AU CENTRE D’INTÉRÊT CETTE SEMAINE
LES RENCONTRES DE BKERKÉ, LA VISITE DE BACHAR ASSAD ET LA RÉUNION DE LA COMMISSION MIXTE LIBANO-SYRIENNE À BEYROUTH
LE COMPTE À REBOURS DE LA RÉFORME ADMINISTRATIVE DÉBUTERA LE MOIS PROCHAIN

L’action menée par le gouvernement depuis le vote de confiance se poursuit, marquée par le souci de la placer sous le signe de la transparence, de l’intégrité et de la compétence.

Une Israélienne regardant l’impact d’un obus du Hezbollah.
Naturellement, la mission est difficile, mais non impossible, parce que le président de la République, le chef du gouvernement et les membres du Cabinet sont déterminés à traduire dans les faits le programme dont le discours d’investiture a défini les grandes lignes, suivi de la déclaration ministérielle sur la base de laquelle le président Hoss et les ministres ont obtenu la confiance de l’Assemblée.
Ainsi, décision a été prise de convoquer la Chambre en session extraordinaire à dater du début de janvier et jusqu’à la session ordinaire du parlement. Et ce, partant du désir des gens du pouvoir d’associer le Législatif à l’étude et à la ratification des projets susceptibles de redresser la situation dans tous les domaines.
Il nous revient que le compte à rebours de la réforme administrative commencera au début de la nouvelle année, après que les organismes de contrôle auront été mis en état de s’acquitter de leur tâche, à la suite des récentes nominations. Ces organismes seront appelés à jouer leur mission au plan de la réforme. Celle-ci, conformément à ce qu’a précisé le chef de l’Etat, sera effectuée à l’abri de toute intervention ou ingérence d’ordre politique ou communautaire, pour que soit édifié l’Etat de la loi et des institutions.

CRITÈRES CONNUS
D’après des sources fiables, le Conseil des ministres prendra, avant le 15 janvier prochain, les dispositions nécessaires aux fins de débarrasser l’administration des séquelles de la “troïka”, de triste mémoire. A ce propos, il semble que la plupart des directeurs généraux actuellement en fonction, seraient démis de leurs postes, le mouvement administratif à réaliser devant être à l’image du premier train de nominations ayant placé des éléments connus pour leur compétence et leur honorabilité à la tête d’organismes aussi importants que sont le Conseil de la fonction publique et l’Inspection centrale.
En recevant les nouveaux titulaires de ces organismes, le chef de l’Etat leur a tenu ce langage: “Vous avez accédé à vos postes sans l’aide de personne, grâce à votre compétence et à votre réputation d’honorabilité. Nul n’a donc le droit d’exercer des pressions sur vous pour accomplir quelque formalité non conforme aux lois et règlements en vigueur; même pas le président de la République. Vous êtes tenus de gagner vos bureaux avant les autres fonctionnaires pour leur servir d’exemple et pour qu’ils respectent l’horaire du travail. Il me reste à vous dire que je n’accepte l’erreur de qui que ce soit.”
Il y a lieu de signaler qu’avant son départ pour La Havane, le président Nabih Berri s’est dit satisfait de la manière dont évolue la situation au plan officiel et administratif, affirmant que c’est ce qu’il souhaitait voir se réaliser sous le précédent régime. Aussi, a-t-il prédit “la naissance d’un nouveau Liban, dont la réforme donnera le coup d’envoi tant attendu.”
A la question: Ceci ne prouve-t-il pas le retour de la troïka? posée par un ancien loyaliste, les milieux proches du chef du Législatif ont répondu: “Pas du tout, il s’agit simplement d’une coopération naturelle entre les trois pouvoirs dans l’intérêt général, preuve en est que les premières nominations administra-tives et militaires ont été favorablement accueillies par tous les milieux, si l’on excepte M. Walid Joumblatt, pour une raison qui n’échappe à personne.”

LE DÉFI À RELEVER
Les cercles politico-parlementaires pensent que le grand défi que le Conseil des ministres est appelé à relever, consiste en sa capacité d’opérer une réforme radicale, destinée à assainir l’administration étatique de tant d’éléments inaptes au service qui sont autant de parasites recrutés sous l’ancien régime, pour des considérations d’ordre confessionnel ou de toute autre nature.
La classe politique qui, dans son ensemble a applaudi le discours d’investiture, est appelée à concrétiser son soutien au président Lahoud, en s’interdisant de s’immiscer dans la réforme en vue d’en entraver le processus.
Cela dit, il sied de souligner trois événements qui ont eu lieu à la fin de la semaine écoulée, ayant consisté dans la rencontre, à vingt-quatre heures d’intervalle et séparément, entre le cardinal Nasrallah Sfeir, d’une part; les chefs de l’Etat, du gouvernement et le vice-président du Conseil, ministre de l’Intérieur, d’autre part.
Le chef spirituel de la communauté maronite a fait allusion à ces visites dans sa dernière homélie dominicale. L’éminent prélat a, tout d’abord, déploré le raid israélien sur un village paisible de la Békaa (Janta) où une femme et ses six enfants ont péri. Sa Béatitude a émis l’espoir que “les dirigeants parviendront à réaliser une paix globale, juste et permanente.”

