IMPEACHMENT” VERS L’ÉPILOGUE: CLINTON, INSUBMERSIBLE?

Le “smoking gun” ou l’argument dévastateur a été un rêve républicain éphémère après le déballage d’une littérature pornographique sur toute la surface de la planète.
 

Bill Clinton: 
“Beaucoup de bruit pour rien”.

 


Monica témoignant, dans un extrait 
de la cassette-vidéo présentée aux sénateurs.

 


Les sénateurs américains à la recherche
d’un compromis sur une sanction de réprimande.

 

 

 

Les cent sénateurs qui ont entamé, le 15 janvier le procès de destitution du président Clinton à la suite du vote, le 18 décembre dernier, par la Chambre des représentants, de deux chefs d’accusation de parjure et obstruction à la justice, ayant abouti à une impasse, sont désormais à la recherche d’une sanction de réprimande. Ce serait l’épilogue du procès qui se termine dans la lassitude et l’indifférence générale.
Tout au long d’une année riche en révélations fracassantes, en épisodes douloureux, parfois même dramatiques, traversée par la haine d’une minorité extrémiste républicaine qu’alimente le Conseil des citoyens conservateurs (CCC), l’image du locataire de la Maison-Blanche a été souillée, ternie au point que plus d’une fois le navire a failli sombrer avec ses hôtes, mais s’est toujours redressé avec l’extraordinaire faculté de se remettre à la barre du “Come-back Kid”.
L’atout majeur de Bill Clinton ont été ses concitoyens qui n’ont pas douté un seul instant qu’il ait menti sur la nature de ses relations avec l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche et sont restés insensibles à toutes les formes de manipulation venant du procureur Starr condamné pour sa chasse aux sorcières, des représentants et sénateurs républicains et des médias à la recherche du sensationnel.
La pression des ultras a déraillé dangereusement. Rien qu’au cours d’un week-end, un sénateur modéré, John Chafee, a reçu 2.200 e-mail anti-Clinton, tandis que le chef de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, en totalisait 9.000. Les parlementaires ont été inondés de courriers, de visites. Les journaux, les chaînes de télévision ont été pris d’assaut. Les ultras ont été jusqu’à faire du porte-à-porte. Rien n’y fit. Tout d’abord, les 67 voix nécessaires à la destitution du président étaient introuvables. Ensuite, l’opinion publique n’avait pas bronché restant au beau fixe. Le président humilié, bafoué, pris en flagrant délit de mensonge, contrit, larmoyant conservait toujours 70% d’opinions favorables.
La dernière cartouche: l’audition de trois témoins-clés de l’affaire: Monica Lewinsky ramenée encore une fois à Washington interrogée à huis clos pour la 23ème fois au “Mayflower” et dont les cinq heures d’auditions par les procureurs en présence des avocats de la Maison-Blanche n’ont révélé “ni dynamite, ni explosion”; Vernon Jordan, l’ami et confident du président, influent homme d’affaires, interrogé au Sénat le lendemain, à l’instar du conseiller en communication du président, Sidney Blumenthal qui le sera le surlendemain. Rassurés, les avocats de Clinton ont contre-attaqué et porté plainte contre Kenneth Starr accusé de fuites à la presse.
Une dernière tentative de faire comparaître Monica Lewinsky devant les sénateurs a, enfin, échoué. Ceux-ci ont visionné des extraits de sa déposition qui ont été retransmis sur les chaînes de télévision. Les révélations sont dévastatrices pour le président, se sont obstinés à affirmer les ultras, tandis que le rideau commençait à tomber sur les derniers épisodes d’un feuilleton politico-sexuel dont on ne sait pas ce que l’Histoire retiendra.
Bill Clinton, assuré d’achever son second mandat et qui s’en sortirait avec une motion de censure, a déjà conclu ce que l’on présentait comme le “procès du siècle”: “Beaucoup de bruit pour rien”.

Par Evelyne MASSOUD

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