|
II - L’ISOLEMENT DE KHATAMI... ET SON APPUI SUR LES INTELLECTUELS En principe, ces conditions ramènent les candidats à dix présidentiables comptant parmi eux, nécessairement, un certain nombre “de poids lourds politiques”: Ahmed Taleb el-Ibrahimi, Abdel-Aziz Bouteflika, anciens ministres des Affaires étrangères sous les mandats des présidents Houari Boumédienne et Chadli Bendjédid ou certaines figures historiques, tels Hussein Ait Ahmed qui jouit du soutien du Front des forces socialistes. Il nous faut prévoir, aussi, l’émergence d’un groupe d’anciens chefs du gouvernement dont le nombre n’est pas inférieur à cinq et de candidats de la gauche divisée sur elle-même, à l’instar des islamistes. Selon un sondage effectué dernièrement d’une manière officielle, Ahmed Taleb el-Ibrahimi a obtenu 24 pour cent des voix; Hussein Ait Ahmed, 18 pour cent et Abdel-Aziz Bouteflika 16 pour cent, en dépit de l’appui officiel dont ce dernier bénéficie. Un relevé de la tendance de l’opinion publique en Algérie ne donne pas une image définitive des résultats, le grand nombre de candidats étant de nature à troubler le paysage électoral, le rendant embrouillé et compliqué. De même, et c’est le plus important, on doit prendre en considération la nécessité de tenir compte des groupes excerçant leur hégémonie au sein de l’armée et qui sont agréés par le peuple algérien. Ce peuple pourrait être porté à boycotter les urnes, car ce serait un miracle que le nombre des électeurs atteigne cinquante pour cent, à l’ombre de la conjoncture et des ambiguités locales. Ceci menace de doter l’Algérie d’un président élu, lequel pourrait n’être pas mauvais. Mais il serait élu d’une manière défectueuse ne lui donnant pas une marge suffisante en vue d’une action responsable au plan populaire. - II - La révolution avec ses complexités et ses idéologies antagonistes, des marxistes aux islamistes, ne trouvait pas un grand espoir, par rapport à l’ensemble de ce peuple qui était persécuté et écrasé durant vingt-six années de tyrannie et de dictature exercées par le chah. La question qui se pose d’elle-même maintenant est la suivante: Vingt ans après, que reste-t-il de ce grand rêve? Ce qu’ont propagé les adversaires à propos de l’extrémisme du régime, du terrorisme de l’Etat envers ses détracteurs et la répression intérieure, tout cela - selon les allégations des aigris - a mis fin à ces rêves. Les huit années de guerre avec l’Irak, de 1980 à 1988, ont plongé le pays dans une situation économique dramatique dont il ne s’est pas relevé jusqu’à ce jour. Malgré cela, l’Etat islamique qui a terrorisé l’Occident et dont on disait qu’il était faible, reste cohérent, surtout après avoir été rationalisé et assagi par les précédents et les événements, les capitales occidentales le considérant comme plus apte à collaborer. Puis, que signifie ce qu’a dit la radio de la “Voix de la révolution iranienne” le 11 février 1979, trois jours après la révolution et la rébellion à Téhéran, en proclamant “la fin de 2.500 ans de domination, de chute de la dictature en Iran avec le renversement du pouvoir impérial?” Ces paroles ignorent les gloires historiques de la Perse, sans mentionner avec gratitude le prestige du temps de Cyrus, Cambyse et Darius. Kamal Kharazi, ministre iranien des Affaires étrangères, a préparé à Paris d’une manière excellente, la visite du président Mohamed Khatami. Bien que le “clergé islamique” détienne les rênes du pouvoir au nom de l’Islam, le peuple accorde une grande partie de son enthousiasme à des événements laïcs, telle la coupe mondiale de football, l’équipe nationale iranienne ayant atteint à sa finale. Ceci agite des millions d’Iraniens et d’Iraniennes, les poussant à danser dans les rues, tout en les incitant à ironiser ce qui a été rapporté dernièrement à ce sujet par l’Internet et les télévisions, à savoir “que cela constitue un danger pour la moralité, la piété et la pudeur”. Plusieurs “Cyber Cafés” ont ouvert à Téhéran auxquels affluent un grand nombre de jeunes des deux sexes. Face aux périls d’une explosion sociale, accentuée par une économie en état d’effondrement et d’anarchie, doublée d’une hausse du chômage, l’Iran vit en 1999 la guerre des clans et des petits partis. Le régime a trouvé l’ouverture traditionnelle entre les conservateurs et les réformistes. Et le président Khatami qui sent un isolement par rapport à la machine constitutionnelle, s’appuie sur les jeunes, les femmes, la Presse et les intellectuels, pour compenser la pression exercée sur lui par ses puissants adversaires. *** L’Iran qui vit une grande bataille de mutation... donnera-t-il des preuves de sa capacité d’être démocratique d’une manière complète? Telle est la question et tout réside dans la bonne réponse à lui donner. |
![]() |