LES RENCONTRES DE BKERKÉ
Fait à signaler, le président Lahoud rencontrait le patriarche Sfeir pour la seconde fois depuis 1989, la première ayant eu lieu au temps où il était commandant en chef de l’Armée. Quant au ministre de l’Intérieur, c’était son premier tête-à-tête avec le cardinal-patriarche depuis long-temps...
Sa Béatitude n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction de la façon dont est gérée, maintenant la chose publique, tout en émettant le souhait de voir se concrétiser le programme présidentiel, soulignant tout particulièrement la nécessité d’une nouvelle loi électorale équitable, de nature à garantir une représentation nationale authen-tique.
Il va sans dire que le ministre de l’Intérieur a repris le chemin de Bkerké après une rupture qui s’est prolongée durant plusieurs années - pratiquement tout au long du précédent régime - à la demande expresse du chef de l’Etat, afin d’informer Mgr Sfeir des projets en cours d’élaboration, portant, notamment, sur la naturalisation, la loi électorale, la décentralisation administrative et les municipalités.
En quittant le siège patriarcal maronite, M. Murr a déclaré: “Bkerké est une instance nationale qu’on a intérêt à consulter”, en niant toute “froideur” dans ses relations personnelles avec le chef spirituel des maronites.
Quant au président Hoss, il a affirmé: “Les constantes du patriarche sont, également, les nôtres”, avant de prendre un double engagement: “ne pas surcharger les classes moyenne et pauvre et ne permettre à personne d’attenter aux libertés publiques tant que nous serons au pouvoir.”

APPUI SYRIEN
Par ailleurs, on ne peut passer sous silence la visite que le Dr Bachar Assad a faite au président Hoss au Sérail, la semaine dernière, son importance étant moins dans son timing que dans son objet.
Cette visite a confirmé, s’il en est encore besoin, le soutien dont jouit le Pouvoir (libanais) à Damas. De plus, le Dr Assad s’est montré très au courant du dossier libanais, lequel était jusqu’ici confié au vice-président de la République, M. Abdel-Halim Khaddam. Il importe de relever le nombre, de moins en moins réduit, des personnalités libanaises qui se rendent sur les bords du Barada. Ceci prouve la détermination des responsables syriens à ne pas s’immiscer dans nos affaires intérieures, étant donné la confiance qu’ils placent dans la personne du chef de l’Etat.
Il nous revient, à ce propos, que le Conseil supérieur libano-syrien pourrait tenir, incessamment - probablement le mois prochain - sa session annuelle. Au préalable, le président Salim Hoss aura rendu la visite que son homologue syrien, M. Mahmoud el-Zohbi lui a faite cette semaine à Beyrouth.
Le chef du gouvernement a considéré la présence au Liban du Dr Bachar Assad, comme une nouvelle preuve de la détermina-tion de la Syrie à se tenir aux côtés du Liban, face à l’agression quasi-quotidienne d’Israël.

LA SITUATION AU LIBAN-SUD LA SITUATION AU LIBAN-SUD
A ce sujet, les responsables accordent l’attention qu’elle mérite à la situation au Liban-Sud. En effet, ils prennent les mesures requises sur le terrain et intensifient l’action diplomatique aux fins de prévenir toute opération d’envergure dans la zone frontalière que Netanyahu serait tenté d’entreprendre dans le cadre de la campagne en prévision des élections anticipées... D’autant que l’Armée du Liban-Sud a procédé, ces derniers jours, à un redéploiement de ses effectifs dans le secteur de Kfarfalous, sans qu’on connaisse le mobile et le but de cette opération.
La situation dans la partie méridionale du pays a été au centre des délibérations du dernier Conseil des ministres, ce dernier se tenant toujours au palais de Baabda, en attendant que son nouveau siège soit réaménagé à l’immeuble de verre, place du musée.
D’autre part, le Général-Président a explicité, cette semaine, son plan destiné à assainir les finances de l’Etat et à mettre un terme au gaspillage, en affirmant que l’Etat récupèrera les fonds publics qui ont été subtilisés.”
Il l’a dit à la délégation de correspondants de la Presse arabe, en précisant que: “Les classes moyenne et pauvre ne seront plus surchargées de taxes et d’impôts”. Le chef de l’Etat a assuré que le prix de l’essence ne sera pas majoré, son relèvement pouvant se répercuter, négativement, sur le niveau de vie des citoyens, surtout ceux de condition modeste et à revenu limité.
Le président Lahoud a dit encore que le système fiscal de l’Etat doit se baser sur les impôts indirects dans une proportion de 30 pour cent, les impôts directs ne devant par excéder 70 pour cent.

NADIM El-HACHEM

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