Saturnale

ParMARY YAZBECK AZOURY
IMPAIR ET MANQUE
Le Liban n’a pas brillé par son absence aux obsèques du roi Hussein de Jordanie. Pire, il est  passé inaperçu! Maintenir un profil bas, dans des circonstances où tous les grands de ce monde se sont retrouvés, est une gaffe.
Mais comment cette décision a-t-elle été prise?
Qui a donc décidé de l’envoi du “Numéro Quatre” de la République?
Les ambassadeurs libanais n’ont-ils pas informé le ministère libanais des Affaires étrangères de la  composition des délégations des grands, moyens et petits pays?
Certainement, ils ont dû le faire. Alors, pourquoi cette abstention?
C’est au cours de manifestations pareilles: obsèques, mariages, festivités ou deuils que l’on obtient le plus de renseignements, en raison de la liberté dont jouissent les plus hauts personnages qui se décontractent et risquent leurs opinions personnelles.
Telle est l’une des raisons de la présence d’un Boris Eltsine et de Hafez Assad, un vieux routier de la politique, telle est peut-être la raison de la présence de nombreux autres qui ont saisi cette occasion, pour témoigner de leur estime au nouveau roi de Jordanie et s’informer du climat politique international.

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VENDETTA TRANSVERSALE
Il n’y a pas de cause sans effet, ni d’effet sans cause.
En fait de transparence promise par le gouvernement, le mouvement a été d’une opacité totale.
Quels ont été les critères retenus pour les récentes nominations?
Nul  ne le sait.
Or, en l’absence d’explications convaincantes, le contribuable a le droit de savoir pourquoi tel ambassadeur de première classe a été expédié au bout du monde, ou tel autre a reçu telle ambassade en “cadeau royal”, qu’aucun exploit diplomatique antécédent ne justifie? Le contribuable n’est pas ce “cochon de payeur? qui doit simplement accepter et obéir, plier sous le poids des taxes, accepter sans sourciller n’importe quelle décision!
Le démocratie, ce n’est pas cela. Elle ne consiste pas à abaisser l’élite vers la foule, mais bien à élever la foule vers l’élite.
La démocratie consiste à poser des questions et à recevoir des réponses à ces questions.
Or, on ne peut s’empêcher de penser que ces nominations diplomatiques ressemblent à une “vendetta transversale”.
Qu’est-ce qu’une vendetta transversale?
C’est la vengeance que l’on fait tomber sur un parent plus ou moins éloigné de l’auteur de l’offense.
On pourrait dire qu’il ne s’agit peut-être pas ici d’une “vendetta”, mais de “nomination transversale...” On nomme à un poste de choix le parent le plus proche de celui que l’on veut remercier ou que l’on veut honorer.

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LA DIPLOMATIE DOIT ÊTRE REPENSÉE
Il était plus que temps de procéder à un mouvement diplomatique. Des diplomates étaient maintenus à leur poste au-delà de dix ans; d’autres retenus à l’Administration centrale depuis plus de cinq ans!
Tous sont d’accord sur ce point.
Mais compte tenu des circonstances, on pouvait et devait faire mieux.
Tenir compte de la catégorie des diplomates. Dans tous les pays du monde, la diplomatie a une hiérarchie. Il y a des ambassadeurs de différentes classes, en titre et non en grade; des conseillers nommés ambassadeurs, des secrétaires, des attachés d’ambassade.
La première catégorie a la préséance pour le choix des postes, car dans l’affectation des diplomates, on tient compte des affinités, des penchants et des raisons familiales.
Un célibataire est plus facilement muté qu’un diplomate ayant des enfants scolarisés ou universitaires, quoique dans ce dernier cas, les étudiants peuvent plus facilement se débrouiller.
On ne transfère pas une famille de diplomates en milieu d’année. Dans certains pays, tels que la Grande-Bretagne, les Pays-Bas ou la Suisse, les diplomates savent, des mois à l’avance, où ils doivent être nommés. Ils se préparent donc en conséquence, se mettent à l’étude même rudimentaire d’une langue... Les diplomates suisses, par exemple, connaissent presque jour pour jour la durée de leur mission. Et à moins d’un cas d’une extrême gravité, d’une révolution ou d’un événement extraordinaire, ils peuvent organiser leurs vies professionnelles et familiales.
Le diplomate n’est pas un pion qu’on déplace au gré des responsables. On ne se sert pas des diplomates pour régler des comptes.
Celui-ci a le droit de choisir, à un certain degré, le lieu de son affectation.
La diplomatie ressemble davantage à un mariage harmonieux, qu’à un service militaire.
Les pays civilisés ont classé, aussi, les pays en catégories: “A”, “B” et “C”.
Un ambassadeur de première classe, peut choisir entre différents postes de la catégorie A. Le choix se fait selon ses affinités, ses conditions familiales, le climat, etc... Il lui est possible de choisir un poste de catégorie “B”... Qui peut le plus, peut le moins!
Une sorte de hiérarchie courtoise est maintenue à l’intérieur de la diplomatie.
On n’envoie pas un égyptologue en Chine, ni un sinologue en Egypte. On tient compte des différents atouts et des aptitudes. Cela sert autant le pays du diplomate et son affectation.

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EN DIPLOMATIE, TOUT EST EN NUANCE
Par ailleurs, un autre facteur est à prendre en considération: le cas de deux diplomates du même pays mariés ensemble. On essaiera de les nommer dans des pays proches, car on ne peut pas toujours les nommer, mari et femme, dans des pays où se trouvent deux représentations diplomatiques. Dans ce cas, le choix des pays sera très limité: les USA où l’on a la mission auprès de l’ONU et Washington, sans compter les consulats généraux qui, il est vrai, ne sont pas très proches les uns des autres...
A Rome où il y a l’ambassade près le Saint-Siège et celle à Rome auprès du Quirinal (Italie) ou la France (Paris-Unesco et Paris) sans compter les consulats généraux, etc...
Mais on pourra leur donner des pays proches: l’Allemagne ou la Suisse et ne pas les désigner dans des pays différents qui n’entretiennent pas d’excellentes relations. Ainsi, on ne désignera pas un diplomate à Athènes et son épouse à Ankara, ou vice-versa!


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