ISRAËL CHERCHE UN CHEF TRANSCENDANT POUR LE LIBÉRER
DE SES SATANS INTERNES
Les
élections isra-éliennes restent la grande obsession pour
les électeurs, les partis et le gouverne-ment. Les lézardes
commencent à s’infiltrer dans leurs murs, tout en sapant les alliances
qui demeurent, jusqu’à nouvel avis, le garant de leur perpétuation
en tant qu’entité unifiée, sans division, ni dislocation.
Une brèche persiste entre les deux ailes laïque et religieuse.
Parler de cette lutte devient un souci pour les deux parties. Les premiers,
c’est-à-dire, les laïcs qui paraissent disposer de la grande
majorité, ont l’impression d’être cernés par l’activité
intensive, inéquitable et impitoyable déployée par
“les hommes portant des habits noirs.”
De là émergent à la surface
ces petites fragmentations traduites par le grand nombre de partis à
caractère ethnique ou religieux, combinant les deux parties
à la fois, tel le parti “Shass”, formé de “Sépharades”
fanatiques à l’extrême et d’“ultra-orthodoxes” en même
temps. “Il est partisan du nouveau système électoral qui
permet l’élection du Premier ministre au suffrage universel”, précise
le député russe, Roman Bronfiman.
En 1996, le mot de passe de son parti “Israël
Ba’ Alia” avait été retenu en tant que slogan pratique: “Vous
devez choisir entre Pérès et Nétanyahu, sur base de
leur position envers le règlement sur le terrain. Autrement dit,
votez pour nos députés qui défendent vos intérêts”.
C’est l’erreur de la profonde crise idéologique des deux grands
partis, ajoutent certains observateurs. Et répètent les “travaillistes”
qui souffrent de la baisse de leur autorité, parce qu’ils n’ont
pas su satisfaire les aspirations sociales des nouveaux immigrants.
***
Le Likoud ne jouit pas d’une position meilleure:
les scandales, les manœuvres et les dissensions personnelles du Premier
ministre Nétanyahu, font apparaître le premier parti de droite,
de l’avis de beaucoup de membres, comme ayant renoncé à ses
spécificités idéologiques, tout en élargissant
ses différends avec la gauche, en acceptant la logique du processus
de paix.
Par sa rétractation une fois et son hésitation,
maintes fois, il reste un parti ayant à sa droite Nétanyahu,
qui a signé l’accord de Wye Plantation et évacué Hébron.
A sa gauche, Ehud Barak, faucon et ancien général. A tel
point, que de nombreux partisans ne distinguent pas, avec précision,
ce qui les différencie.
Avec plus de minutie, ce morcellement résulte
du séisme provoqué par les accords d’Oslo.
Auparavant, on disait: “Nous devons nous occuper
de notre sécurité” pour que se dissipent les divisions israéliennes
intérieures. Depuis Oslo, tous sont enclins à croire qu’avec
le régime d’autonomie, l’occupation se résorbera totalement,
comme l’affirme Jessica Monteil à “B. Tselem”, association israélienne
défendant les droits des Palestiniens. D’où l’échec
de la mobilisation du camp de la paix qui, à l’instar de divers
secteurs de la société israélienne, a anesthésié
en partie sa mauvaise conscience et a voulu croire, même s’il nage
à contre-courant, que le problème est en voie de solution.
Cependant, à l’exception des colons et de certains extrémistes,
il semble que tous commencent à cohabiter avec l’idée de
l’Etat palestinien.
Subitement, il est devenu difficile de tolérer
un dialogue aussi ancien qu’Israël. C’est ce que résume le
député travailliste, Shlomo Ben Ami: “Quel genre de société
voulons-nous?
“Quelle est notre
position envers le conflit opposant l’israélisme au judaïsme,
l’économie de marché à la solidarité, le pluralisme
à la division, l’entente au partage en mini-secteurs? Quel est le
béton armé avec lequel est malaxée cette société
riche aux facettes multiples, lorsque n’existe plus un ennemi commun?”
***
Seuls les religieux apportent des réponses
à ces interrogations et c’est ce qui inquiète leurs adversaires.
Partant de cette crise de formes différentes,
l’ambition des électeurs s’approfondit dans le choix de l’homme
providentiel qui réduira la facture et sera capable de libérer
Israël de ses satans internes. C’est ce qui explique le succès
d’Amon Lipkin Shahak, ancien chef d’état-major, qui réapparaît
après un profond silence et une longue éclipse pour annoncer
son entrée dans la politique et caracoler en tête des sondages.
Le fait pour les électeurs de chercher
à savoir qui sera le futur puissant Premier ministre d’Israël,
renforce la position de Shahak qui a à son actif sa qualité
d’ancien chef militaire, que souhaitent les Israéliens désireux
d’épurer et d’élire un leader connu pour sa bonne réputation
et sa droiture. C’est ce qui fait reluire l’image de la pratique politique
dans sa nouvelle définition affranchie du camouflage et de la nébulosité.
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