Editorial
 
I - 1999... ET LE HULULEMENT DU HIBOU
EN PÉRIODE DE RÉJOUISSANCES
II - CASTRO ET LES QUARANTE ANS DE RÈGNE
Que dirons-nous au début de 1999?
Nous la voulons nouvelle et éclatante pour tous les gens de la terre... Elle a été pour une catégorie restreinte d’entre eux, malheureu-sement, surtout en Europe où elle s’est limitée aux nantis, heureux de fêter la naissance de l’Euro, la nouvelle monnaie européenne qui concurrence le dollar.
Il nous peine de n’avoir pu porter des centaines de millions d’êtres humains à sourire, même pour une période éphémère, alors qu’un milliard de musulmans vivent avec foi et piété le mois de Ramadan, pendant que les extrémistes dénaturent, en Algérie, tous les sens de la fête: ils multiplient les massacres, tandis que les raids anglo-américains s’acharnent contre l’Irak.
Ainsi, le désespoir et le pessimisme ont été le cachet et l’ombrelle du début de 1999. De même, après qu’Israël eut gelé l’application des accords de Wye Plantation, les durs, de part et d’autre, ont paru sur le point de déclencher une nouvelle guerre.
La situation en Afrique n’a pas été meilleure que celle du monde arabe et islamique. Au Rwanda, les Hutus et les Tutsis ont continué à s’entre-tuer, provoquant la poursuite de l’exode de centaines de milliers de civils.
En Afrique du Sud, où s’est produit la 660ème explosion l’année dernière, la veille de la célébration du Nouvel An, les responsables ont considéré que maintes banlieues africaines, comme le centre de Paris, ne sont soumis à aucune autorité ni contrôle. Ni en Angola où l’année a commencé par une attaque contre les institutions relevant des Nations-Unies, ni en Somalie, au Congo et au Soudan où on n’a enregistré ni calme, ni stabilité sécuritaire.
En Chine, de nouvelles menaces contre les libertés et la démocratie ont émergé à la surface. Le président Jiang Zemin a proclamé son souhait et son désir de récupérer Taiwan par les négociations - de préférence par le dialogue, sinon...
Toujours est-il que le début de l’année, et soyons équitables pour ne pas paraître pessimistes et taciturnes, pareils à ceux qui font entendre un hululement similaire à celui du hibou en période de réjouissance, le Nouvel An, disons-nous, a réservé certaines satisfactions. Sous les pressions de Sihanouk et de l’opinion publique, le Premier ministre cambodgien, Hun Sen a renoncé à son impossible décision et à son initiative incomplète, laissant entendre que les “Khmères rouges” pourraient être jugés un jour, sous l’inculpation de génocide.
De même, Bill Clinton et Boris Eltsine qui ont passé la pire nuit de leur mandat, ont voulu se montrer optimistes. Et au sein de l’unité européenne, l’ETA a cherché à renoncer à la violence et à ouvrir les horizons de la paix véritable.
“Les montagnes sont devant nous et je crois que nous pouvons franchir les dernières cîmes avec foi et détermination”, a proclamé David Trimble, Premier ministre d’Irlande du nord, dans un message d’amour et d’espoir.
Ainsi, 1999 est tiraillée entre la souffrance et l’espoir, les gens gagnés par l’espérance, dont nous nous réclamons, étant soucieux de dire la vérité avec les épines qu’elle comporte, pour paraître tels que nous sommes; c’est-à-dire des gens ayant voulu être sincères et ont retourné le roucoulement des colombes à sa place dans le gosier des hiboux.
- II -
L’anniversaire de la chute du dictateur Batista, le 1er janvier 1959, s’est déroulé dans un climat difficile: un boycottage américain en vigueur depuis 1962, les conséquences de l’effondrement de l’Union soviétique, la persistance de l’embargo de la démocratie, la légalisation du dollar, la libéralisation de l’économie d’une manière timide et l’évolution du tourisme. Ajouter à cela des indices de tentatives pour sortir de la crise, augmentant les problèmes au lieu de surmonter d’anciennes difficultés.
Depuis quarante ans, Fidel Castro a pu avec ses partisans, les “barbudos” et, parmi eux, Che Guevara, renverser le dictateur Fulgencio Batista, gouverneur de Cuba, la nuit du Nouvel An. Cette nuit-là, le dictateur a annoncé sa fuite et la révolution a commencé. Dans le Tiers Monde, surtout en Amérique latine, un grand espoir est né dans la libération, la justice sociale et le mûrissement national.
La vague-choc cubaine était prometteuse d’un printemps radieux pour tous les persécutés et les réprimés dans le monde.
Ainsi et près de la plus forte nation capitaliste (l’Amérique), un petit groupe de révolutionnaires a proclamé sa détermination à faire face à la Maison-Blanche, au Pentagone et à la CIA qui exerçaient leur hégémonie sur le continent latino-américain dans son ensemble. En ce temps, un régime pareil n’avait aucune chance de survivre.
Aujourd’hui, nous voyons qu’il a pu se maintenir à l’ombre de trente-cinq ans de blocus américain, en dépit de l’effondrement de l’Union soviétique, l’allié et le grand soutien. Ce régime a survécu à neuf présidents américains qui n’ont pas épargné leurs dollars et leurs efforts pour l’affaiblir et le renverser, mus par une hystérie vengeresse contre l’île qui a osé proclamer sa souveraineté nationale.
Malgré la direction prééminente de Castro, les diables du passé réapparaissent à la surface: prostitution, corruption, absence de justice sociale, enrichissement illicite face à un peuple passionné de résistance et privé d’initiatives directes vis-à-vis des grandes décisions politiques.
L’isolement de l’Etat et ce qui s’ensuit, n’ont aucune fois facilité la démocratie des institutions, ni aidé les Cubains à préparer leur avenir avec sérénité et indépendance.
Cuba souffre; le monde le sait et grandit la lutte de Castro de quarante ans. L’île a besoin d’une grande assistance internationale et Washington s’attache avec opiniâtreté à son blocus.
En conclusion, David, le roi hébreu, continue-t-il à redouter le combattant palestinien, Goliath le géant? 
Photo Melhem Karam

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