Editorial
 
NETANYAHU, L’EXTRÉMISME ET LA TENTATIVE
DE SE JOUER DE L’HISTOIRE
Benjamin Neta-nyahu vole les feux de la rampe ou tente de le faire, par son entêtement injus-tifié et en échappant à toutes les obligations. Depuis le 29 mars 1996, date des élections anticipées qu’il s’était entendu avec Shimon Pérès à organiser, alors que le sang de Rabin n’avait pas encore séché, Netanyahu agit jusqu’aujourd’hui, ainsi que l’a écrit un journal israélien, comme un éléphant se mouvant dans une vitrine en porcelaine. L’expression n’est pas du quotidien, mais de De Gaulle. Il l’a dite à Alain Peyrefitte de la gauche gaulliste.
Netanyahu recherche un moyen de se débarrasser de sa crise, parce que sa position envers l’extrémisme est inacceptable. L’extrémisme, même par la vertu, n’est pas accepté et Netanyahu ne peut plus se modérer. De là, la conception selon laquelle il est facile aux faucons de devenir colombes et difficile aux colombes de devenir faucons, est inexacte, car il y a une différence entre le roucoulement et le cri strident.
Cependant, tous deux supposent une authenticité, les deux cris ne pouvant être factices. Et Netanyahu sent que s’il retourne d’un pas, la coalition gouvernementale volera. Les élections anticipées sont son unique échappatoire. Il ne les veut pas en tant que référendum sur sa personne, mais sur sa possibilité d’être modéré.
N’existe-t-il pas quelque chose de pareil au Liban? N’est-il pas plus facile pour le chrétien de parler à Jounieh et, au musulman, de parler à Basta et Tarik Jadidé? La difficulté réside dans leur rencontre, l’un et l’autre, sur les lignes de démarcation et de s’entretenir. A ce moment, nous verrons s’ils garderont le même langage ou bien s’ils l’assoupliront et s’en tiendront à leur devoir de vivre en commun. Même par le langage utilisé au Liban depuis 1861.
Nous devons dire avec franchise, que nous n’avons pu encore sortir de la mentalité de 1860, sauf lors de l’avènement de l’indépendance ou durant des périodes similaires. Chaque quinze ans surgit une crise provoquée par des facteurs confessionnels, que nous dépassons avec bonheur et réjouissance.
Revenons quelque peu en arrière. En 1920 a été fondé l’Etat libanais, l’Etat du premier septembre 1920. Un jour plus tôt, le 31 août 1920, deux décisions avaient été prises: la première annulant Al-Moutassarifiah instituée par le protocole de 1864 (non en 1961, comme certains le propagent) et, la seconde, créant l’Etat du Grand Liban, l’Etat du premier septembre. Ce jour-là, le musulman a dit: “Le Liban n’est pas à moi... Je vais en Syrie”. Les quatre cazas avaient été rattachés; les sandjaks de Saida, de Tripoli et la route vers le Sud, aussi. Et ce, après un dialogue entre le haut-commissaire de l’époque et le chef du gouvernement de Paris: Clemenceau à une phase et Millerand, à une autre.
Le Liban a connu sept hauts-commissaires, de 1920 à 1929, dont trois militaires et quatre civils. Les militaires, on ne perd rien à rappeler leurs noms, furent: Gouraud, Weygand et Sarrail, les civils ayant été De Jouvenel, Ponceau, de Martel et Puaux.
La modération, chez nous comme chez les autres, est un sujet ouvert. S’ils pratiquent la modération ou l’extrémisme, les Libanais le font, malheureusement, sur mesure, lorsque l’une et l’autre sont un “devoir”. Est-ce clair?
Netanyahu qui a pratiqué le jeu de l’extrémisme, a agi à tel point qu’il ne lui est plus possible de pratiquer la modération. Le vote “juif” l’a amené, non le vote sioniste ou israélien.
Après la création de l’Etat d’Israël, le rôle du sionisme a pris fin. Et l’Israélien sage, désireux de vivre en paix avec ses voisins, après avoir été accepté par eux, marche sur la voie des nouveaux sages de Sion de ce temps: de Nahoum Goldman et Bruno Kreisky, à Pierre Mendès-France, sans oublier le quatrième d’entre eux, Henri Kissinger.
Le vote “juif” a donc amené Netanyahu qui est placé, aujourd’hui, sous contrôle.
Tous craignent de se tromper du point de vue raciste; oui, raciste. Exactement, comme Hitler s’était trompé avec les juifs. Car ceux qui connaissent les histoires de la “treizième tribu”, savent parfaitement que les Kha-zars, peuplades nées dans les steppes et ayant vécu sur les civilisations de l’époque, ont embrassé le judaïsme parce qu’ils ont évité le christianisme, afin de ne pas devenir des sujets de l’empereur byzantin. De même, ils ont rejeté l’islam, pour ne pas être des sujets du calife abbasside de Bagdad. Ils n’avaient plus d’autre choix, étant de la race aryenne, que d’embrasser le judaïsme.
L’erreur d’Hitler fut qu’au nom du germanisme, l’élément distinctif à ses yeux, il a combattu le sémitisme; pourtant, le livre de la “treizième tribu” est clair à ce propos. Il assure que les Khazars se réclament de l’élément aryen dont relève, comme cela est connu, la race aryenne.
Netanyahu mène un jeu dangereux avec l’Histoire avec laquelle on ne doit pas jouer. Plus que cela, on ne peut, ni ne doit jouer sur elle.
Après Taëf, le chrétien répète ce que le musulman disait il y a soixante-dix ans: “Le Liban n’est pas à moi”. Soixante-dix ans après, les rôles ont été inversés.
En vérité, tous deux ont tort, car le Liban leur appartient ensemble, du Grand Liban de 1920 à 1989, jour de la naissance de la Constitution de Taëf... Des histoires successives ayant élargi les pages du livre d’Histoire. 
Photo Melhem Karam

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