JAMIL CHAMMAS:
“LE GOUVERNEMENT DOIT SANCTIONNER TOUTE PERSONNE COUPABLE D’ABUS OU D’INFRACTION”
 


En tant que membre du “bloc parlementaire de Beyrouth” dont le chef est M. Rafic Hariri, M. Jamil Chammas se signale par sa position favorable au nouveau régime dont il soutient toutes les initiatives, “parce que le président Lahoud est hors de soupçon et œuvre en faveur de l’Etat des institutions”.
Aussi, adopte-t-il comme devise celle qui s’énonce de la sorte: “Ne soyez pas souple, car vous seriez pressé et ne soyez pas dur, parce que vous seriez écrasé.” Il juge particulièrement délicate l’étape présente qui exige une opération de sauvetage et le renforcement du front intérieur.

“Nous devons, dit-il, appuyer le gouvernement dans tout ce qu’il entreprend et lui prodiguer nos conseils et observations pour lui éviter les faux pas.
Invité à émettre son avis à propos du “communiqué de presse” - la “bombe”, comme certains l’ont appelée, - que le président Salim Hoss a diffusé dernièrement, provoquant des réactions dans les milieux politico-parlementaires, M. Chammas émet ces réflexions: “Il s’agit d’un message adressé à ceux qui doivent l’entendre et, en tout premier lieu, les loyalistes dont certains critiquent le Cabinet avec autant, si ce n’est plus de virulence que les opposants.
“Le président Hoss a voulu dire: J’ai été attaqué par les miens, alors qu’ils sont tenus de se regrouper autour du gouvernement et de lui apporter leur soutien. Tel que je le connais, le Premier ministre peut supporter les critiques de ses adversaires, mais non de ses alliés et amis. Or, ces derniers ont le devoir de l’épauler, alors qu’ils s’éloignent de lui et rallient ses détracteurs. Est-ce possible?”
- Pourriez-vous citer des noms et être plus explicite?
“Les noms sont connus, mais je ne voudrais citer personne, le président Hoss est seul qualifié pour le faire. Son message a bien signifié qu’il est déterminé à assumer ses responsabilités, à prendre les décisions et à tenir les promesses mentionnées dans sa déclaration ministérielle, qu’il soit critiqué par ses alliés ou ses adversaires.”
- Quel a été l’impact de la déclaration du président Hoss?
“Les critiqueurs ont changé d’attitude et se regroupent autour du chef du gouvernement, après avoir pris conscience de leur responsabilité à l’égard du pouvoir. Ils ont cessé de mettre des bâtons dans les roues du char gouvernemental.”
- En tant que membre du Bloc de Beyrouth, approuvez-vous les mesures prises par le Cabinet au plan administratif?
“J’estime que le gouvernement a bien agi et prendra d’autres mesures à plus ou moins brève échéance. “Les décisions prises dans le cadre de la réforme administrative ont produit un choc positif dans l’opinion publique. Puis, le chef de l’Etat s’est engagé à rectifier toute erreur. A mon avis, l’erreur de la part du gouvernement aurait résulté de son retard à poursuivre l’opération de la réforme.
“L’adage dit: Celui qui n’agit pas ne commet pas d’impair. Il n’y a rien donc à craindre, du moment que le pouvoir est déterminé à rectifier ou à réparer toute erreur. Cependant, j’estime que des éléments inaptes auraient dû être licenciés avant ceux qui ont été mis à la disposition de la présidence du Conseil ou licenciés. Les gens attendent l’achèvement de la réforme et espèrent qu’elle sera menée jusqu’à son terme.”
- Celle-ci est-elle menée selon l’esprit d’équité?
“L’équité est censée prévaloir dans ce domaine à cent pour cent. D’ailleurs, le président Lahoud n’admet qu’aucun citoyen, quel qu’il soit, subisse un préjudice ou soit traité injustement. “Je suis persuadé que le président Hoss ne tolèrera aucune injustice et il a eu le courage d’avouer que des erreurs ont été commises dans la première phase de la réforme, ce qui est à son avantage.”
- Qui sont les “nouveaux opposants” auxquels le chef du gouvernement a fait allusion dans sa déclaration?
“Il a voulu dénoncer les éléments ayant rallié nouvellement ses détracteurs, ces derniers menant campagne contre le Cabinet, afin de l’empêcher d’ouvrir certains dossiers compromettants et de réclamer des comptes à ceux qui y sont impliqués. “Quoi qu’il en soit, je suis avec le régime et j’appuie toutes ses initiatives, car le président Lahoud est hors de soupçon et ne peut faire l’objet de critiques. Puis, il est décidé d’appliquer le principe de la récompense et du châtiment.
“Si ce gouvernement se montrait clément à l’égard d’un fonction-naire ayant failli à ses obligations ou commis une infraction, je n’hésiterais pas à le combattre.”
- Des obstacles entravent-ils l’action du gouvernement?
“L’action gouvernementale suivra son cours et le processus de la réforme sera poursuivi jusqu’à son terme. Le régime et le gouvernement réalisent qu’ils doivent s’acquitter de leurs promesses envers le peuple qui est leur véritable soutien.”
- Quelle est votre position envers le “Bloc de la décision de Beyrouth” dont vous faites partie?
“Je me suis conformé à ses décisions en ce qui concerne les questions fondamentales. Mais malgré ma solidarité avec le bloc et partant de l’intérêt supérieur du pays, je ne peux que louer l’action du gouvernement et non le critiquer,  sauf en cas d’erreur.
“Si la décision du bloc ne va pas dans le bon sens, je définirai ma position, parce qu’il y a des lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser.”
- Que pensez-vous du nouveau régime?
“Je le soutiens sans réserve d’autant qu’une solide amitié me lie au président Hoss dont la probité et l’expérience sont indéniables.”
- Qu’en est-il de vos relations avec le président Hariri?
“Elles sont bonnes dans la mesure où il est capable de me comprendre.”
- Comment conciliez-vous entre vos relations avec les présidents Hoss, Hariri et le Pouvoir?
“Plaçant ma patrie au-dessus de tout, je crois qu’il ne doit pas y avoir de conflit entre nous, tant que nous œuvrons tous pour le bien du pays.”
- Comment évaluez-vous la politique du Pouvoir?
“Cette politique se  caractérise par la transparence, la probité et le patriotisme. Le président Lahoud travaille, inlassablement et écoute toute remarque qui lui est faite.
“Je tiens à louer l’initiative de ce régime qui, en moins de deux mois, a édifié le siège du Conseil des ministres, chose qui ne s’était pas réalisée depuis neuf ans.
“Le régime est déterminé à appliquer la loi et la Constitution et à instaurer la sécurité.”
- Qu’en est-il du projet du budget 99?
“Il sera soumis, prochainement, à l’Assemblée nationale qui le ratifiera en l’espace de deux semaines.”
- Candidats et citoyens attendent impatiemment la nouvelle loi électorale, mais certains responsables ne semblent pas pressés de l’élaborer. Qu’en dites-vous?
“La loi électorale devrait être promulguée d’ici à sept mois, afin de permettre aux candidats et aux électeurs de déterminer leurs positions. Je préconise l’équité dans le découpage des circonscriptions électorales et l’égalité des droits de tous les citoyens.”
- Tout en étant d’accord avec le régime, vous n’avez pas accordé la confiance au gouvernement. Pourquoi?
“Je me suis conformé à la décision du “Bloc de Beyrouth”. Mais cela ne veut pas dire qu’à l’avenir je ne prendrai pas de décisions personnelles.”
 
 

Propos recueillis par
Joseph Melkane

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