ET FILIATION
La reconnaissance volontaire de l’enfant naturel peut s’effectuer par une déclaration du père ou de la mère dans l’acte de naissance, selon les formes prévues par la loi du 7 décembre 1951 organisant l’état civil au Liban. Elle peut, également, intervenir dans un acte notarié, un testament, ou une déclaration devant une autorité de justice.
Cette reconnaissance doit intervenir durant la minorité de l’enfant, sous réserve des cas de fraude. En effet, certaines reconnaissances d’enfant, bien à propos, pourraient être destinées à profiter de leur fortune.
La mère célibataire donne son nom et sa nationalité à son enfant, si elle est la première à le  reconnaître dans les délais légaux prévus par la loi de 1951. Au cas où elle le reconnaît en même temps que son partenaire, l’enfant naturel portera le nom et la nationalité du père.
Si la mère abandonne sa progréniture et refuse de la reconnaître, l’enfant trouvé (“Lakit”), peut acquérir la nationalité libanaise, car il est à craindre qu’il reste apatride.
Il portera un nom choisi par la personne ou  l’association qui l’héberge.
 

SUCCESSION
La question de succession au Liban relève des tribunaux communautaires pour les musulmans. Les enfants naturels reconnus, volontairement ou judiciairement, recueillent chacun dans la succession de leur mère, les mêmes droits que ceux d’un enfant légitime. Il en va de même des enfants incestueux, nés d’une liaison entre deux personnes liées par une parenté faisant obstacle au mariage (exemple père-fille, frère-sœur, oncle-nièce). Ces enfants recueillent les mêmes droits que les enfants légitimes vis-à-vis de leur père et mère. Ces solutions sont tout à fait remarquables, voire exceptionnelles si on les compare à  d’autres systèmes juridiques.
Par contre, pour les non-musulmans et, plus précisément, les chrétiens, la succession est régie par la loi civile du 23 juin 1951 et relève des tribunaux civils.
Il faudrait, cependant, distinguer entre la filiation naturelle et la filiation adultérine. En effet, on peut être naturel par son père et adultérin par sa mère ou inversement. Un enfant peut même être adultérin, lorsque l’un de ses parents est encore lié par un mariage. A l’inverse, un enfant peut  devenir naturel lorsque le mariage de ses parents n’est pas valablement conclu.
L’enfant naturel hérite, en l’absence de frères légitimes, la moitié de la part qu’il aurait eue s’il était légitime. En présence de frères légitimes ou d’autres enfants illégitimes, il a droit au quart de la part qu’il aurait eue s’il était légitime.
L’enfant adultérin, quant à lui, n’a aucun droit de succession vis-à-vis de l’un ou l’autre de ses parents lié au moment de sa conception par les liens d’un mariage.
En France, par contre, l’enfant naturel simple s’appelle, dorénavant, enfant, depuis la loi du 3 juillet 1971. Il recueille les mêmes droits que l’enfant légitime.
L’enfant adultérin, promu au rang d’enfant naturel hérite, quant à lui, la moitié de la part qu’il aurait eue s’il était légitime.
*Pour de plus amples informations concernant le Liban, se référer au dossier consacré aux enfants illégitimes et abandonnés (RDL NÞ1993 du 18 au 25 avril 1998).

SOLUTIONS PRÉCONISÉES
Selon Me Najjar, dans  l’état actuel de la configuration législative libanaise, où l’organisation de la famille relève du domaine des lois communautaires, il est difficile d’imaginer l’accession de la famille monoparentale à une quelconque légitimité.
En outre, sur le plan de la solidarité sociale, il est à craindre que la fille-mère n’ait droit à aucun système de subside ou d’allocation.
La vraie solution viendra le jour où le Liban se dotera d’un régime complet de statut personnel civil facultatif, distinct des lois religieuses. Un tel régime devrait comprendre que les enfants naturels ne choisissent pas leur naissance et que les mères célibataires peuvent ne pas être sanctionnées pour une faute qu’elles auraient regrettée.

 
 
LES MÈRES CÉLIBATAIRES EN FRANCE
Etre mère célibataire en France est un fait social contemporain de plus en plus banal. Le regard de compréhension que portent les Français sur ces mères, relève d’une mentalité propre aux sociétés occidentales, celles-là mêmes qui tolèrent l’union libre, le concubinage, le concept d’enfant né hors mariage et celui de la famille monoparentale naturelle.
Il n’est plus étonnant de voir de jeunes gens s’aimer, vivre ensemble; puis, se quitter même après avoir eu un enfant.
Assimilées aux mères divorcées ou veuves (famille monoparentale), les mères célibataires bénéficient d’avantages sociaux à titre d’allocation de parent isolé (API), octroyés par la caisse d’allocations familiales (CAF).
Il s’agit d’une aide financière pré-natale s’élevant, actuellement, à 3198 francs par mois durant la période de grossesse. A la naissance du premier enfant, les mères profitent d’un montant mensuel de 4264 francs, pouvant atteindre 5330 francs à la naissance du second. Cette somme sera majorée de 1066 francs pour chaque enfant supplémentaire.
Ce montant représente le maximum de l’aide financière accordée aux mères dépourvues de toutes ressources financières.
Ces jeunes femmes jouissent, également, d’avantages fiscaux non négligeables, notamment en ce qui concerne le droit fiscal au titre de quotient familial.
En outre, elles sont prioritaires pour l’attribution d’un logement (formule HLM). Mais elles se trouvent sur le même pied d’égalité que tout autre couple, en ce qui concerne l’allocation-logement. Cette  dernière est fixée en fonction du prix du loyer et des sources de revenus.
Au cas où ces filles ne trouvent pas de logement, elles sont hébergées dans des foyers et participent, en partie, au paiement du loyer, en puisant dans les allocations offertes par la caisse d’allocations familiales.
La CAF prend en charge, également, le montant des cotisations dues par les mères célibataires à la caisse d’assurance maladie et vieillesse.
Du point de vue social, les mères célibataires mènent en France une vie tout à fait normale. Elles ne sont en aucun cas marginalisées ou rejetées. Elles fréquentent sans problème les établissements scolaires et universitaires, participent à la vie active et font valoir leurs droits à l’instar de tout autre citoyen français.
N.B.: Nous tenons à remercier le Service social du consulat général de France, en la personne de Mme Anne-Marie Macé de sa très précieuse collaboration.
 
 
 
 

CONCLUSION
Porter un jugement moral sur les mères célébataires ne résout pas un problème lié à l’évolution des sociétés actuelles: échanges de culture, évolution des idées, mixité scolaire et professionnelle,...
Ces mêmes sociétés qui encouragent à travers les médias une plus grande liberté sexuelle, redeviennent soudainement moralisatrices et répressives face aux conséquences de cette liberté.
Il s’agit donc de trouver des solutions modernes à des problèmes modernes. De bien comprendre que la femme ne peut assumer, à elle seule, le blâme de la société à son égard; qu’un enfant se fait à deux et que l’homme porte sa part de responsabilité dans cette œuvre de procréation.


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