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![]() Bkerké n’était pas, on le sait, sur la même longueur d’ondes avec le précédent régime. Leurs rapports en dents de scie se sont souvent répercutés, négative-ment, sur la communauté maro-nite, son chef spirituel n’ayant cessé de formuler ses griefs contre le Pouvoir et de dénoncer les imperfections du systême dans ses homélies dominicales. Depuis l’élection du nouveau chef de l’Etat, le siège patriarcal a changé de ton et ses relations avec Baabda se sont stabilisées au beau fixe; un dominateur commun les rapproche: la transparence. Ainsi, pour la première fois depuis longtemps, on a vu la semaine dernière S.Em., le cardinal Sfeir gagner le palais présidentiel, accompagné de plusieurs prélats de la hiérardie, pour rendre au Général-président la visite qu’il a faite à Sa béatitude à l’occasion des fêtes de fin d’année. La rencontre s’est déroulée dans une ambiance cordiale, une parfaite concordance de vues s’étant dégagée de l’entretien qui s’est prolongé au-delà du temps prévu et a porté sur les problèmes de l’heure. Cela dit, une question se pose, tout naturellement, en marge de cette entrevue qui témoigne, s’il en est encore besoin, de la séré-nité qui caractérise le climat ac-tuel au niveau, tant de l’Autorité, que des instances spirituelles. Etant donné que le président Lahoud et le patriarche Sfeir se trouvent au même diapason, ne serait-il pas opportun pour Baab-da de prendre l’initiative de réta-blir le dialogue entre Bkerké et Damas et, partant, de normaliser les relations entre les deux parties, en dissipant certains malentendus résultant de leur éloignement l’une de l’autre? Des tentatives timides avaient été effectuées dans ce but, sous l’ancien régime sans aboutir, on ne sait pour quelle raison. Vraisemblablement, ceux qui ne voyaient pas d’un bon œil le rapprochement de Bkerké de la capitale syrienne, n’épargnaient aucun effort ni moyen pour faire avorter ces tentatives. Aujourd’hui, l’atmosphère se prête à ce dialogue qui ne peut être que bénéfique. La hiérarchie maronite n’y est nullement réfractaire, surtout s’il est bien préparé et doit déboucher sur la clarification de toutes les questions litigieuses. Pour justifier la fracture ayant marqué jusqu’ici les rapports syro-maronites, M. Abdel Halim Khaddam, vice-président de la République syrienne, a dit: “La Syrie traite d’Etat à Etat”. Fort bien, mais lorsque l’Etat avec lequel elle traite, n’a pas intérêt à favoriser le dialogue avec une large fraction de son peuple et ses instances les plus représentatives, le Syrie devrait modifier sa vision des choses et sa stratégie. D’autant que cette fraction souhaite entretenir les meilleurs rapports avec Damas, sur base du respect mutuel. Malheureusement, les “an-ciens amis” de la Syrie voulaient accaparer cette amitié et l’exploi-taient dans leur propre intérêt et celui de leur coterie... Les responsables damascènes ont fini par dessiller les yeux et en voyant la vérité en face, ont donné le coup de barre salutaire. |