“LA CANTINE A-T-ELLE REMPLACÉ LE REPAS FAMILIAL DE MIDI?
LA NUTRITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS EN MILIEU SCOLAIRE

Les parents étant au travail, ne peuvent récupérer leur progéniture
à midi. Il ne reste aux enfants qu’à prendre leur repas à la cantine. Pourrait-on dire que celle-ci est la solution pour tranquilliser les parents quant à la qualité nutritionnelle des repas servis? Dans quelle mesure,
la mère parvient-elle à contrôler l’alimentation de son enfant?
La cantine est-elle en train de détrôner le repas familial de midi?
 
 

Beaucoup sont tentés par les frites...

 


Un bon menu, quoi de plus appétissant 
pour ces enfants?

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Le buffet offre une relative liberté de choix.

Pour une alimentation saine,
rien de mieux que les légumes du potager.
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La salade figure en tête du menu.

Les cantines scolaires font l’objet d’études de plus en plus nombreuses depuis quelques années. Nous avons mené, à ce sujet, une enquête auprès de certaines écoles. L’idée continue à se concrétiser, étant donné les facilités qu’elle assure. L’enquête menée sur la santé et l’alimentation auprès des élèves et de leurs parents, a permis de recueillir des indications intéressantes à connaître.
Une minorité ne prend ses repas ni en famille, ni au collège, se contentant d’un sandwich; une proportion non négligeable ne prend pas de repas à midi.
La baisse de cette fréquentation dans certains collèges et lycées a été analysée comme un indicateur de pauvreté. Ce phénomène s’est accentué au cours des dernières années avec la crise économique.
Le coût de la cantine varie entre 4.000 et 6.000 L.L., coût élevé pour des familles en situation précaire qui ne reçoivent pas de bourses ou d’allocations d’aide l’Etat n’ayant pas prévu de fonds pour faciliter l’accès à la restauration scolaire, ni même une aide permettant de faire face à une partie des dépenses relatives aux frais de restauration.
Parallèlement, il faut mentionner que la gratuité de la restauration n’a jamais été accordée, même à titre exceptionnel ou pour une durée limitée.
Si certains élèves ne fréquentent pas les cantines pour des raisons économiques, d’autres  ne le font pas en raison de la mauvaise qualité nutritionnelle des repas.
Du point de vue de la forme physique, les écoliers sont, généralement en bonne santé L’état nutritionnel doit faire l’objet d’une surveillance. Or, celle-ci se limite à un personnel rarement qualifié.
“Trop gras et trop riches en protéines”, telles sont les conclusions des études nutritionnelles.
De plus, dans certains établissements, une faible consommation de poissons, de légumes surtout, de fruits et de boissons sucrées et de friandises, renforce le déséquilibre nutritionnel.
Les règles de l’équilibre alimentaire et les impératifs de salubrité ne sont pas souvent pris en considération, dans le sens que les besoins alimentaires plastiques, énergétiques et catalyseurs (éléments nutritifs indispensables), ne font pas toujours partie des menus comme dans les repas pris à la maison. Il y a des apports principaux en protéines, calcium et fer, à respecter en fonction des tranches d’âge pour les enfants et les adolescents. Puis, la consommation à la maison de fruits et de produits laitiers ne peut compenser ce déséquilibre nutritionnel.
L’obésité constatée chez certains enfants, considérée, à tort, comme un signe de bonne santé plutôt que comme un facteur de risque, peut-elle trouver son origine dans les menus déséquilibrés des cantines?
Il est à noter qu’une tendance nette à la surcharge pondérale existe notamment chez les filles et les enfants âgés de 11 à 12 ans.
Une enquête parallèle menée auprès des mères de famille avait pour objectif de mettre en évidence leur attitude vis-à-vis de l’alimentation de la cantine:
“Je ne parviens plus, confie une maman, à jouer mon rôle dans l’alimentation de mon enfant, jusqu’à son adolescence. Depuis le jour où il a acquis son autonomie alimentaire, son alimentation m’échappe de plus en plus.”
Les autres facteurs de désaffection répertoriés résident dans le cadre interne de l’établissement (état des locaux, bruit, repas mal réchauffés, etc...). Les élèves ne souffrent pas de rester au collège à l’heure du repas de midi, étant donné certaines influences socio-culturelles auxquelles ils sont soumis: le repas familial et l’attention portée à l’alimentation n’ayant plus la même importance qu’autrefois.
En décrivant les schémas actuels de la consommation des aliments et des boissons, il est apparu, dans l’ensemble, que les jeunes comprennent bien les règles de base de l’hygiène alimentaire. Mais au lieu des fruits et des légumes qu’ils considèrent comme “bons pour la santé”, ils préfèrent consommer d’autres nourritures plus grasses. Le goût continue à primer, comme le souligne N. Rigal dans un article intitulé: “Vers une nouvelle approche des préférences alimentaires enfantines.”: “L’introduction et l’appropriation des aliments, écrit-il, débutent avec une phase d’hédonisation (l’aliment est apprécié pour son goût), suivie d’une phase d’analogisme sensorielle (l’aliment prend sa place dans une famille de goût). “La troisième phase est la positivation idéelle (l’aliment devient objet de représentations culturelles, en ce sens qu’il l’aide à grandir).” A l’interface de la psychologie, la publicité télévisée et tout média tiennent une place et jouent un rôle dans l’acquisition des goûts, des savoirs et des conduites alimentaires au sein de la société enfantine. La cantine a toujours constitué un endroit où tous aiment se retrouver entre copains et investissent les restaurants scolaires en tant que lieu d’échange et de reconnaissance communautaire.
Pour lui garder ce symbole, les nutritionnistes recommandent une modification des repas, un allègement des menus et un meilleur choix dans les mets servis.
Il faudrait de plus améliorer la connaissance des élèves en matière de nutrition, surtout tenter de leur faire prendre conscience des dangers d’un excès pondéral et de problèmes de santé.

ANGELA SARRAF


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