Pendant ce temps, le président Hariri s’est excusé de
ne pouvoir recevoir durant la fête et a gagné Ryad où
il a fêté le Fitr avec les responsables séoudiens.
Et ce, après s’être permis de hausser le ton et de s’en prendre
aux gouvernants au cours des iftars quotidiens qu’il a offerts à
Koraytem durant le mois de Ramadan.
On dit même que M. Hariri a dû se rendre à Damas,
avant de partir pour l’Arabie séoudite, pour justifier ses prises
de position virulentes contre le régime du président Lahoud
qui bénéficie, comme on sait, du soutien total du président
Assad, à qui le chef de l’Etat a présenté les vœux
à la faveur d’un entretien téléphonique.
Cela dit, les responsables ont profité du chômage du Fitr,
afin de préparer leurs dossiers, en prévision de la prochaine
réunion du Conseil des ministres prévue pour vendredi en
son nouveau siège, place du Musée national. On s’attend que
de nouveaux fonctionnaires de la première catégorie soient
mis à la disposition de la présidence du Conseil et qu’il
soit pourvu à certains postes vacants.
M. Hassan Chalak, ministre de la Réforme administrative, a affirmé
que celle-ci se poursuivra jusqu’au bout.
De son côté, le président Nabih Berri a déclaré
en recevant les personnalités et les délégations en
sa résidence de Msaileh: “L’Etat des institutions est en voie d’édification;
il a supplanté l’Etat-ferme. Le développement équilibré
sera assuré, toutes les régions sous-développées
devant retenir l’attention des gouvernants.”
En ce qui concerne le projet de budget 99, il ne sera élaboré
qu’au terme d’une évaluation minutieuse des dépenses et des
recettes du Trésor, pour pouvoir équilibrer les prévisions
budgétaires de l’année courante et, partant, réduire
le déficit du budget.
A ce propos, le président Hoss a explicité l’intention
de son gouvernement de rationaliser les dépenses, surtout dans les
domaines de la santé et des services publics, en général.
Les milieux politiques et parlementaires ne s’expliquent pas les raisons
qui incitent M. Hariri à mettre en garde le Cabinet contre “le retard
qu’il mettrait à transmettre le projet de budget à la Chambre
dans le délai constitutionnel”, alors que son équipe ministérielle
s’était abstenue de préparer la loi de finances, préférant
laisser ce soin au nouveau gouvernement...
Il a même critiqué le président Hoss, le blâmant
de parler, en permanence, de la “politique d’austérité” qu’il
se propose d’instaurer, à l’effet d’assainir les finances publiques
ne cachant pas sa crainte de ce que cette politique entraîne le blocage
des crédits destinés au financement de projets en cours de
réalisation dans le cadre de la reconstruction.
Les milieux mentionnés attribuent l’attitude de M. Hariri à
son appréhension de voir reconsidérer l’ordre des priorités,
par rapport aux projets auxquels il accorde le plus d’intérêt,
parce qu’il y va de son leadership politique, surtout dans la capitale...
Les observateurs pensent que l’ancien Premier ministre changera de
ton, de crainte que les attaques qu’il décoche contre le Sérail
se retournent contre lui à plus ou moins brève échéance.
D’autant que le président Hoss s’emploie à réfuter
les allégations de ses détracteurs, pour justifier les mesures
destinées à assainir l’administration publique.
En dépit du “rappel à l’ordre” qu’il a reçu à
Damas, le semaine dernière, l’invitant à faire bénéficier
le nouveau Cabinet du “délai de grâce”, d’aucuns présument
que M. Hariri rompra la trêve actuelle dès son retour à
Beyrouth où il jettera les bases de son action avec son allié,
Walid Joumblatt. Bien qu’ils n’aient pu attirer dans leur rang le président
Nabih Berri, MM. Hariri et Joumblatt ne désespèrent pas encore
de le compter parmi leurs alliés dans une étape ultérieure.
Le chef du Législatif qui a déjeuné à Chtaura
avant le Fitr avec le Dr Bachar Assad, fils cadet du chef de l’Etat syrien,
à la table du général Ghazi Kanaan, chef des S.R.
des forces syriennes stationnées en territoire libanais, ne manque
pas une occasion pour proclamer son appui au nouveau régime et pour
annoncer “la fin de l’Etat-ferme, sans espoir de retour.”
Le président Berri et le Dr Assad ont convenu de consolider
le front intérieur libanais, pour déjouer les plans séditieux
d’Israël et, aussi, afin de faciliter la tâche au nouveau régime
pour lui permettre de rétablir l’Etat de droit et des institutions,
auquel aspirent tous les citoyens.
Le Dr Assad avait conféré, également, avec une
délégation du Parti social national syrien qui a proclamé
son soutien au régime et au Cabinet Hoss.
Par ailleurs, le gouvernement a résolu de renforcer l’information
étatique qui s’est avérée inefficace face à
la campagne déclenchée par la néo-opposition, laquelle
insinue que les mesures administratives du “Cabinet des 16” transgressent
les lois et règlements en vigueur.
Aussi, a-t-il été décidé de mettre en relief,
avec transparence, l’action gouvernementale et les raisons amenant les
responsables à relever de leurs fonctions certains fonctionnaires,
sur base de leurs dossiers respectifs. Ces derniers sont coupables d’infractions,
d’abus ou de passe-droits, si ce n’est à leur profit personnel,
du moins au profit de leurs chefs hiérarchiques ou de personnalités
influentes ayant assuré leur recrutement dans le proche ou lointain
passé...
Partant de là, il apparaît que les opposants sont prisonniers
de leurs prises de position qui semblent devoir se retourner contre eux
comme un boomerang, après avoir eu la certitude que le gouvernement
agit sans état d’âme, car il ne s’agit pas d’un “Cabinet fantôme”,
comme se plaît à le nommer le chef du Parti socialiste progressiste.
Celui-ci n’a pu convaincre M. Hassan Nasrallah, secrétaire général
du “Hezbollah”, de rallier les opposants, comme ce fut le cas du PSNS qui
a fait volte-face - après que sa délégation eut rencontré
le Dr Bachar Assad - son chef ayant douté, au préalable,
de la justesse des mesures administratives.
En ce qui a trait à la nouvelle loi électorale qui avait
fait l’objet d’une vive controverse, doublée d’une cabale contre
le Cabinet, la tension a sensiblement baissé après que le
ministre de l’Intérieur eut laissé entendre que “son élaboration
n’est pas pour bientôt; on pourrait en reparler d’ici à six
mois”, a assuré M. Michel Murr.
En marge des tractations politiques, il y a lieu de faire état
de la visite que S.Em. le cardinal Sfeir a effectuée, la semaine
dernière, au palais de Baabda, accompagné de plusieurs prélats
qui avaient, au préalable, diffusé un communiqué réitérant
leur appui au nouveau régime et lui apportant leur soutien pour
toute mesure qu’il prendra en vue de réformer l’administration publique.
Il va sans dire qu’au cours de la visite, le dossier des personnes
déplacées a été au centre de l’échange
de vues, en plus d’autres problèmes requérant des solutions
urgentes, notamment l’enrichissement illicite, la loi sur la naturalisation
et la situation socio-économique.