ASSAD RECONDUIT  POUR UN CINQUIÈME SEPTENNAT
LES SYRIENS DU LIBAN ONT PARTICIPÉ AU SCRUTIN DANS VINGT-QUATRE BUREAUX DE VOTE

Initialement prévu pour le lundi 8 février, le référendum pour la réélection du président Hafez Assad pour un cinquième septennat, a été reporté au mercredi 10, en raison du décès du roi Hussein de Jordanie.
 
 


Les travailleurs syriens rassemblés dans les rues
de Beyrouth afin de dire “oui” à leur président.



 
 

La carte de référendum présentée par 
une Syrienne.

Hafez Assad reconduit pour un cinquième septennat.

Le plébiscite s’est déroulé dans une ambiance de liesse populaire, alors que les médias syriens rappelaient les réalisations de leur président en tous domaines; politique, économique, éducatif, social, des infrastructures...
“Voter pour Hafez Assad, c’est voter pour la dignité nationale, la solidarité arabe et pour poursuivre la lutte en vue de récupérer la terre”, titre la presse.
Pas besoin, par ailleurs, d’attendre les résultats du plébiscite qui furent proclamés le lendemain du vote par le Conseil du peuple. Pas besoin de se casser la tête pour choisir entre les présidentiables, car il n’y en avait qu’un seul, le président sortant étant candidat à sa propre succession. Les bulletins de vote étaient simples. On y avait inscrit: Approuvez-vous le candidat du Conseil du peuple, Hafez Assad pour la présidence de la République?” Il suffisait de cocher l’un des deux ronds où il était dit: “Oui j’approuve”, ou “non je n’approuve pas”.
Pour ce référendum, Mohamed Harba, ministre de l’Intérieur, avait bien précisé que toutes les dispositions avaient été prises pour que le vote se déroule dans une atmosphère de “liberté et de sécurité totale”.
A travers toute la Syrie, 11.092 bureaux de vote ont accueilli les électeurs âgés de 18 ans au minimum. D’autres bureaux  ont été ouverts dans cinquante représentations diplomatiques à l’étranger, alors qu’au Liban il y en a eu vingt-quatre à Beyrouth et dans les différentes régions du pays, afin d’accueillir les Syriens  qui y résident, estimés à plus d’un million.
Commencé à 7 heures du matin, le vote s’est prolongé jusqu’à dix heures du soir.
L’ouverture de ces bureaux de vote au Liban a suscité de multiples réactions. M. Raymond Eddé,  leader du Bloc National,  a, dans une déclaration, protesté contre cette mesure. “J’ai eu l’impression, dit-il, que la République libanaise s’était soudainement transformée en un département syrien.”
Il précise que les étrangers votent au Liban au siège de leur ambassade ou consulat, mais la Syrie a toujours refusé de créer une ambassade au Liban, afin “de proclamer, un jour, l’unité syrienne. (...) L’ouverture des bureaux de vote syriens en territoire libanais, constitue un premier pas vers cette unité.
“Le comportement de l’autorité syrienne, conclut M. Eddé, constitue une atteinte à notre indépendance et à l’intégrité de notre territoire.
“Au nom du Bloc national libanais et en mon nom personnel, je proteste. L’Histoire jugera.”
Dans sa dernière homélie dominicale, S.Em. le cardinal Sfeir a, également, critiqué l’ouverture de ces bureaux disant que, “d’après les juristes, leur installation constituait une atteinte aux lois, aux conventions internationales et à la souveraineté nationale...
“Nous sommes attachés à la souveraineté de notre pays, tout en étant soucieux de nos liens fraternels avec la Syrie. Mais la fraternité, a elle-même, des limites qu’il convient de ne pas dépasser.”
Dans les semaines ayant précédé le référendum, de nombreuses manifestations d’appui au président Assad ont eu lieu dans différentes régions syriennes, les deux les plus impressionnantes s’étant déroulées à Damas et à Alep.
On voyait, aussi, partout des portraits géants du président, des banderoles et calicots d’appui, des T-shirts portant sa photo.
Le Liban s’est mis, très fraternellement, de la partie. Des manifestations de soutien ont eu lieu à Beyrouth et dans les différents mohafazats qui ont donné l’occasion à certains de nos députés et hommes politiques de s’exercer à la “dabké” (danse folklorique libanaise).
Le président Assad est donc réélu pour un cinquième septennat. Ayant accédé à la présidence pour la première fois en 1971, il a été réélu en 1978, 1985 et 1992.
Né en 1930 à Kardaha, près de Lattaquié, il s’engage dans l’armée en 1952. Devenu général et nommé ministre, il prend, en 1970, la direction du “mouvement de redressement” et accède au pouvoir; il s’y maintient jusqu’aujourd’hui.
La Syrie, depuis son indépendance jusqu’aux années 70, avait connu une série de coups d’Etats, l’instabilité politique et des transformations du régime économique. Le président Assad y rétablit la stabilité interne. Le pays connaît, depuis quelques années, une timide mais progressive ouverture sur l’économie libérale et de marché après avoir été soumis longtemps au dirigisme économique.
Issu de la secte des alaouites qui constitue 10% du peuple syrien à majorité sunnite avec 8 à 10% de chrétiens aussi, le président Assad a gouverné le pays d’une main de fer.
L’évolution qu’a connue la Syrie au cours de ces trente dernières années, est impressionnante au plan des infrastructures et dans différents domaines: socio-économique, éducatif et, récemment, touristique.
On comprend, dès lors, que la Syrie du dernier quart du siècle se soit identifiée à son chef.
Au niveau proche-orientale, certains développements l’ont servi. Le jour où l’Egypte signe la paix avec Israël, le président syrien devient le champion de la cause arabe et palestinienne. La Jordanie signe la paix, les Palestiniens engagent le dialogue avec Israël, mais M. Assad ne fléchit pas et possède en main un atout majeur: la carte libanaise et de la résistance islamique du “Hezbollah” au Sud. Il sait se montrer à la fois souple et ferme concernant le processus de paix. Il participe à la conférence de Madrid mais sa position est inébranlable: “La terre en échange de la paix”. Dans le Golan occupé - qu’il espère récupérer - point de résistance, tel que c’est le cas au Liban-Sud. Un accord de désengagement avec Israël lui permet de préserver l’équilibre interne du pays et d’économiser de l’énergie pour s’occuper de son développement.
La plus grande épreuve fut la mort de son fils aîné Bassel qu’il préparait à sa succession. Aujourd’hui, tous ses espoirs se portent sur son fils cadet, le Dr Bachar qui fait son apprentissage du pouvoir.
A 69 ans, le président Assad figure en tête de liste parmi les grands hommes politiques du Proche-Orient. La mort du roi Hussein de Jordanie, permettra, peut-être, au président syrien de s’affirmer davantage à l’échelle régionale.
Le présent plébiscite est pour lui une confirmation de plus de sa réussite et un précieux témoignage.

NELLY HÉLOU

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